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Arts et culture

Rideau : le monde est une scène de théâtre !

Crédit visuel : Fabrice Ahadi – Photographe

Par Noémie Calderon Tremblay – Journaliste 

Les travailleurs du milieu artistique sont aux aguets. Leurs projets seront-ils annulés ? Recevront-ils leurs chèques ? Leur art pourra-t-il être diffusé en ligne ?

Malgré le brouhaha décisionnel, une chose est certaine : des pièces seront écrites, des collectifs seront créés et de l’art jaillira, car cette interruption du monde ne laissera pas les artistes indemnes.

Je suis en cours de jeu lorsque, le vendredi 13 mars, vers 11 h, je reçois la nouvelle : le Centre national des arts (CNA) annule tous ses spectacles. Zut ! Je participais justement à une table ronde en plus d’assister à un spectacle cette même soirée.

Grincer des dents

Premier coup de poing. Je suis un peu étourdie et j’ai le coeur qui sert dans ma poitrine. Ça donne un peu le vertige tout ça.

Ma professeure nous ramène à l’ordre : le cours n’est pas terminé, allez hop au travail. Le train train continue, on fait la routine en oubliant que ce sera notre dernier cours.

Je reçois mon deuxième coup de poing en fin d’après-midi : tous les cours sont dorénavant en ligne.

Les annonces d’annulation et de fermetures tombent ensuite comme des mouches ; ceci n’aura pas lieu, tel événement est annulé. Même la bibliothèque municipale ferme ses portes ! La majorité de mes cours étant pratiques, ceux-ci ne peuvent pas vraiment se donner en ligne. De fait, le travail que je fais en classe demande une constante rétroaction. Je devrai donc rattraper certains de mes cours cet été.

Je ne sais pas pour les autres domaines, mais pour ceux et celles qui étudient la pratique de l’art, il est difficile de travailler sans lieu de création et sans le regard critique de nos pair.e.s.

Je comprends les raisons de sécurité. Néanmoins, je ne peux m’empêcher de penser que dans des situations de ce genre, nous aurons besoin d’autant plus de littérature et de culture.

L’incertitude des artistes 

Le mardi après-midi, je suis en contact avec la comédienne Marie-Ève Fontaine qui travaille notamment au CNA. Elle m’explique que c’est une période difficile pour les artistes. Elle exprime que même sans pandémie, vivre de l’art représente un défi. « N’arrêtons pas de payer les artistes ! » , rappelle Fontaine. Elle tente actuellement de recevoir le paiement pour le travail fait préalablement aux activités annulées auxquelles elle devait participer.

En effet, à mon avis, ce n’est pas parce qu’un spectacle ou un projet a été annulé, que le travail qui a été investi n’a plus de valeur. Comme le dit si bien le proverbe : « tout travail mérite salaire ».

Des gens sur les réseaux sociaux font aussi circuler un message qui propose à ceux qui avaient acheté des billets pour voir de l’art de ne pas se faire rembourser. Dans la même ligne d’idée, un hashtag #billetsolidaire a été créé. 

Ce serait « période d’incubation propice à la création », renchérit Fontaine. « Dans la pagaille naissent les idées ». Celle-là, elle vient de moi. On assiste à un phénomène intéressant : tout le monde est obligé de penser en dehors de la boîte. N’est-ce pas excitant !

L’illusion de l’arrêt

Plusieurs festivals et compagnies de théâtre usent de leur créativité pour trouver un moyen de diffuser leur oeuvre. Par exemple, certaines compagnies de théâtre proposent de diffuser leur pièce en balado ou à la radio.

Le Festival international du film sur l’art (FIFA), lui, propose toute sa programmation en ligne du 17 mars au 29 mars pour 30 $. C’est un accès assez bon marché à plus de 140 films. La bibliothèque de l’Université d’Ottawa offre aussi plusieurs livres disponibles en ligne. 

Dans l’infolettre du Festival TransAmérique (FTA) Martin Faucher s’adresse au public. Il dit croiser les doigts pour que son festival ait lieu en mai 2020. Il articule : « les artistes pressentent, ressentent. Ils constatent avec courage et lucidité l’état de notre monde saccagé. Là où nous pourrions être pétrifié.e.s, ils nous permettent de danser sur les ruines de notre chaos, souvent avec joie ».

Je vous invite à aller découvrir par vous-même l’extraordinaire ingéniosité dont font preuve les humain.e.s lorsque le monde ne tourne pas rond. Il y a bêtise, certes, mais pas que ! 

Branchez-vous aux balados, lisez un bon livre ou encore visionnez un film de répertoire. Enfin, surtout, regarder autre chose que des comptes-rendus sur la progression de la pandémie. L’art est mort, vive l’art !

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