– Par Mathilde Marchand et Camille Lhost –
L’Association étudiante des études politiques internationales et en développement (AÉÉPID) organisaient, du 29 au 31 janvier derniers, la Semaine du développement international (SDI). Au programme, une vingtaine de conférences, projections de films, débats et questionnements sur les enjeux globaux contemporains.
La Semaine du développement international est un événement national qui vise à faire connaître à toutes et à tous les actions mises en place au Canada pour améliorer le monde qui nous entoure. Créer des liens, dynamiser les organisations non-gouvernementales et les organismes de développement, amener les citoyens à se questionner sur la situation mondiale aux niveaux écologique, économique, social ou politique, tel est l’objectif de cette semaine.
L’Université d’Ottawa (U d’O) participe depuis plusieurs années à ce projet. « L’objectif principal de nos événements était d’engager des spécialistes de certains sujets non abordés en cours, pour que les étudiants prennent conscience du développement international et de leur rôle comme citoyen mondial », explique Frank Ferris, vice-président aux affaires académiques de l’AÉÉPID.
Mobiliser les étudiants
La Semaine du développement international permet à certains clubs étudiants et à plusieurs services présents sur le campus de se faire connaître. M. Ferris précise que ces occasions les aident à « présenter leur travail dans les domaines des enjeux internationaux et à assurer de nombreux points de vue et expertises différents aux discussions. »
Le Service des engagements communautaires de l’U d’O a également participé à l’organisation d’une conférence durant la semaine. Laura Sie, coordonatrice à l’engagement communautaire, note que l’implication des services de l’Université « donne aux étudiants qui partent à l’étranger, une matière à réflexion des enjeux éthiques et sociétaux. »
Les organisateurs de la SDI souhaiteraient aussi inviter des étudiants d’autres universités, comme Queen’s, Carleton, l’Université du Québec en Outaouais (UQO) et McGill. Selon M. Ferris, « l’U d’O a présentement le programme de développement [international] le plus important du Canada avec 900 étudiants en premier cycle. » Il aimerait que l’école puisse devenir bien plus connue et augmenter encore le nombre d’étudiants qui suivent ses cours, « ce qui permettrait une discussion plus grande et avec plus d’opinions différentes. »
Pierre Beaudet, éditeur des « nouveaux cahiers du socialisme », a d’ailleurs fait une présentation sur les mouvements sociaux de résistance au néolibéralisme tels que les Carrés rouges, Idle No More, les Indignés, ou Occupy. Pour lui, tous ces mouvements, même s’ils ne sont pas linéaires, représentent « le début de quelque chose ». Il pense que la « culture de tout le monde contre tout le monde », comme il l’appelle, est progressivement remise en question, localement certes, mais aussi et surtout mondialement. Il se questionne sur la possibilité d’une « nouvelle Révolution Tranquille », et se réjouit que la « bataille des idées ait bien été enclenchée », grâce notamment aux médias sociaux, ainsi qu’aux « nouveaux intellectuels », des citoyens qui sous l’impulsion de ce mouvement, se mettent à « penser, articuler, écrire ». Pour le Professeur Beaudet, « la jeune génération doit être têtue », car il est convaincu, preuves à l’appui, que c’est « le début d’un grand mouvement ! »
Du mieux, mais il reste du travail
Plusieurs experts de renommée nationale étaient invités par l’AÉÉPID et leurs conférences ont réuni près de cent personnes. « Avec tous nos événements, nous avons plus que doublé la fréquentation et le niveau de participation de l’an dernier », poursuit M. Ferris. « Nous sommes très satisfaits en termes d’intervenants et de fréquentation et j’espère que la popularité de la SDI continuera à grandir dans les prochaines années », conclut-il.
En revanche, Maylina St-Louis, étudiante en études internationales, qui a assisté à la quasi-totalité des conférences proposées, trouve « qu’il n’y a pas assez de monde » et qu’il faudrait que l’U d’O « fasse plus de publicité » au sujet de la SDI. Mais comme l’observe Pierre Beaudet, professeur en développement international à l’U d’O, suite à sa conférence sur les carrés rouges et les mouvements de résistance au néolibéralisme, « l’abolition de l’esclavage a commencé par de petits groupes qui se réunissaient en secret, l’important n’est pas le nombre! »
Le bilinguisme: un obstacle?
Les ateliers et conférences présentés lors de la SDI étaient en français, en anglais ou bilingues. Mme Sie constate que certains participants « n’ont pas tout compris de la conférence car les panélistes parlaient dans une autre langue que la leur ». Elle est consciente que ce problème est important et réfléchit déjà à inviter un traducteur en direct l’an prochain. « Nous y avions pensé pour cette édition, mais nous n’avions pas réellement mesuré l’enjeu. »
M. Ferris souligne aussi que le principal point à améliorer pour les prochaines éditions sera l’accessibilité pour tous aux conférences. « J’aurai aimé inclure encore plus d’événements en français dans notre calendrier cette année, mais nous avons eu des difficultés à trouver un contenu pertinent. J’espère que pour la SDI 2014, nous verrons une amélioration du bilinguisme dans notre programme », explique-t-il.