Par Maeve Burbridge
Les yeux rivés sur la scène et le cœur au bord du siège, le public qui assistait à la pièce Le lilas africain à la Nouvelle Scène Gilles Desjardins du 28 février au 2 mars était tenu dans un suspens à ne plus pouvoir respirer. La pièce, traitant de l’expérience d’une jeune fille durant la période d’apartheid en Afrique du Sud, est un rappel à ce qui nous unit en tant qu’humains, dans un contexte de division et d’injustice.
La pièce, originalement rédigée en anglais par Pamela Gien, a été traduite en français et jouée dans son entièreté par la comédienne Sasha Dominique. Cette dernière joue en effet tous les personnages de la pièce, soit une vingtaine. André Perrier, le metteur en scène de la pièce, explique que le texte est en fait écrit pour être joué par une seule personne. Le défi allait donc être de trouver un.e comédien.ne capable de relever un tel défi.
Dominique, quant à elle, a ressenti une connexion et attraction naturelle envers la pièce : « J’ai entendu parler de cette pièce de Pamela Gien qui était une seule comédienne interprétant les 20 personnages. Ça m’a intriguée ; je suis allée voir la pièce et ce fut un coup de foudre, autant pour la beauté et l’intérêt du texte, que pour le défi d’interprétation que cela représente pour une comédienne ».
Un défi de taille
Dominique a dû faire preuve d’une extrême concentration pour interpréter tous ces personnages, pour ne pas tomber dans le caricatural et l’irréaliste. « Il fallait trouver pour chacun d’eux un vocabulaire, une voix, un rythme de parole, une posture physique et une gestuelle particulière et reconnaissable pour que le spectateur puisse suivre facilement tous les changements de personnages », explique la comédienne.
Parmi les vingt personnages de la pièce se trouvent des personnages Noirs sud-africains, qui sont également joués par Dominique, une comédienne blanche.
« [L’auteure, qui est Blanche] a écrit sa pièce en se basant sur sa vie, et puisqu’elle est aussi comédienne, elle a décidé d’incarner à elle seule tous les personnages, peu importe qu’ils soient de nationalité Sotho, Xhosa, Afrikaner, Zulu ou de descendance britannique. J’ai donc suivi l’exemple de l’auteure et je n’ai pas reçu de critiques à cet égard », affirme Dominique.
Entre violence et émerveillement
Le personnage principal dans Le lilas africain est une jeune fille, qui grandit dans le contexte de l’apartheid. Elle se retrouve dans une position privilégiée, vu qu’elle est blanche, descendante de colonisateurs européens. Toutefois, elle ne saisit pas pourquoi certaines personnes ont plus de droits que d’autres, que seuls les Blancs ont le droit d’aller dans certains endroits et que le monde dans lequel elle vit est aussi violent. En mêlant un univers enfantin et jovial avec un contexte de violence, de racisme et d’injustices profond, Le lilas africain est une expérience « à faire rire et pleurer en même temps », d’après Liliane Durocher, qui a assisté à la pièce.
L’amour au-delà des divisions
Pour Perrier, l’histoire valait la peine d’être racontée puisque « c’est une histoire qui se répète, celle de la race qui décide de la supériorité. C’est intéressant de la raconter de la perspective d’un enfant qui essaie de comprendre pourquoi, de trouver sa place ». En voyant l’intrigue de la pièce par les yeux d’un enfant sans préjugés, la pièce met en valeur l’absurdité des divisions raciales. Le lilas africain est une véritable histoire d’amour qui reconnaît qu’il y a plus qui unit les humains que de lignes superficielles qui nous divisent.