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Actualités

Rester positif quand on entend que du négatif

2 Décembre 2019

 

Crédit visuel; Andrey Gosse – Directeur artistique 

Par Maeve Burbridge, Cheffe de la section Actualités

Comment font les gens qui travaillent en santé mentale pour garder la tête haute alors qu’ils doivent tout le temps gérer les préoccupations des autres? Plongez dans l’univers de la santé mentale avec La Rotonde afin de découvrir les hauts et les bas du travail dans le domaine.

Honora Harvey et Diana Eisenfeld travaillent toutes deux avec des personnes ayant été victimes de violence et d’abus. Elles font le point sur ce qui peut être ardu et les récompenses du travail du domaine.

Un travail qui en demande beaucoup

Harvey travaille à la Maison Interval d’Ottawa, un refuge pour femmes victimes de violence, à Ottawa. Elle révèle que ça peut devenir lourd psychologiquement de travailler dans le domaine de la santé mentale en raison de la grande responsabilité envers les femmes qu’elle aide. « C’est épuisant quand les femmes ont des difficultés au niveau de la santé mentale, quand elles ne vont pas bien et tu veux tout faire pour trouver une solution pour elles », confie-t-elle.

Pour Harvey, c’est particulièrement difficile lorsque les femmes avec qui elle travaille ne font pas des choix qui favorisent leur bien-être. Elle donne l’exemple des femmes qui, après avoir passé un temps au refuge, choisissent de retourner avec leur partenaire abusif alors qu’elles ont un soutien qui leur permet de quitter cette situation. Elle affirme que « c’est déchirant, ça brise le coeur ».

De son côté, Eisenfeld est une psychothérapeute qui travaille avec des personnes ayant été victimes de violence. Elle explique que, pour son métier, elle « choisit de voir les préoccupations de [ses] client.e.s comme des défis et non des problèmes. Les défis ne sont pas forcément négatifs ».

Elle concède qu’il faut beaucoup de nerfs pour travailler dans le domaine. Elle raconte que lorsque ses client.e.s vont moins bien, elle ne désespère pas puisqu’elle sait que ça va se régler avec le temps et un travail intérieur acharné.

Définir ses limites

Dans une profession liée à la santé mentale, il est absolument essentiel de séparer les préoccupations du travail des préoccupations personnelles, « non seulement pour [son] bien-être mais pour le bien-être des patient.e.s aussi, car il faut être totalement présent pour eux », explique Eisenfeld.

Elle explique que, souvent, un.e client.e peut avoir un problème qui touche personnellement le ou la thérapeute et qu’il faut faire très attention de ne pas réagir au cours de la session et de ne pas se laisser être affecté par la suite.

Harvey indique que ça peut être extrêmement difficile de lâcher toutes les émotions vécues au cours d’une journée de travail. « Quand je travaille très longtemps dans une journée et que j’entends histoire après histoire, ça devient difficile de l’oublier après » décrit Harvey.

Eisenfeld souligne la nécessité, pour ceux et celles qui travaillent en santé mentale, de prendre soin de leur bien-être et de connaître leurs limites, car il s’agit d’un travail qui peut être émotionnellement intense. Elle a, par exemple, une limite sur le nombre de sessions de thérapie qu’elle fait par jour.

Côté bien-être, Eisenfeld et Harvey disent toutes deux bénéficier d’énormément de relations amicales. Pour Eisenfeld, l’humour est une thérapie. « Je passe beaucoup de temps avec mes ami.e.s. On rigole et on fait des blagues. J’essaie de garder un sens de l’humour et de ne pas trop me prendre au sérieux », relate-t-elle.

Pour Harvey, c’est le soutien de sa famille, de ses collègues et de son chien qui l’aide le plus à traverser les moments difficiles que peut occasionner ce travail intense psychologiquement.

Des risques qui s’impliquent

La nature exigeante d’une profession en lien avec la santé mentale peut impliquer que ceux et celles qui travaillent dans le domaine sont à un risque élevé de souffrir d’épuisement professionnel.

C’est pour cette raison que ceux et celles qui travaillent en santé mentale voient très souvent eux aussi un.e thérapeute ou un.e psychologue.

Eisenfeld croit que tous les travailleurs du domaine de la santé mentale devraient eux aussi voir un.e spécialiste pour empêcher que leurs préoccupations vis-à-vis la santé mentale interfèrent avec leur travail.

La thérapeute voit elle-même une thérapeute et participe à des groupes de soutien pour prendre soin de sa santé mentale avant d’aider avec la santé mentale de ses client.e.s.

Est-ce que ça en vaut la peine ?

Le travail d’un.e spécialiste de santé mentale n’en est pas un qui est facile ou tranquille, mais les deux expertes affirment  que c’est un travail extrêmement récompensant.

Pour Harvey, la plus grande récompense, c’est de voir des femmes quitter des situations d’abus et de violence pour avancer vers une vie plus saine et heureuse où elles peuvent fleurir.

Eisenfeld affirme que d’observer le progrès de ses client.es lui apporte beaucoup de joie. « Mon travail m’affecte, mais pas de la manière que l’on penserait. Je suis concernée positivement et je sens que je me développe de plus en plus chaque session. Le fait de témoigner des progrès des gens avec qui je travaille est tellement précieux »,  déclare la thérapeute.

Les deux travailleuses affirment que l’aspect récompensant du travail dans le domaine de la santé mentale l’emporte sur les aspects lourds et difficiles de leurs métier.

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