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Santé mentale : entrevue avec Marie-Pierre Daigle et Marie-Pier Vandette

Crédit visuel :  Marie-Pier Daigle

Par : Miléna Frachebois – Journaliste 

Le rapport d’évaluation des besoins en santé mentale pour les cycles supérieurs a été récemment publié. Deux chercheuses impliquées dans le projet, Marie-Pierre Daigle et Marie-Pier Vandette, répondent aux questions de La Rotonde sur le sujet.

La Rotonde (LR) : Pourriez-vous vous présenter  ? 

Marie-Pierre Daigle (MPD) : Je suis étudiante au doctorat en psychologie clinique de l’Université d’Ottawa (U d’O), co-présidente du Comité de santé mentale et membre du Groupe de travail sur la santé mentale de l’École de psychologie. 

Marie-Pier Vandette (MPV) : Je suis psychologue clinicienne, [pratique autonome par intérim], et présentement stagiaire post-doctorale au Centre de recherche et des services psychologiques de l’U d’O, co-présidente du Comité de santé mentale et membre du Groupe de travail sur la santé mentale de l’École de psychologie. 

LR : Vous sentez-vous touchée par la santé mentale ? Pensez-vous qu’il est nécessaire d’en parler ?

MPD : En tant qu’étudiante en psychologie clinique, je pense beaucoup à ces questions, que ce soit parce que c’est central à mon travail ou parce que notre programme est exigeant et nécessite que l’on prenne soin de notre santé mentale.

Je crois qu’il est nécessaire de parler de santé mentale pour normaliser le fait que tout le monde fasse face à des moments difficiles, à un moment ou à un autre.

Je crois que cela peut encourager les gens à être vulnérables, à se tourner vers leurs proches ou vers un.e thérapeute pour se sentir mieux. 

MPV : Il est définitivement important de parler de santé mentale. Plus on en parle, plus les difficultés de santé mentale seront déstigmatisées au sein de la communauté étudiante et, plus largement, de la communauté en général.

LR : Pourquoi avoir ciblé les étudiant.e.s aux études supérieures en psychologie ? 

MPD et MPV : Le thème de la santé mentale a été abordé sur plusieurs campus universitaires, mais seulement au niveau des études de premier cycle.

Il y a également peu d’articles qui ont recensé l’état de la santé mentale des étudiant.e.s aux cycles supérieurs. Or, les étudiant.e.s aux cycles supérieurs font face à des défis particuliers, que ce soit l’isolement, la charge de travail, ou encore l’âge.

Les étudiant.e.s aux cycles supérieurs en psychologie font également face à ces défis, mais ils doivent aussi faire face à un défi supplémentaire : celui de devoir utiliser des services dans une communauté à laquelle ils appartiennent. Ainsi, nous voulions savoir comment nous pourrions remédier à ce défi singulier pour aider ces étudiant.e.s. 

LR : Comment pensez-vous que le rapport d’évaluation des besoins aura un impact sur la santé mentale des étudiant.e.s aux études supérieures en psychologie, et même la communauté étudiante entière de l’U d’O ?

MPD et MPV : Nous souhaitons que le rapport d’évaluation des besoins ait un effet important sur la santé mentale des étudiant.e.s aux études supérieures en psychologie en tentant d’instaurer les différentes recommandations qui sont présentées dans le rapport et qui touchent différents piliers universitaires.

Un comité d’implémentation des recommandations a été dernièrement mis sur pied pour s’assurer justement de la mise en place des recommandations.

De plus, nous espérons que nos recommandations permettront aux étudiant.e.s d’être mieux au courant des services disponibles sur le campus et d’y avoir accès à plus long terme et à un prix abordable. […]

Nous aimerions également contrer l’isolement en offrant un espace dédié aux étudiant.e.s aux cycles supérieurs afin qu’ils puissent se rencontrer de façon informelle et briser l’isolement. Au niveau systémique, nous espérons également que la charge de travail de nos programmes soit allégée et que les exigences envers le programme soient mieux communiquées afin de réduire le stress des étudiant.e.s.  

LR : Que pensez-vous des services de santé mentale à l’Université ? Pensez-vous que de meilleurs services pourraient être offerts ? 

 MPD et MPV :  Après l’évaluation des besoins en santé mentale et une recension des services de santé mentale offerts sur le campus, nous avons constaté qu’il y en a plusieurs.

Par contre, ils ne sont pas bien connus par les étudiant.e.s, et ainsi, sont sous-utilisés. Ce qui est important c’est de promouvoir ces services de santé mentale au sein de la population étudiante.

Puisque les étudiant.e.s aux cycles supérieurs ont également peu de ressources financières pour accéder à des services à long terme, nous croyons que des fonds supplémentaires pour couvrir ces frais seraient utiles.

Depuis le début de notre travail, notre association étudiante […] a proposé que la couverture de soins psychologiques soit changée et elle est passée de 400 $ à 500 $.

LR : Avec les circonstances actuelles, l’anxiété et la distanciation sociale liée au COVID-19, pensez-vous que la santé mentale des étudiant.e.s sera affectée ? Qu’est-il possible de faire pour soulager ceux qui en souffrent ? 

MPD et MPV : La situation du COVID-19 amène certainement de l’incertitude, ce qui peut faire peur et, pour certain.e.s étudiant.e.s, augmenter l’anxiété. La distanciation sociale peut aussi augmenter l’anxiété et la dépression surtout en créant la perception d’être isolé de ce qui nous entoure.

Pour soulager ceci, plusieurs aspects peuvent être considérés ; tenter le plus possible d’avoir une routine puisque la structure et la cohérence sont importantes dans des moments de stress. Être créatif et faire des activités qui peuvent nous faire sentir bien, tels que faire un casse-tête, cuisiner un repas ou un dessert, faire du yoga ou de l’exercice, etc. Communiquer virtuellement avec ses proches peut aider à se sentir moins seul et aider à réguler les émotions négatives.

Beaucoup d’informations circulent en ce moment et il est donc important de s’assurer que les sources d’informations consommées sont crédibles. Il peut être bien aussi de limiter la consommation d’informations. Il est important d’être informé.e.s, mais trop s’informer peut aussi alimenter l’anxiété.

On ne le dira pas assez souvent qu’il est important de respecter les consignes émises par le gouvernement du Canada, Santé publique Ottawa et le Ministère de la santé de l’Ontario, dont se laver souvent les mains, éternuer dans son coude et la distanciation sociale. Ces précautions sécuritaires peuvent aussi rassurer l’individu et lui permettre d’avoir un contrôle sur la situation.

Généralement, pour soulager l’anxiété, c’est d’abord important de reconnaître les symptômes que l’étudiant.e présente et de déterminer s’ils ont des répercussions sur le fonctionnement quotidien. Si c’est le cas, une demande de services peut être effectuée pour obtenir des interventions spécifiques auprès d’un.e professionnel.le de la santé mentale.

Des façons de réguler le stress au quotidien peuvent être par exemple de faire de l’exercice, de bien s’alimenter, d’écrire ses pensées et émotions négatives dans un journal, de passer du temps avec les membres de sa famille ou ses ami.e.s, éviter la procrastination, etc.

Notes de la rédaction

Si vous vous sentez en détresse, ou ressentez le besoin d’être aidé durant cette situation unique, vous pouvez contacter une ligne de crise. La région d’Ottawa en compte quelques-unes, offertes aux résident.e.s d’Ottawa ou aux résident.e.s de partout au Canada. En voici deux :

1. 613-722-6914, Ottawa, ou 1-866-996-0991, extérieur d’Ottawa.

2. 613-260-2360, Ottawa, ou 1-877-377-7775, extérieur d’Ottawa. 

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