Didier Pilon
Pressions morales, désobéissances civiles, manifestations… Qui pense activisme, pense habituellement à une forme de militantisme. Toutefois, pour Selali, conférencière à l’occasion de la Semaine contre le racisme de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO), l’activisme, c’est aussi prendre le temps de se coiffer, de regarder un peu de téléréalité et de se laisser tomber en amour.
« Faites le nécessaire pour vous assurer que vous vous sentez bien dans votre peau. » Cet énoncé était au cœur de la conférence de Selali, jeudi dernier au Centre universitaire. Dans un local siégeant une quinzaine d’invités, la conférence intitulée « Personalizing Activism » portait sur l’activisme du « self-care » (des soins personnels).
Intime et décontractée, l’allocution commence par un avertissement : le droit de parole des Noirs sera privilégié. « C’est un endroit pour nous », s’est exprimée la conférencière ghanéenne, « les autres ne sont que des visiteurs ».
Le discours et la discussion ont tourné autour d’une maxime familière en provenance de la deuxième vague féministe : le personnel est politique. « Prendre soin de soi, particulière en tant qu’individu qui ne devrait pas exister – puisque la suprématie blanche essaye toujours de nous faire disparaitre – est très politique. »
Le soin de soi, selon Selali, est une condition de possibilité de l’activisme au sens plus traditionnel. « Seulement lorsque je me sens bien avec qui je suis, puis-je vraiment avoir assez d’amour pour aider les autres. »
Toutefois, l’individu est confronté à un ordre social qui ne valorise pas les soins personnels : « Plusieurs des manières que nous apprenons à prendre soin de nous sont perçues de manière péjorative, comme annuler des plans à la dernière minute avec des amis, juste parce que ça ne nous tente pas. Au contraire, la seule raison qu’on devrait faire quelque chose, c’est parce que ça nous tente. L’importance de réapproprier ces modes de soin de soi, c’est d’enlever le pouvoir aux gens qui pensent que c’est négatif afin de réaffirmer notre amour de soi. »
Participation limitée
Quoiqu’une douzaine d’activités aient eu lieu à l’occasion de la Semaine contre le racisme, la participation étudiante n’était pas considérable. Depuis le début de son mandat, Vanessa Dorimain, vice-présidente aux affaires universitaires, a parlé de mettre sur pied cette initiative. Toutefois, outre les habitués et les affiliés de la FÉUO, les évènements ont vu peu de nouveaux visages.
« Nous avons choisi une pièce qui siège environ 15 personnes pour deux raisons », explique Justine De Jaegher, coordonnatrice des campagnes pour la FÉUO. « C’est le genre de pièce aisément disponible durant la semaine, mais c’est aussi pour que les ateliers complexes qu’on a organisés bénéficient d’un cadre plus intime. »
Après la Semaine de la justice reproductive et la Semaine contre le racisme, la FÉUO se prépare désormais pour la Semaine justice anti-capacitisme, du 21 au 24 mars.