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Le coût réel des cours en ligne

Crédit visuel : Archives

Par Noémie Calderon Tremblay – Journaliste

L’Université d’Ottawa (U d’O) a pris, au cours des derniers mois, de nombreuses mesures pour tenter d’accommoder les étudiant.e.s désavantagé.e.s par le confinement. Mais elles ne semblent cependant pas être suffisantes ; plusieurs étudiant.e.s manifestent leur mécontentement face au maintien des mêmes frais de scolarité pour les cours en ligne, lors des sessions de printemps et d’été 2020. Ils se demandent, entre autres, si la qualité des cours sera  la même devant un écran.

Une lettre signée par différents gouvernements étudiants reconnus a été envoyée au recteur Jacques Frémont en mai dernier, demandant notamment « à l’administration de l’Université d’Ottawa de renoncer ou de réduire les frais de scolarité pour ses programmes de premier cycle pendant le semestre de printemps / été 2020 ». 

Parmi les raisons énumérées, les conséquences financières, sociales et touchant à la santé mentale des étudiant.e.s et en particulier des populations marginalisées sont évoquées. Le fait que le passage en ligne diminue les services auxquels ont habituellement accès les étudiant.e.s sur le campus et qu’une pétition, ayant récolté pas loin de 5,250 signatures et demandant la réduction des frais de scolarité des sessions de printemps et d’automne, ont aussi appuyé cette demande.

Nicolas Rioux, étudiant à la faculté de Droit de l’U d’O, déplore par exemple le fait qu’il n’aura pas accès au campus ; il ne pourra donc pas utiliser divers services comme la bibliothèque ou encore le centre sportif, mais payera tout de même pour. L’étudiant tient cependant à préciser qu’il est favorable à la décision de l’U d’O d’offrir ses cours en ligne pendant la durée du confinement.

Ce qu’il faut savoir

L’U d’O a annoncé par courriel que « tous les cours, à quelques exceptions près, comprendront une option d’apprentissage à distance au trimestre d’automne. »

Sur son site web, il est indiqué que certains étudiant.e.s internationaux inscrits à temps plein pourront bénéficier d’une exonération partielle. Cela signifie qu’ils pourront payer les mêmes droits de scolarité que les citoyen.ne.s canadien.nes et les résident.e.s permanent.e.s pour une durée indéterminée.

Le Syndicat Étudiant de l’U d’O, pour sa part, s’est engagé dans la création d’un plan d’action pour venir en aide aux étudiant.e.s touché.e.s par le confinement et le coronavirus. Il y est cependant indiqué que l’U d’O ne compte pas baisser ses frais de scolarité pour le semestre d’automne. L’association propose alors aux étudiant.e.s qui croient que les frais de scolarité devraient être réduits de le faire savoir en envoyant un courriel à president@uottawa.ca.

Les étudiant.e.s de l’U d’O ne sont pas les seuls universitaires à faire paraître leur insatisfaction face au maintien des frais de scolarité. Selon un article de Radio-Canada, une demande d’autorisation d’exercer une action collective contre la plupart des universités québécoises a été déposée par Claudia Larose, une étudiante de l’Université Laval, le 15 mai dernier.

La demande indique que les « mesures mises en place au sein de la majorité des universités à la session d’hiver 2020 étaient insuffisantes pour leur permettre d’honorer les engagements qui les lient aux étudiant.e.s, en vertu de leur contrat universitaire. »

Les étudiant.e.s impliqué.e.s dénoncent la qualité de l’enseignement, qu’ils jugent « d’une qualité nettement inférieure à ce qu’ils étaient en droit d’obtenir et réclament une somme de 30$ pour chaque crédit universitaire. »

Les conséquences des cours en ligne

Le professeur à l’école de gestion Telfer, Tyler Chamberlin affirme quant à lui que ce qui sera le plus défavorable aux étudiant.e.s dans ce passage au virtuel, c’est la perte des espaces d’échanges.

Par ailleurs, il ajoute que sans les cours présentiels, les étudiant.e.s qui sont moins motivé.e.s seront désavantagés et verront la qualité de leur apprentissage s’amoindrir. « Ce n’est qu’une petite partie des universitaires qui peuvent étudier de façon totalement autonome », confie-t-il.

Chamberlin explique qu’en fait les cours en ligne coûtent plus cher sur le court terme, mais moins sur le long terme. 

Il dément la rumeur selon laquelle l’U d’O songeait bientôt à délaisser les cours présentiels pour passer au monde virtuel : « du moins, ça ne sera pas pour bientôt ». En effet, pour l’U d’O, le passage des cours présentiels à ceux en ligne signifie pour celle-ci l’apparition d’une compétition à l’échelle mondiale, qui ne lui serait pas assurément bénéfique, dévoile-t-il. 

En passant au virtuel, les étudiant.e.s auraient alors un plus vaste choix d’universités auxquels ils pourraient avoir accès et l’U d’O pourrait voir le nombre de ses étudiant.e.s diminuer, clarifie Chamberlin.

La crise du COVID-19 vient certainement bousculer les formations générales des universités ; il reste nombre de décisions à prendre concernant la façon dont se dérouleront les sessions à venir.

L’Université n’a pas souhaité répondre aux demandes d’information de La Rotonde concernant le fonctionnement des sessions d’automne 2020 et d’hiver 2021.

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