Quand on a dans les mains pour la première fois un magazine Guerilla, le design épuré de la page titre retient l’attention, l’absence de publicité (pour un journal « absolument gratuit ») intrigue et surtout le sous-titre suscite l’intérêt : « Guerilla : The no-bullshit magazine ». Pas de conneries, directement à l’essentiel : c’est ce que ce magasine d’art de la région d’Ottawa s’applique à faire depuis maintenant dix ans, en célébrant la culture dans son authenticité.
Comme autant de bougies, Guerilla a organisé à l’occasion de son anniversaire une série de dix événements autour de la capitale pendant dix soirs consécutifs. Intitulée GuerillaCRAWL, cette série se concentre sur la communauté, les artistes locaux et « grassroots » et regroupe des événements de tous les genres et formes artistiques.
La Rotonde s’est rendue à l’inauguration de l’exposition « K-14 » jeudi soir au studio Patrick Gordon Framing pour la première soirée de ce GuerillaCRAWL.
« K-14 » est une exposition de photographies de rue qui, selon sa description, exprime la « solitude urbaine à travers la couleur d’un film disparu ». L’exposition, très simple, est saisissante. Comme à travers l’œil du flâneur, dans ces clichés nous découvrons Ottawa à travers les petites choses, ces détails près desquels nous passons tous les jours sans jamais vraiment les regarder. Jeux de lumière, sujets anonymes : c’est plus qu’une représentation précise de la ville, c’est véritablement une ambiance que dépeint le photographe. « Ce qui est ressorti de mes photos, je m’en suis rendu compte, c’est un sentiment d’anonymat, d’isolation, qui, je pense, est assez caractéristique de la ville d’Ottawa », a confié Jonathan Lorange, créateur de l’exposition.
Lorange est en voie d’obtenir un doctorat en sciences politiques à l’Université d’Ottawa. Partenaire avec Guerilla depuis 2009, il explique qu’à son sens, il existe deux secrets pour obtenir de bons résultats en photographie : « Premièrement, il faut avoir des accès, connaître des gens, pouvoir aller où on veut. Ensuite, il faut du temps, en avoir et savoir le prendre, chose que les journalistes dans les médias traditionnels ont rarement le temps de faire. » C’est cela qui fait la particularité de sa relation de travail avec Guerilla et des photos-reportages qu’il a réalisés pour eux auparavant sur des sujets aussi divers que le mouvement Idle No More ou les maisons de prostitution.
Au sujet de ces dix jours de célébration, Tony Martins, fondateur et rédacteur en chef du magazine, confie être particulièrement fier du GuerillaCRAWL, en plus des nombreuses réalisations du magazine durant toutes ces années.L’événement, affirme-t-il en riant, a été réalisé sans le moindre budget! Toutes les expositions et performances de ces dix jours ont été organisées grâce à l’aide d’artistes et de commanditaires locaux : « C’est l’opposé des événements formels et des grandes galeries. Nous n’avons pas été du tout sélectifs et la participation à l’événement a été possible à tous ceux qui le voulaient. GuerillaCRAWL permettra de mettre en avant et de vendre les artistes locaux. »
Cette première soirée fut une petite réussite. L’exposition « K-14 » restera au studio Patrick Gordon Framing jusqu’au 19 avril. Les autres événements de GuerillaCRAWL continueront toute la semaine.