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Revitalisation du quartier Vanier : Conséquences majeures à venir pour les étudiants

– Par Samuel Lafontaine –

Vanier connait présentement de nombreux changements et pourrait changer complètement de visage d’ici 15 ans. C’est en tout cas ce qui ressort des études de Jean-François Parent, qui donnait une conférence sur le sujet au Muséoparc Vanier le 18 février dernier. M. Parent est géographe de formation et La Rotonde l’a rencontré afin de savoir comment ces nombreux changements affecteront la population étudiante de l’Université d’Ottawa.

Petit historique du quartier

La ville de Vanier fut incorporée en 1913 sous le nom d’Eastview. Elle prendra son nom actuel en 1969 afin de refléter le caractère francophone de sa population. Le nom est choisi pour honorer le premier gouverneur général du Canada d’origine canadienne-français, Georges Vanier.

À travers ses travaux, Jean-François Parent a pu constater qu’au cours des dernières années il y a eu une gentrification du quartier Vanier et une diversification de sa population autrefois majoritairement francophone et aujourd’hui de plus en plus multiculturelle. En 2011, la population francophone du quartier s’élevait à 40 % des habitants.

Plusieurs changements en cours

Selon lui, la gentrification pourrait s’expliquer par des efforts successifs de l’ancienne ville de Vanier de redorer son image à travers plusieurs plans d’aménagement, des efforts qui se sont accentués avec la fusion de Vanier à la nouvelle ville d’Ottawa en 2001. Avec la fusion municipale, les efforts se sont davantage tournés vers l’embellissement du quartier et le réaménagement des secteurs situés le long de Beechwood, chemin Montréal et McArthur.

Avec son plan de revitalisation, la ville d’Ottawa souhaite augmenter la densification dans chacun de ses quartiers et Vanier ne fait pas exception. C’est pourquoi plusieurs projets résidentiels sont en cours. Notamment des projets de construction de condos avec la construction de deux nouveaux édifices sur Beechwood (total de 197 unités de logement) et d’un mégaprojet de quatre édifices (607 unités de logement) sur le chemin Montréal. Les projets actuels de construction dans le secteur atteindraient une valeur combinée de 600 millions de dollars, selon Quartier Vanier BIA.

Sans oublier des édifices érigés dans les dernières années. Notamment, l’édifice La Tiffani 2 construit par Claridge en 2012. L’immeuble offre 189 unités de logement dans New Edinburgh, juste à l’entrée de Vanier. Le prix de départ pour un condo de deux chambres dans cet édifice est de 361 000 dollars.

Quelles conséquences pour les étudiants?

Jean-François Parent explique la présence étudiante dans le secteur en affirmant que « plusieurs étudiants peuvent profiter du caractère francophone de Vanier. Mais il ne faut pas oublier les prix des loyers, qui sont plus modiques que dans les autres secteurs. Vanier est [également] géographiquement et stratégiquement bien situé. Différentes routes du réseau de transport en commun circulent dans les différentes artères et rejoignent le centre-ville ».

Même s’il ne peut pas encore donner de chiffres précis sur le nombre d’étudiants vivant dans le quartier (ce sera le sujet d’une prochaine étude) il estime que ceux-ci se comptent en milliers de personnes et que la plupart proviennent de l’extérieur de Vanier.

Mathieu Fleury représente les quartiers de la Basse-Ville, de la Côte-de-Sable et de Vanier au conseil municipal et est lui-même un ancien de l’Université d’Ottawa. Il est d’accord avec M. Parent et voit son district (Rideau-Vanier) comme un lieu « propice à une vie étudiante à cause de sa proximité », où il y a « beaucoup d’espaces locatifs ».

M. Fleury se montre toutefois réaliste sur l’état de certains immeubles du quartier Vanier et c’est pourquoi il dit voir « d’un bon œil » les différents projets de revitalisation. En plus d’embellir le quartier, il croit que « l’investissement dans la communauté permet à la ville d’améliorer certains services » et cite en exemple la réfection des principales artères commerciales du secteur ou encore la construction du pont piétonnier reliant Vanier à la Côte-de-Sable.

Mais la revitalisation amène surtout une gentrification du quartier et aura des impacts majeurs sur la population à faible revenu, notamment les étudiants. Selon Jean-François Parent, « la revitalisation risque d’engendrer une hausse des prix du logement » et il y a un risque de voir une partie de la population quitter Vanier pour des quartiers plus éloignés comme Manor Park, Gloucester Nord ou le secteur autour du centre d’achats Saint-Laurent. De plus, l’augmentation de la densité de la population à travers la construction d’immeubles résidentiels pourrait faire diminuer le nombre de commerces de proximité. Déjà, sur l’avenue Beechwood l’ancienne caisse populaire va être transformée en tour à condos par un promoteur. Enfin, les conséquences sur le caractère francophone de Vanier ne sont pas encore très bien connues.

La ville d’Ottawa n’a pas de politique particulière pour les étudiants dans son plan d’aménagement, malgré une croissance importante de l’Université d’Ottawa dans les dernières décennies. Concernant Vanier, le conseiller Fleury semble dire que la population étudiante n’est pas vraiment la clientèle visée pour le développement du quartier.

Lorsque nous l’avons interrogé, il nous a répondu que « c’est l’une des grandes difficultés. Présentement il y a un in and out avec beaucoup de location à court terme avec des gens qui arrivent dans la région et s’installent là pour une session ou un an et ensuite quittent leur logement. Ça ne veut pas dire qu’ils quittent la communauté mais il faut que ces logements-là prennent un caractère plus permanent ». Il faut comprendre que l’on souhaite attirer une population plus sédentaire et dotée d’un bon revenu.

Durant sa conférence, Jean-François Parent a tenté de faire une comparaison avec les changements qu’a connus la Basse-Ville lors des années 1960 et 1970. En tirant ses conclusions de l’expérience de ce secteur de la ville, il a pu identifier trois grands défis pour réussir la revitalisation de Vanier. Premièrement d’inclure la population locale dans le projet, incluant les moins fortunés, afin de prendre en compte la réalité du quartier et éviter de perdre son caractère populaire, deuxièmement de préserver autant que possible le patrimoine architectural et troisièmement de protéger l’aspect francophone.

Titré Un territoire en mutation : le quartier Vanier à Ottawa : germe d’une nouvelle phase de revitalisation urbaine, la présentation se donnait le 18 février dernier dans le cadre des causeries-conférences du Muséoparc de Vanier. Les causeries-conférences sont un évènement mensuel.

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