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Arts et culture

Rire au coeur d’une francophonie en danger

21 janvier 2019

Par Emmanuelle Gingras, cheffe du pupitre art et culture

Alors que l’humour de Katherine Levac, elle-même franco-ontarienne, a su s’étendre parmi les grands de la relève québécoise, qu’est-ce que les humoristes de la région savent apporter à une plus petite échelle ?

Il n’est pas surprenant de constater que les événements d’humour se multiplient en Ontario français. C’est pourquoi La Rotonde vous initie à 3 humoristes de la région, les événements à ne pas manquer pour les encourager tout en décortiquant les enjeux s’y associant.

Frédéric Lalonde, humoriste depuis trois ans, butinant de bar en bar et parfois sous contrat, vous rappellera peut-être Yannick De Martino. Alors qu’il faisait de l’improvisation à Hawkesbury, sa troupe et lui ont décidé de présenter trois spectacles de stand-up dans la région ayant fait succès . « C’était gros pour la région parce qu’il n’y avait presque rien ! » Vous l’avez peut-être déjà vu aux soirées French Comédie du Café Nostalgica.

C’est depuis la 7e année que Rosalie Lacroix a développé « […] une curiosité et un amour pour l’humour », affirme-t-elle. Ce n’est toutefois qu’en 12e année que cet intérêt a pu se développer grâce à l’encadrement qu’elle a reçu sous le cadre du Concours LOL – Mort de rire. C’était la première année de ce concours, souhaitant transmettre la culture franco-ontarienne et se servir de l’humour comme « projet rassembleur ». Il s’agissait d’un parcours accompagnant des jeunes humoristes en herbe sous la supervision de gradués de l’École nationale de l’humour : « […] je ne savais pas du tout ce que je faisais, mais malgré ça, la piqûre est restée en je fais encore de l’humour 4 ans plus tard », affirme la jeune humoriste.

De son côté, Patrik Guillotte, que vous connaissez peut-être comme ancien animateur des célèbres Höpenmyke du Minotaure dans le Vieux-Hull, a fait ses débuts en 2012.  C’est suite à la sortie de l’École nationale de l’humour de ses amis que tout a commencé pour lui ; souhaitant monter un spectacle pour leurs proches, ceux-ci lui ont offert de participer. « J’ai pu en faire semi-régulièrement depuis », explique-t-il.

Gagner sa vie en humour

Malgré sa popularité montante en région, le domaine n’est pas une source de revenu assurée. Patrik Guillotte travaille entre autres en éducation à Ottawa : « C’est difficile de gagner sa vie en humour dans la région. Les contrats payants sont rares. Il faut souvent créer ses propres opportunités. On le fait plus par passion ». Ottawa – Gatineau ne semble donc pas être un lieu pour les ambitieux du domaine. Nous parlons ici d’Ottawa-Gatineau puisque les deux communautés se côtoient relativement beaucoup considérant la proximité des lieux.

Lalonde, souhaitant continuer dans le domaine en question, se trouve tiraillé par l’inévitable ; après avoir fait le tour de ses ambitions dans les alentours, celui-ci souhaite bientôt « faire le saut » à Montréal. Alors que ce « berceau francophone de l’humour » représente un inévitable pour les experts du rire, Lalonde n’aura d’autre choix que de poursuivre une carrière là-bas, même si « […] le marché y est aussi saturé ». Toutefois, celui-ci ne veut pas délaisser la région et souhaite continuer à venir jouer parfois.

Être femme dans le domaine

Alors qu’humour se conjugue généralement à des artistes mâles, la région porte-t-elle ce même dilemme ? Qu’est-ce qu’être une humoriste au féminin, ici, alors que la communauté est d’autant plus petite ?

Lacroix est souvent la seule femme au sein des événements d’humour. Ayant appris à ne pas se laisser « piler sur les pieds », la jeune humoriste constate quand même de la difficulté s’y associant : « […] c’est comme si tu n’as pas de marge de manœuvre pour critiquer certaines situations puisque tu es une femme et que c’est déjà assez que tu fasses partie du show ».

Celle-ci encourage toute femme ayant un intérêt pour l’humour à participer aux soirées d’humour à Ottawa-Gatineau : « Il manque de femmes dans les soirées et dans les open mics. Venez ! Essayez ! C’est vraiment le fun ! »

Où encourager nos humoristes ?

Alors que l’humour sert d’unificateur pour la communauté artistique francophone actuellement en crise sous Ford, il y a moyen de faire ses débuts en participants aux multiples Open Mic ou simplement en encourageant en tant que public. « […] C’est un moyen d’être fier de sa langue et partager cette fierté haut et fort. Il n’est pas nécessaire d’écrire des textes qui parlent de la francophonie. L’important c’est qu’il y ait une plateforme accessible pour l’humour en Ontario français. Autant pour les humoristes que ceux qui consomment de l’humour », souligne Rosalie Lacroix.

Plusieurs lieux de rencontre d’humour amateur sont disponibles :

L’Acronyme, une ligue d’improvisation francophone en Ontario, propose une variété d’improvisateurs faisant aussi du stand-up.  Il y a ensuite les 4 saisons de l’humour, où il est possible d’apprécier les plus grands de la région, sous l’animation de Phil Brown (le prochain spectacle aura lieu le 31 janvier). Les mercredis de l’humour au Mardi Gras sont aussi une bonne occasion de rire au milieu de la semaine. Enfin, les Höpenmyke du Minotaure reviendront en force selon de nouveaux concepts variés d’ici le 11 février prochain.

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