Crédit visuel; Andrey Gosse – directeur artistique
Par Maeve Burbridge, Cheffe du pupitre Actualités
L’activité sexuelle implique nudité et vulnérabilité mais la nudité peut rendre inconfortable quand une personne ne se sent pas bien dans son corps. La Rotonde s’est entretenue avec une sexologue pour découvrir comment avoir une vie sexuelle épanouie tout en ayant des complexes.
Laethicia Turgeon, sexologue, confirme qu’avoir une perception défavorable de son propre corps peut sérieusement nuire à la santé mentale et à la vie sexuelle de quelqu’un.
Elle souligne le lien étroit entre le corps et l’esprit qui, pour elle, sont « deux faces de la même médaille ». Elle précise que « quand on ne se sent pas bien dans sa peau ça peut se traduire en une baisse de baisers », explique Turgeon.
Source principale d’insécurité
La sexologue révèle que les complexes qui affectent la vie sexuelle touchent de manière égale les hommes que les femmes. Pour ces deux genres, le poids est, d’après Turgeon, la préoccupation qui revient le plus souvent. Pour les hommes ainsi que les femmes, la région du ventre est l’endroit sur le corps qui semble susciter une angoisse particulière.
« Quand j’étais plus jeune, j’hésitais vraiment à laisser les gars voir mon ventre parce que j’avais l’impression que le gras sur mon ventre remuait quand je bouge. Je gardais mon chandail aussi longtemps que possible ou je me déshabillais dans la noirceur », avoue une source anonyme que La Rotonde nommera Stéphanie.
Elle explique qu’avec le temps, sa peur de laisser voir son ventre s’est amoindrie en réalisant que la majorité des personnes avec qui elle avait eu des rapports sexuels avaient aussi un peu de gras sur le ventre.
Une autre source anonyme, que La Rotonde nommera Émilie, témoigne d’une situation similaire ; « je ne ressemble pas du tout à l’idéal. Je ne suis pas mince, grande, blonde. J’avais parfois le sentiment que personne ne me trouverait jolie ni désirable, en particulier parce que je me trouvais grosse », explique-t-elle.
Chez les femmes et les hommes
À part le poids, il y a certains complexes qui touchent les femmes en particulier. La source d’insécurité la plus importante chez les femmes serait « tout ce qui est en lien avec la maternité », indique Turgeon. Le corps de la femme subit plusieurs changements au cours de la grossesse et ces changements-là perdurent souvent après la grossesse. Les vergetures et les seins qui changent de forme et de taille ainsi la prise de poids en sont que quelques exemples.
Stéphanie confie qu’elle « [se] rappelle quand [sa] petite soeur est née, puis après avoir accouché, du jour au lendemain, [sa] mère parlait déjà du régime qu’elle allait faire pour perdre le poids qu’elle avait pris durant sa grossesse ». Elle partage que la société semble couvrir de honte les femmes qui portent les marques de la maternité au lieu de célébrer le « merveilleux exploit » de donner vie à un enfant.
Du côté masculin, le complexe le plus commun serait, d’après Turgeon, la taille du pénis. Il semblerait, d’après une source anonyme, que La Rotonde appellera Colin, que la minceur soit également une préoccupation importante pour la gent masculine.
« Je pense que les gars peuvent se sentir très insécures quant à leur physique s’ils sont très minces. C’était mon cas. J’avais peur de me sentir petit avec une fille parce que je suis ni grand ni très musclé », a révélé Colin.
Se sentir petit dérangeait Colin parce qu’il avait l’impression que tous les hommes étaient censés être forts, dominants et viriles. Stéréotype social qui peut endommagé la confiance de bon nombre de garçons et d’hommes, selon Colin.
D’après Turgeon, c’est complètement normal d’avoir des complexes liés au physique. Elle confie qu’en tant que sexologue « une bonne partie de ce [qu’elle] fait, c’est de rassurer les gens qu’ils sont normaux ». La sexologue affirme qu’un individu n’est pas obligé d’attendre à ce que la perception de son corps soit totalement positive pour prendre plaisir à être intime avec quelqu’un.
Pour ceux qui auraient des complexes liés au physique mais qui voudraient continuer à cultiver leur sexualité, Turgeon suggère « d’être dans le moment et apprécier le moment » en faisant un effort de ne pas trop penser à l’apparence. D’après elle, ça aide aussi d’avoir un partenaire sexuel qui est rassurant, avec lequel on se sent confortable et accepté.e.
Acceptation qui vient avec le temps
Pour Colin, Stéphanie et Émilie, le passage du temps et le changement des perspectives ont permis une meilleure acceptation de soi.
« Il y a quelques années, je voulais tellement perdre du poids. Je n’ai jamais perdu beaucoup de poids, mais je peux dire que je me sens bien dans ma peau maintenant que je suis plus mature », a expliqué Émilie.
Turgeon confirme l’idée selon laquelle on apprend à s’accepter avec le temps. D’après elle, les femmes qui sont les plus confortables dans leur sexualité seraient dans leur quarantaine.
La sexologue affirme aussi soutenir le mouvement du body positivity, qui met de l’avant une acceptation universelle du corps, peu importe son apparence physique. Elle rappelle que chacun.e devrait faire un effort pour se traiter, se parler et se voir avec compassion pour apprendre non seulement à accepter son corps, mais à l’aimer aussi.