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Sports et bien-être

Le revers de la médaille, le surménage

Par Slim Essid, Chef du Pupitre Sports

Un élément important, à ne surtout pas sous-estimer, est celui du surentraînement. Cet enjeu est particulièrement pertinent sur le campus uottavien où plusieurs équipes de sports universitaires sont composées de personnes devant jongler plusieurs obligations simultanément.

Une logique intraitable

Pas besoin d’un diplôme en science de l’activité physique pour comprendre la logique derrière l’activité physique saine. À chaque fois que l’on fait du sport, le corps vit un certain stress, un bon stress, qui l’oblige à s’adapter au fil du temps et à devenir plus résistant. Cette amélioration de l’endurance produit des effets renforçant non seulement la santé physique, mais aussi la santé mentale. La neurogenèse, c’est à dire la formation de nouveaux neurones dans le système nerveux, en est un parfait exemple. Une meilleure mémoire, une capacité à mieux se concentrer, à gérer son stress et donc à être de meilleure humeur sont inévitablement acquis. Bref, que demande le peuple?

Cependant, la limite entre construire et détruire son métabolisme n’est pas toujours évidente et demande un suivi personnel continu. Est-ce que j’en fais trop ? Est-ce que je me sens mieux ? Est-ce que je suis régulièrement malade ? Le revers de la médaille est donc possible. Un programme sportif adéquat renforce le système immunitaire et vous rend plus fort face aux maladies. Un peu trop, et c’est l’opposé qui se manifeste. Après chaque séance de sport, votre système immunitaire s’affaiblit légèrement pour ensuite se renforcer… À condition de se laisser le temps de récupérer! Ce mécanisme est le même pour tous les autres systèmes du corps.

Les recherches en disent long

Prenons comme exemple l’étude réalisée par le cardiologue James O’Keefe et son équipe, publiée dans le Mayo Clinic Proceedings. Après avoir étudié des athlètes de triathlon, de marathon et des cyclistes de longue distance, ils ont démontré que ce genre d’exercice, porté à l’extrême, était un réel danger pour la santé du cœur. Le stress imposé au corps est en effet trop élevé et ne laisse pas le temps à celui-ci de se reposer et de s’adapter.

Selon Timothy Neal, assistant professeur et coordinateur de l’éducation clinique à l’Université Concordia, le syndrome du surentraînement est plus probable chez les athlètes, puisque la culture du « plus on s’entraîne, meilleures sont nos performances » est omniprésente dans ce milieu. À ceci s’ajoute aussi l’obligation de fournir des résultats avec une compétitivité accrue et on a là un cocktail de pressions psychologiques et physiques susceptibles d’augmenter considérablement le niveau de stress. Le sport arrête donc d’être source de plaisir. Il est certain que certains athlètes gèrent plus facilement la pression, mais ces différents éléments peuvent contribuer au dépassement des limites.

 Une réflexion ouverte

Il ne s’agit pas de créer une polémique, mais d’ouvrir une question qui mérite d’être posée. La science de l’activité physique fascine de plus en plus les chercheurs et chaque jour de nouvelles connaissances sont publiés. Ce qui est sûr, c’est que les dernières découvertes doivent être prises en compte. Cette année, nous avons reçu beaucoup d’athlètes en entrevue et il suffit de s’intéresser à leur routine hebdomadaire pour se rendre compte des grandes chances de surmenage. Leur rythme d’entraînement laisse effectivement à réfléchir.

S’entraîner six fois par semaine avec, dans certains cas, deux séances d’entrainement par jour, ne doit pas être considéré anodin. Surtout lorsque, pour certains, le seul jour de repos est occupé par les projets universitaires, examens ou autres devoirs à faire. Kellie Forand, ancienne capitaine de l’équipe de basketball féminin des Gee-Gees, a révélé que les coachs font de plus en plus d’efforts pour remarquer les signes avant-coureurs d’un surmenage physique, tels que « des blessures répétées, tomber malade facilement ». Ce qu’il manque, par contre, est la composante mentale. La dépression, l’anxiété et la difficulté à se concentrer sont des symptômes qu’il faut aussi suivre de très près car ils constituent également des signes non négligeables. Les effets négatifs du surentraînement devraient amener les universités à se questionner, à se mettre à jour et à continuer de suivre de très près la santé des étudiant.e.s.

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