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Sports et bien-être

Le service essentiel et le sport : synonymes ?

Crédit visuel : Noémie Calderon Tremblay

Par Noémie Calderon Tremblay – Journaliste

Du haut de ma course matinale quotidienne, j’ai réalisé que c’était vraiment pas mal d’avoir le temps de bouger ! Ah ce temps, ce fameux temps que j’ai et que toute la planète possède en ce moment… ou pas. J’étais sur le point de vous parler de mes tennis et  de comment me bouger le popotin est devenu une tergiversation de la stagnation de mon quotidien, lorsqu’une autre question est venue me tarauder : qu’est-ce que faire du sport ? Et pourquoi le métier d’infirmier.e, de mère ou père au foyer ou d’enseignant.e primaire n’ont pas encore été ajoutés aux sports de nos reportés Jeux Olympiques.

Par une liste non exhaustive, voici un rappel de ce qui est toujours permis de faire à l’heure actuelle sans risquer une amende : courir, danser (en solo), marcher rapidement, s’entraîner à la maison, faire du yoga, des Pilates, du gyrokinesis, du taï chi, du hula hoop, de la nage (si piscine), mais aussi, changer des couches et faire à dîner pendant qu’on télétravaille, soigner malade après malade avec ou sans augmentation, surveiller une classe de bambins surexcités à deux mètres de distance…

Plonger le sens littéraire

Ah, dans cette énumération, se peut-il que les derniers éléments ne correspondent pas à la définition du mot sport ?

Le 3 février dernier, Robert Frosi, un journaliste sportif, passait à Plus on est de fous, plus on lit! pour tenter de redéfinir le mot sport. Il expliquait que le mot était un terme flou qui faisait référence à beaucoup de choses et qu’il n’avait pas d’étymologie véritable.

Le guide canadien, quant à lui, recommande à ses citoyens adultes de pratiquer quotidiennement de l’activité aérobique d’intensité modérée à élevée. Plus bas sur leur site internet, il est expliqué qu’il s’agit d’une activité physique qui accélère beaucoup la fréquence cardiaque et qui fait en sorte qu’on ne puisse prononcer que quelques mots avant de devoir reprendre votre souffle.

À la lumière de ses informations, considérant l’énormité de la tâche qui est demandée au personnel soignant et à certains travailleur.e.s essentiel.le.s à l’heure actuelle, être un professeur.e ou un infirmier.e pourrait aisément s’introduire sous la définition polysémique du mot sport.

Le privilège de s’arrêter

Bon, je cesse d’être candide, le travail physique et le sport, c’est loin d’être la même chose.

D’abord parce que lorsqu’on fait du sport, on prend du temps pour soi, à moins bien sûr d’être un sportif professionnel. Bien que ça ne soit pas toujours facile physiquement, on fait le choix d’en faire pour notre santé ou pour le plaisir. On le rentre dans notre horaire d’une quelconque façon et c’est en dehors de nos heures de travail.

C’est aussi un répit pour réfléchir et penser sans devoir produire un rendement ou un résultat imposé par une norme. Bien évidemment, défi il peut y avoir ; on peut s’imposer des contraintes. Par exemple, on peut s’imposer une certaine distance ou de faire une série d’exercices régulièrement, mais tout cela reste flexible.

Travailler, selon la définition courante du terme, ça veut dire gagner sa vie ce qui implique d’être actif sur le marché du travail ou d’obtenir un revenu. Il y a peut-être plaisir, mais ça comprend aussi un certain danger ou une certaine précarité. En effet, si on ne vient pas, on risque de ne plus pouvoir revenir. Ce qui n’est heureusement pas le cas, pour un abonnement à la salle de sport ou pour un entraînement maison ; on a toujours la possibilité de s’y remettre si désir (et temps) il y a.

Si je choisis de faire du sport, ça veut dire que j’ai un espace spatio-temporel, l’énergie et l’argent pour faire autre chose que de gagner de l’argent, pour prendre une partie de mes heures éveillées à m’activer pour… moi. Le sport serait-il un lieu de référence pour évaluer notre équilibre boulot-dodo-plaisir ? Si je fais du sport, c’est que j’ai des conditions financières qui me le permettent ?!

Bref, prendre soin de soi en bougeant et travailler ne peuvent donc pas signifier la même chose, il doit y avoir une certaine liberté au premier, soit la possibilité d’en faire ou de ne pas en faire. Et que la conséquence d’un refus de s’y mettre ne soit pas par exemple, la mort de quelqu’un ou la perte de son gagne-pain. Sans oublier que lorsqu’on fait du sport, on a toujours l’impunité de respirer entre deux enjambés.

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