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Arts et culture

Un rêve éveillé lors d’Une nuit arabe

26 février 2020

Crédit visuel : Marianne Duval 

Par Miléna Fachebois – journaliste 

Une nuit arabe, texte de Roland Schimmelpfennig, est jouée à la Salle académique du 25 au 29 février à 20 h. La pièce porte sur un chassé-croisé de relations interpersonnelles situées dans une tour, au coeur d’une nuit d’été.

Le projet final du candidat à la maîtrise en mise en scène du département de théâtre, Guillaume Saindon, est une proposition à la fois novatrice et sobre. 

Intimité et simplicité

Pour le temps de la représentation, la Salle académique est divisée en deux, rétrécie volontairement, donnant un effet de proximité entre les acteurs et spectateurs. Les comédien.e.s semblent également très complices que ce soit avant, ou pendant la représentation. Une atmosphère chaleureuse règne.

Le décor recrée un immeuble ; on y entrevoit le rez de chaussé et le premier étage. Le mur du fond est composé d’un écran de scène.  

À droite figure une table, avec des immeubles reconstitués en papier de toutes les couleurs. D’abord inconnue, son utilité se traduira ensuite à travers le cheminement de la pièce. Plus tard, elle sera filmée et projetée dans la partie basse de la scène. Elle représente la vue d’un homme sur toute la ville, ou bien du fond d’une bouteille de cognac. Son utilisation ajoute un aspect presque cinématographique à la proposition. 

Des micros sont aussi disposés un peu partout sur la scène. Ils permettent d’accéder aux variantes de son en fonction de l’endroit où les personnages sont situés dans l’immeuble. Ils contribuent à créer un effet d’intimité et  permettent d’accéder au ressenti des personnages. Les voix se mêlent joliment et forment un choeur de plaintes, d’angoisses et de questionnements. 

Les éclairages créent des effets d’ombre intéressants ; les couleurs, qui tendent vers le vert et l’orangé, transportent au coeur de cette nuit chaude et angoissante d’été. 

La forme est réaliste, bien qu’elle simule le sentiment de rêve du personnage principal, Fatima, qui dort excessivement et souffre d’amnésie le soir venu. Ses sentiments se transposent dans la tête du spectateur au fur et à mesure de la pièce ; la confusion du personnage est palpable.

Une pièce aux mille questions 

Esthétique et agréable à regarder, l’histoire présentée manque cependant de clarté. Le fil conducteur de la pièce est difficile à déceler, en dehors des croisements interpersonnels des personnages. 

Toutefois bercé.e.s par la folie omniprésente des personnages, très bien interprétés, la pièce a su camoufler la notion du temps. La proposition donnait l’impression d’un rêve éveillé. 

Face à un temps d’arrêt marqué paradoxalement par la fébrilité, l’anxiété, la passion et l’irrationnel, l’amour côtoie la folie. 

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