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Sports et bien-être

Réviser au rythme de la musique : le secret pour mieux apprendre ?

Contribution
25 mars 2025

Crédit visuel : Hidaya Tchassanti — Directrice artistique

Article rédigé par Maguy Dikongue — Journaliste bénévole

De nombreux.ses étudiant.e.s écoutent de la musique pour se concentrer lorsqu’ils.elles révisent. Certain.e.s semblent même ne pas pouvoir fonctionner sans elle. Mais alors, qu’en est-il vraiment ? La musique garantit-elle de meilleures révisions ? Ou au contraire, s’avère-t-elle être une nuisance à un apprentissage efficace ? 

Musique et cerveau humain

D’après le psychologue, neuropsychiatre et philosophe Georg Northoff, les êtres humains sont dotés d’une région cérébrale dédiée spécifiquement à percevoir la musique, ce sont des substrats cérébraux spécifiques à la musique. Ceci implique qu’il existe chez l’être humain une capacité propre à percevoir la musique, mentionne-t-il.

Northoff compare les activités cérébrales et la musique à des vagues, reposant sur de multiples facteurs susceptibles de varier, comme le rythme, la vitesse ainsi que le volume du son. Il explique que « c’est exactement la façon dont vous devez imaginer cela dans votre cerveau, comme une multitude de vagues ».

Le cerveau humain est capable de récupérer et de se restructurer grâce à la plasticité cérébrale, partage le psychologue. De ce fait, lorsque les vagues du cerveau et de la musique sont synchronisées, la musique peut changer graduellement la vitesse à laquelle le cerveau fonctionne. Northoff prend l’exemple de la dépression : les activités cérébrales des personnes souffrant de dépression sont caractérisées par une lenteur extrême. Conséquemment, si la vitesse de la musique qu’elles écoutent est adaptée, leurs activités cérébrales s’accélèrent progressivement, permettant une meilleure capacité d’assimilation d’informations autrefois trop rapides.

Ainsi, le neurologue mentionne que la mémoire « laisse des traces dans le cerveau, et le change ». Si le cerveau fonctionne trop lentement, il devient impossible de capter les informations, et donc de les mémoriser. En revanche, la vitesse de musique optimale garantit une bonne vitesse au cerveau, et donc une meilleure mémorisation des données pendant les révisions.

Comme le résume Andra Smith, neurologue et professeure en psychologie à l’Université d’Ottawa, la musique possède la capacité de stimuler le cerveau en produisant de la dopamine, aussi connue comme étant l’hormone du bonheur. Selon Smith, la musique stimule le cerveau et active la zone associée à la récompense. Dans ce cadre, les efforts réalisés lors d’une période de révision peuvent paraître moins désagréables.

De nombreux bienfaits

La psychologue développe que la musique est susceptible d’influencer les émotions d’une personne, la mettant dans des conditions plus ou moins propices aux révisions. Elle peut être une source de distraction, souvent nécessaire pour oublier la pénibilité d’une tâche, en activant la zone du cortex cérébral liée à la joie.

Smith apporte une nuance : c’est durant l’écoute d’une mélodie plaisante que s’éveillent les circuits neuronaux qui interviennent dans les mécanismes de motivation et de récompense. Il est donc important, selon la professeure, d’apprécier la musique que l’on écoute.

D’après les résultats d’études cliniques effectuées auprès de personnes âgées, les musiques apaisantes pourraient également faciliter l’endormissement et diminuer le nombre de réveils, explique Smith. Or, elle rappelle qu’une meilleure qualité de sommeil est cruciale pour effectuer de bonnes révisions.

Quelle musique écouter en révisant ?

Bien que Northoff n’ait pas encore constaté d’effets négatifs importants sur une personne lorsqu’elle écoute une musique qui n’est pas adaptée à la vitesse personnelle de son cerveau, le choix de la musique pendant les révisions n’en reste pas moins essentiel. Dans l’idéal, le neurologue recommande que le choix soit effectué par des expert.e.s. 

Le neuropsychiatre révèle qu’environ 90 % des personnes confondent les musiques qui leur plaisent avec les musiques qui leur conviennent. Dans certains cas, écouter une musique trop rapide peut causer de l’anxiété, ce qui rendrait les révisions cauchemardesques. Il ne s’agit donc pas de choisir des musiques pour réviser selon leur genre, mais bien en tenant compte de leur vitesse, continue-t-il.

Simultanément, Smith explique qu’il faut avoir une compréhension de l’état émotionnel dans lequel on se trouve au moment précis de nos révisions, pour choisir une musique adaptée. Ainsi, elle recommande d’écouter de la musique dynamique avant ses révisions pour se stimuler, mais d’opter pour des musiques moins bruyantes lors de son temps d’étude. 

La musique détient donc le pouvoir de stimuler la mémoire, soutiennent les deux neurologues, mais elle peut aussi parfois perturber le rappel des informations. Par exemple, si le cerveau associe certaines informations acquises lors des révisions à une musique spécifique, alors l’absence de cette musique durant la période d’évaluation pourrait entraîner des trous de mémoire. Par conséquent, Smith conseille d’alterner entre des périodes d’écoute et des périodes sans musique lors de la révision.

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