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Simulation parlementaire de l’U d’O à la Chambre des communes : Le manque de sérieux s’amplifie

26 janvier 2015

– Par Samuel Lafontaine –

La simulation parlementaire, organisée par l’Association étudiante des études internationales et politiques (AÉÉIP), avait lieu dans l’enceinte de la Chambre des communes du 16 au 18 janvier. Bien que l’évènement soit connu pour son côté fantaisiste, il semble que cette année le peu de sérieux de la simulation ait soulevé des questions parmi les participants.

Gabriel Vermette est étudiant à la maitrise et participait à la simulation parlementaire pour la quatrième fois. Lorsqu’on lui demande de nous décrire la simulation parlementaire, il en parle comme d’un « bon évènement social » qui ne se révèle cependant « pas vraiment éducatif » pour un étudiant en sciences politiques.

« Parfois, on travail fort sur nos projets de loi et on arrive à la simulation et ça tourne en blague », affirme-t-il.

Mais cette année, la simulation aurait atteint un tel manque de sérieux que les traducteurs de la Chambre des communes auraient fait part de leur frustration concernant le faible niveau du langage.

Sabrina Sotiriu en était à sa cinquième participation et officiait cette année à titre de présidente de la Chambre. C’est elle qui a fait part aux participants des commentaires qu’elle a reçus des traducteurs.

Mais à son avis, ce n’est pas seulement le niveau du langage mais aussi la qualité du débat qui faisait défaut cette année. « Avant, il y avait plus de préparation et cette année, ça a diminué. Chaque parti a baissé son niveau de préparation », déplore-t-elle tout en ajoutant que « le but premier c’est d’avoir du plaisir et de moins en moins d’étudiants semblent savoir que leur présence dans la Chambre est comme un privilège plutôt qu’un droit ».

À un certain moment, la situation a même dégénéré lorsqu’une étudiante de première année a dû quitter la Chambre en sanglots après avoir mal reçu les commentaires de ses camarades suite à son allocution.

Plusieurs facteurs semblent expliquer ce relâchement. Selon Taylor Brown, qui tenait le rôle de premier ministre cette année, l’exercice était loin d’être catastrophique. Cependant, il reconnait que la simulation a tendance à ne pas être sérieuse. Selon lui, cet aspect s’explique par deux raisons. D’abord, la Chambre des communes soumet chaque année une longue liste de sujets qu’elle ne veut pas que les participants abordent et ensuite, la coutume veut que chaque année les étudiants créent leurs propres formations politiques plutôt que de représenter les véritables partis fédéraux.

« Puisque l’on ne peut pas utiliser les vrais partis politiques canadiens, c’est sûr que les partis que l’on crée vont être plus ridicules, mais je crois que c’est davantage plaisant et c’est un bon exercice pour augmenter sa confiance en soi et sa capacité à s’exprimer en public », raconte Taylor.

Le PÉQ cité en exemple

Maxime Doucet-Benoit est originaire d’Ottawa et réside maintenant à Kitchener après avoir fait ses études à Montréal.

C’est à cette époque qu’il s’est impliqué avec le Parlement étudiant du Québec (PÉQ) à cinq reprises avant d’en joindre le conseil d’administration. Au PÉQ, les participants sont regroupés autour des rouges, des bleus et des journalistes afin d’éviter de reprendre les partis politiques existants et pour ne pas avoir à en créer de nouveaux chaque année.

Selon M. Doucet-Benoît, il s’agit d’une bonne chose car « vu que les deux partis [rouges et bleus] sont permanents, il se crée une sorte de partisannerie qui nous pousse à travailler sérieusement pour battre l’autre caucus ».

Les participants, par désir de gagner, ont alors tendance à suivre la procédure parlementaire de très près afin de marquer des points sur leurs adversaires de l’autre côté de la Chambre.

Une opinion avec laquelle est d’accord Mme Trottier, une ancienne députée et journaliste du PÉQ. « C’est une compétition », croit-elle.

Pour Marie-Christine, le côté sérieux de la simulation est une bonne chose car elle se révèle bien plus formatrice ainsi. « Si je n’avais pas eu le PÉQ dans ma vie, je ne ferais pas le métier que je fais aujourd’hui. [NDLR : Mme Trottier est désormais journaliste politique]. Mon patron a vraiment remarqué ma participation et le PÉQ m’a aidée avec la procédure parlementaire », ajoute-t-elle.

L’AÉÉIP ouverte au changement

Stéphane Mukunzi est président de l’AÉÉIP, l’Association étudiante en charge de l’organisation de l’évènement. S’il croit qu’il serait difficile de reprendre les vrais partis politiques fédéraux, il se montre cependant ouvert à l’idée d’utiliser des partis comme les rouges et les bleus. « Je pense ça serait intéressant de

l’essayer », affirme-t-il.

Aussi, il serait ouvert à l’idée d’inclure à la simulation un cadre plus académique, mais le plus important pour lui serait que l’étudiant qui joue le rôle de président de la Chambre puisse relire les projets de loi avant la simulation « pour voir si c’est acceptable ou non ».

Ayant lui-même participé aux quatre dernières éditions de la simulation parlementaire de l’Université, il voit une baisse du sérieux depuis quelques années mais ne considère pas que c’est une tendance irréversible, ni que cela diminue le plaisir des participants.

 

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