Frédérique Mazerolle

Il y a deux mois de cela une histoire de cours de yoga annulés ébranlait l’Université d’Ottawa (U d’O) et faisait le tour des médias du monde. L’instructrice de yoga au coeur de la controverse, Jennifer Scharf, n’est pas partie du campus pour autant. Elle a été invitée à la mi-janvier à donner un cours à l’École de gestion Telfer, une semaine seulement avant que le Centre qui l’avait renvoyée annonce le nom de sa successeure.

Du « Mind Stretching » pour narguer ses détracteurs

Dans le cadre sa Semaine du Bien-Être, le Conseil étudiant de l’École de gestion Telfer voulait offrir à ses membres l’occasion de prendre soin d’eux-mêmes, que ce soit physiquement ou mentalement. C’est pourquoi pour « Flex-It Friday », l’association a planifié des séances de yoga gratuit, ou plutôt de « Mindful Stretching », enseignés par une personnalité maintenant bien connue du campus, Jennifer Scharf.

Instructrice pendant près de 8 ans pour le Centre d’étudiant.e.s ayant une incapacité (CDI) de la Fédération étudiante de l’U d’O (FÉUO), la jeune femme a vu en septembre 2015 ses cours arriver à leur terme à la suite, officiellement, d’une réorganisation des programmes. À cause d’un courriel malencontreux soulignant « l’appropriation culturelle » des séances, l’affaire a attiré l’attention des médias, d’abord locaux, avant d’enflammer la presse internationale.

Vendredi 15 janvier, la séance commanditée par David’s Tea a attiré un grand nombre d’étudiants. Tout au long de la séance, Scharf s’est appliquée à ne parler que de « mindful stretching », plutôt que d’employer des termes faisant référence au yoga; « un peu pour rire » a-t-elle confié.

Emily Slade, vice-présidente aux affaires internes du Conseil étudiant de Telfer, interrogée sur la présence de Scharf, a refusé de commenter. Roméo Ahimakin, vice-président aux communications de la FÉUO, a également décliné tout commentaire.

Le retour du yoga à la FÉUO!

Depuis quelques semaines, des affiches colorées annonçant le retour des cours de yoga du CDI ornent les panneaux d’affichage du campus. Le 26 janvier, un premier cours a été tenu par Priyah Shah, la nouvelle instructrice.

Dès lors, le choix de la jeune femme, d’origine indienne, a soulevé les interrogations du public et des médias. En entrevue pour la CBC, l’intéressée s’est dite troublée par la controverse : « Je me suis demandé ‘M’ont-ils engagée parce que je suis indienne?’ Beaucoup de gens dans ma famille pratiquent [le yoga] mais je n’ai jamais pensé que j’étais meilleure instructrice parce que je suis indienne. »

Dans un communiqué sur sa page Facebook, le CDI explique avoir réinstauré les cours « à la suite [d’une] période de consultation et d’évaluation ». Ainsi, les nouveaux cours se tiendront dorénavant au Terminus du UCU, « un espace ouvert qui permettra d’accueillir plus de participants et participantes et de mieux accommoder ceux et celles qui utilisent un appareil d’aide à la mobilité ». Aucun commentaire n’a été formulé quant au choix de Shah.