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Semaine « Tous Unis Contre le Racisme » : « Des activités qui reflètent la réalité de nos étudiants »

– Par Clémence Labasse –

Cette année se sera vu marquée par un sujet délicat, celui de la discrimination raciale. À la suite d’événements de société, comme l’assassinat de Michael Brown ou la fusillade à Chapel Hill, et après l’échec du référendum sur la création d’un Centre de ressources pour les personnes racialisées à l’Université d’Ottawa, les discussions sur le racisme sont au coeur des événements organisés par la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO).

« Il y a quelques semaines, je marchais dans la rue avec un ami, quand un groupe de cinq ou six hommes blancs, étudiants de l’Université nous ont arrêtés et encerclés, et l’un d’entre eux me dit : avec tout l’argent que tu te fais, pourquoi est-ce que tu t’achètes pas un peigne et peigne tes cheveux ». C’est par ces mots qu’Ikram Hamoud, vice-présidente aux affaires sociales de la FÉUO, a profité de la dernière Assemblée générale pour aborder le problème du racisme sur le campus, problème qu’elle estime de plus en plus flagrant.

Victime de nombreux actes et paroles discriminatoires, la vice-présidente se sera impliquée dans la lutte contre le racisme, au point d’y consacrer grand nombre d’événements. « C’est important d’avoir des activités qui reflètent la réalité de nos étudiants et de nos membres. Ils demandent à ce qu’il y ait plus d’événements et de conversations sur le racisme, il faut donc continuer à mettre en place plus d’événements du même genre, peut-être même une fois, deux fois par semaine, je ne sais pas », explique Mme Hamoud.

Mais comment est vécu le racisme au quotidien par les personnes de couleur? « Ce sont des choses qui arrivent en classe, quand un élève ou un professeur va dire quelque chose d’extrêmement déplacé et que personne ne va le pointer du doigt », explique une poète de la soirée Répondre au racisme par l’art qui a préféré rester anonyme. « Les gens pensent qu’en étant « aveugle aux couleurs » il n’y a plus de problème, mais non c’est raciste d’ignorer les différences qui peuvent exister. Ils ne comprennent pas les nuances du racisme quotidien, ou le concept de micro-agression ».

Lors de la semaine organisée par la FÉUO, « Tous Unis Contre le Racisme », des événements ouverts comme la venue de Laverne Cox auront su rassembler la foule. D’autres ateliers seront eux restés plus fermés, afin de créer des espaces sécuritaires.

Cette notion d’espace sécuritaire (ou safe space) fait toujours controverse, et ce d’autant plus après qu’en mars dernier deux étudiants blancs en journalisme se sont vus refuser l’entrée à un rassemblement du Racialized Students’ Collective de l’Université Ryerson. L’organisateur de l’événement justifiait alors sa décision en expliquant que les étudiants de couleur voulaient un espace où ils pouvaient s’exprimer librement « sans se sentir intimider ».

Mme Hamoud trouve cette réaction normale : « Dans un espace sécuritaire, on ne peut pas laisser rentrer n’importe qui. Il faut comprendre que certaines personnes reflètent certaines oppressions dans la société de par leurs privilèges, oppressions que les individus sont venus échapper dans cet espace. Si ces étudiants, journalistes ou non, avaient été des personnes de couleurs, ça aurait été acceptable ».

Pour autant, les méthodes utilisées par la Fédération pour aborder ces problèmes ne sont pas au goût de tout le monde. Une étudiante en sciences politiques racialisée qui a elle aussi préféré rester anonyme explique que « si l’intention derrière la campagne In My Skin, sensibiliser les gens et offrir à certains l’opportunité de s’exprimer sur ce qu’ils vivent, est bonne, son exécution qui divise au lieu d’unir est un frein à un dialogue qui pourrait être plus inclusif ».

Quoi qu’il en soit, la discrimination raciale est un problème indéniable sur le campus. Dans un rapport paru en 2008 intitulé « Racisme, injustice et mépris envers les étudiant(e)s à l’Université d’Ottawa », le Centre des droits étudiants de la FÉUO révélait que parmi les étudiants qui avaient consulté le Centre de recours étudiant durant l’année après des accusations de fraude scolaire, 71 % faisaient partie des minorités visibles. La Rotonde a tenté de contacter le Centre pour obtenir des données plus à jour, sans réponse.

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