– Par Frédérique Mazerolle –
Dès le 1er mai prochain, les nouveaux membres du comité exécutif de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO) débuteront leur mandat. Comparativement à l’exécutif de l’année dernière, qui se composait presque au complet de membres du parti Action étudiante (à l’exception de Maya McDonald, vice-présidente aux affaires d’équité, qui s’est représentée de façon indépendante), le nouvel exécutif se compose de deux membres d’Ici Pour Nous, deux membres d’Impact, ainsi qu’un membre du parti ABC. Avec une nouvelle diversité au sein de la politique étudiante, mais également un référendum raté, La Rotonde fait un survol des moments forts des élections.
Cette année, près de 4000 étudiants se sont rendus aux scrutins, ce qui donne un taux de vote de 11,47 %, légèrement plus bas que celui de l’année dernière (11,6 %). Durant les 12 jours qui ont précédé les élections, les candidats ont eu la chance d’exprimer les idées de leur plateforme à la population étudiante.
Ici Pour Nous et la campagne : l’engagement avant tout
« Depuis le début même de la campagne, nous avions pour optique de se concentrer sur les étudiants qui ne vont pas souvent voter, ou qui sont loin du centre du campus, dont les pavillons UCU, FSS et ART. De la sorte, on était postés au sud du campus tout en visitant à plus d’une occasion le campus de RGN », explique David Gakwerere, élu à titre de président de la FÉUO et membre du parti Ici Pour Nous. Celui-ci explique que lui et Nicole Maylor, élue au poste de vice-présidente aux affaires d’équité et également membre d’Ici Pour Nous, se sont concentrés sur les différents moyens de rejoindre et d’interagir avec la population étudiante, comme sur les médias sociaux, et d’entendre leurs idées et leurs commentaires. « Je suis aussi très ému de l’engagement que cela a fait, mais aussi honoré de la confiance
des étudiants envers Nicole et moi-même », affirme-t-il.
Le nouveau président élabore également sur l’importance de non seulement participer à la politique étudiante, mais également d’y s’impliquer soi-même.
« Cela dit, je lève mon chapeau à tous les candidats qui se sont présentés. Ce n’est pas chose facile, alors que cela demande tout aussi bien des sacrifices, mais c’est parce que ça vaut la peine qu’on le fait! C’est pour ces raisons que j’ai bien hâte de travailler avec tous les leaders étudiants élus l’an prochain », conclut-il.
Nicole Maylor, quant à elle, ajoute que le bilan des élections est grosso modo bon. « Malgré quelques accrochages en cours de route, je crois qu’
[Ici Pour Nous] a accompli ce qui devait être accompli », mentionne-t-elle.
Un grand nombre de plaintes contre Impact
Dès le début de la période électorale, les trois partis ont connu des moments forts et des moments faibles. Des infractions linguistiques ont été adjugées par la directrice des élections aux partis Ici Pour Nous et ABC, ce qui fit en sorte que ceux-ci ont été privés d’avoir recours aux médias sociaux pour promouvoir leur plateforme. Par exemple, Ici Pour Nous a dû désactiver sa page Facebook pendant une période de trois heures parce que la vidéo d’un des deux débats électoraux n’était pas complètement bilingue.
Cependant, selon les commentaires des étudiants, ce fut le parti Impact qui a connu le plus de difficultés lors de la période électorale. Accusé de n’être qu’une copie du parti Action étudiante, celui qui règne sur le campus depuis déjà quelques années, Impact a également connu beaucoup de plaintes en termes de techniques de promotion jugées non éthiques. Alors que les plaintes contre Ici Pour Nous et ABC étaient portées par la directrice des élections, celles contre Impact relevaient des étudiants.
Plusieurs plaintes ont été faites concernant le parti, notamment publiquement sur la page Facebook « SFUO Doesn’t Represent Me », qui a gagné une certaine popularité durant la dernière année, exploitant les scandales de la FÉUO ou bien directement les décisions de la directrice générale des élections, Lindsay De Jaegher.
Les étudiants qui ont communiqué avec la directrice des élections ont parallèlement informé La Rotonde des problèmes dont ils ont été témoins au cours des élections. Plusieurs se sont plaints de recevoir des messages promotionnels d’Impact, tels que des courriels et des textos, même s’ils n’avaient pas
donné leurs informations personnelles au parti.
Selon nos informations, les premières plaintes auraient été déposées le 11 février. « J’ai reçu un courriel d’un(e) étudiant(e) inquiet(ète) qui a envoyé une plainte formelle à la directrice des élections après avoir reçu plusieurs courriels du parti Impact », raconte l’administrateur anonyme de la page Facebook « SFUO Doesn’t Represent Me ». Trois jours plus tard, il ou elle aurait reçu une dizaine de plaintes. « Lorsque le parti a été confronté, ils ont dit à la directrice que ces informations avaient été collectées de façon légitime. Cependant, ils avaient déjà détruit cette banque de données, même si celle-ci ne devait être détruite qu’après les élections ». L’administrateur accuse la FÉUO de « corruption » après de nombreuses années d’observation. « La mise en vigueur des règlements durant ces élections a été de façon flagrante inégale », déplore-t-il.
D’autres plaintes ont également été faites lors de la période de vote, concernant le matériel promotionnel d’Impact qui se trouvait trop près des scrutins. Un étudiant a également transmis une photo prise avec un cellulaire, montrant du matériel promotionnel dans les bureaux des clubs de la FÉUO, ce qui constitue une violation des règlements des élections. Une étudiante a porté une plainte contre le « comportement » d’Impact qu’elle qualifie de « harcèlement », prétendant qu’un membre de l’équipe aurait essayé de la « forcer d’aller voter pour leur parti ».
Encore un autre étudiant a écrit à la directrice des élections et à La Rotonde pour indiquer qu’il a observé Nicole Desnoyers mettre une pression injustifiable sur une étudiante d’aller voter pour elle. « L’étudiante à dit “non” à Nicole. Elle n’avait pas de choix : Nicole lui a dit qu’elle doit voter pour chaque candidat d’Impact ».
Hadi Wess de l’équipe ABC, élu comme vice-président aux affaires sociales, a trouvé la campagne épuisante, mais dit avoir garder une attitude positive tout au long de celle-ci. « C’était un accomplissement en soi que les élections aient été les plus douces et les plus propres dans les trois dernières années ». Il croit tout de même que les règlements des élections n’étaient pas exactement justes, mais dit que cela est maintenant chose du passé. « À la fin de la journée, c’est la voix des étudiants qui compte et ceux-ci ont voté pour les candidats qu’ils croient être en mesure de les représenter de façon adéquate », soutient le nouvel élu.
Les élues d’Impact insistent sur la confiance des étudiants
Les deux candidates du parti Impact qui ont été élues au sein de l’exécutif, soit Taylor Davidson, nouvelle vice-présidente aux finances, et Vanessa Dorimain, nouvelle vice-présidente aux affaires universitaires, ont toutes deux trouvé la période électorale difficile et avaient des opinions fortes sur la question.
« Devoir faire ça au degré de critique à laquelle j’ai dû faire face a été difficile. Certains gens ont tout simplement assumé quelles étaient mes intentions et mon genre de personnalité ainsi que mes stratégies de campagne, ce qui était faux et très trompeur », explique Davidson. « Maintenant, j’essaie de passer par dessus cela et j’essaie de me rappeler les centaines d’étudiants avec qui j’ai eu la chance de m’assoir et de discuter de ce qui allait se passer pour la prochaine année et comment ces étudiants devraient être traités en Ontario. C’est sur ce genre de conversation que je veux me concentrer ».
« Selon moi, la campagne a été difficile. On m’a même dit que c’était une des élections les plus violentes qu’avait jamais vues la FÉUO », explique Vanessa Dorimain, nouvelle vice-présidente aux affaires universitaires. « J’aimerais toutefois remercier tous les étudiants qui croient en moi et qui m’ont donné leur vote de confiance. J’espère pouvoir les rendre fiers du travail que je vais effectuer avec la FÉUO », indique-t-elle. Celle-ci était l’unique candidate à ce poste et a été élue avec 1965 voix, contre 1411 voix qui s’y opposaient.
L’unique candidat au poste de vice-président aux services et communications, Radi Shahrouri, était également membre de l’équipe d’Impact. Il a cependant été obligé de quitter la campagne électorale en raison de son résultat insatisfaisant au test de bilinguisme, obligatoire pour tous les candidats. Le poste reste donc encore vacant et devrait être comblé suite aux élections partielles qui auront lieu durant la prochaine session d’automne.
Référendum pour le Centre des étudiants racialisés
Malgré les inconvénients rencontrés lors de la campagne électorale, la plus grande défaite aurait été celle du référendum pour la création d’un centre pour les étudiants racialisés. La question référendaire a été refusée par presque 2000 étudiants. Elle demandait une cotisation nouvelle de 1,00 $ par semestre des étudiants à temps plein.
Vanessa Dorimain a été choquée
d’apprendre que le référendum n’avait pas passé, étant donné que les questions référendaires de la FÉUO sont normalement adoptées. Elle se dit déçue de la décision du corps étudiant, notamment à l’égard de l’opposition de ceux-ci à élire Sakinaa Gairey au Conseil d’administration.
« Ma coéquipière d’Impact Sakinaa Gairey était non-opposée à son siège [du Conseil d’administration] et elle n’a pas été élue pour des raisons évidemment racistes. J’ai réalisé que je plaçais énormément de foi en notre population étudiante et je croyais qu’elle serait capable de faire des choix informés au lieu de continuer de promouvoir des idéologies racistes et capacitistes », déplore Dorimain.
Du côté de Taylor Davidson, elle trouve difficile de célébrer sa victoire, notamment parce que plusieurs étudiants ont perdu au niveau du référendum.
Pour Nicole Maylor, son travail en tant que vice-présidente aux affaires d’équité va être de vraiment comprendre pourquoi le référendum n’a pas fonctionné et comment les choses pourraient se faire différemment pour une prochaine fois.
« Pour ce qui en est du référendum, je suis déçue qu’il n’a pas passé. Je crois que le comité du oui a fait un excellent travail et que les valeurs antiracistes doivent s’ancrer sur l’entièreté de la Fédération étudiante. Pour moi, la prochaine étape sera d’apprendre tout ce que je peux de Maya [McDonald, vice-présidente actuelle aux affaires d’équité] pour bien me préparer à entrer en poste le 1er mai prochain ».