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Semaine sur l’inaccessibilité : Les services demeurent insuffisants

5 octobre 2014

IMG_9860– Par Odile Romelot –

La Semaine #InaccessibleUOttawa, organisée par le Centre des étudiants ayant une incapacité (CÉI), a eu lieu la semaine dernière. Des activités se sont déroulées afin de sensibiliser l’ensemble du campus aux problèmes que rencontrent quotidiennement les étudiants, professeurs et membres du personnel ayant une incapacité visible ou invisible à l’Université d’Ottawa (U d’O).

Un projet ludique mais pratique, « les bandits de l’accessibilité » a commencé la semaine. La communauté universitaire était invitée à parcourir le campus et à signaler les endroits inaccessibles aux personnes ayant une incapacité avec une note et un tweet. Trois tweets avec le hashtag #InaccessibleUOttawa, outre ceux du CÉI, ont signalé des endroits inaccessibles.

Pour continuer la discussion d’accommodements, le CÉI a invité mardi dernier les étudiants ayant une incapacité à parler de leur vécu devant des professeurs et d’autres étudiants. Une dizaine de personnes ont témoigné sur les difficultés à obtenir des aménagements efficaces et adaptés de la part de l’Université, sans compter l’indifférence de certains professeurs qui n’hésitaient pas à remettre en question le handicap invisible, tel que des troubles de l’attention, l’anxiété ou la dépression. Lors des discussions, une étudiante a remarqué que lorsqu’elle dit souffrir d’un handicap, ses interlocuteurs ont tendance à parler plus fort et en articulant, comme si elle n’était pas capable de les comprendre. Elle l’a comparé au Moyen-Âge, où il y avait une association mentale entre handicap et débilité. Comme ont mentionné plusieurs participants, les discriminations dont les étudiants sont victimes les poussent souvent à abandonner leurs études en cours d’année, ne leur laissant alors aucun recours pour intégrer un autre programme.

De nombreuses instances d’inaccessibilité sur le campus ont été mises de l’avant. Le CÉI souligne, par exemple, que les ascenseurs du pavillon Tabaret sont inaccessibles pour les fauteuils roulants et que le Bureau international est inaccessible. La salle même de l’événement, qui lui avait été allouée, ne disposait d’aucune porte d’entrée accessible aux fauteuils roulants, ce qui a obligé les personnes concernées à demander de l’aide ou à développer d’autres techniques pour ouvrir la porte.

Le nouveau Centre des droits étudiants, ouvert en mai, offre une aide administrative et juridique aux étudiants victimes de discrimination. Ainsi, comme l’explique sa directrice Mireille Gervais, il s’agit de mettre en place « différents mécanismes administratifs afin de venir en aide aux étudiants et éviter leur abandon rétroactif suite à des discriminations ».

C’est également ce que critique Norah Dillon-Cheetham, coordinatrice du CÉI, en ajoutant que le Service d’accès, qui propose des aménagements pour les étudiants en situation de handicap, ne bénéficie pas d’un budget suffisant pour leur offrir une aide adaptée. L’Université débourse 300 000 $ par an pour l’accessibilité, soit moins que le salaire du recteur de l’Université, Allan Rock.

Mme Gervais reproche à l’Université de n’avoir aucun règlement concernant les personnes handicapées. Bien que la loi ontarienne stipule qu’un professeur est obligé de mettre en place des aménagements pour faciliter l’accès à chaque étudiant qui le demande, le défaut de règlement interne à l’U d’O conduit à des mésententes entre professeurs et étudiants. Mme Gervais a indiqué que la Faculté de droit n’accommode que rarement les étudiants handicapés, sous prétexte qu’en tant qu’avocat, les étudiants devront travailler plus de 80 heures par semaine et qu’ils en seront incapables. Elle rappelle que pas tous les diplômés de droit deviennent avocats.

Au-delà de la sensibilisation, la Semaine #Inaccessible avait pour but de promouvoir la fierté dans l’identité de « capacitisme ».

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