– Par Alexandre Millaire –
Le trio expérimental s’entretient avec La Rotonde pour nous expliquer leur projet, né de la grande toile de collaboration musicale qui s’étend des deux côtés de la rive et du simple désir de la création.
Entrer dans le monde de Scattered Clouds est tout comme mettre pied dans un film noir au paysage industriel et postapocalyptique. Le caractère morose et pesant de la musique nous présente des paysages sonores amples, rappelant Godspeed You ! Black Emperor ou encore Exhaust, tout en naviguant des structures de chanson restreintes et saisissables. Le trio de multiinstrumentistes propose un son richement texturé et ne se gêne pas quant à l’intégration d’effets électroniques. Jamie Kronick, qui offre à l’audience des rythmes éparses à la batterie et au séquenceur, appuie la guitare, le clavier et à la voix de Pierre-Luc Clément. Quant au fondateur du groupe, Philippe Charbonneau, il manie la contrebasse électrique et chante de sa voix baryton une poésie qui porte à réflexion aux besoins et désirs de la vie moderne (pensez à la chanson « Charismatic, self-indulgent, self-obsessed »). Toujours aussi moqueur, Charbonneau explique entre deux rires que « le résultat de la musique est quand même assez sérieux, dans le sens que c’est pas trop un party ». Le trio, dont la créativité prend toujours le pas sur l’accessibilité commerciale, juge parfois difficile de trouver des groupes avec qui jouer : « C’est assez intense, ce qui rend le projet assez difficile à booker ou curater […], pour l’instant on ne fit pas trop dans aucune scène, ce que moi je trouve pas mal cool. On ne tombe pas dans une mode et l’intention n’est pas ça non plus ».
Fondé en 2010, ce projet rock expérimental a depuis sorti son premier album éponyme, disponible uniquement sur cassette à leurs concerts, ainsi que le single, « People Walk », dont la noirceur accrocheuse porte à l’écoute en boucle. The First Empire, deuxième album à grand dépouillement du groupe, sera disponible dès avril 2015. L’année d’inception de l’ensemble a aussi vu la création de l’étiquette E-Tron Records par Philippe Charbonneau et Olivier Fairfield, batteur et réalisateur omniprésent dans la région qui tourne présentement avec Timber Timbre. À son actif, E-Tron compte les artistes Fet.Nat, Ferris Wheel, J’envoie, Her Harbour, et, évidemment, Scattered Clouds.
Dans le contexte du festival MEGAPHONO, le public aura droit à une rare performance en duo de Scattered Clouds avec les groupes Last Ex et Evening Hymns à l’église St-Alban’s le 3 février.