– Par Philippe Davignon –
Après avoir pris connaissance de votre éditorial et des nombreux articles publiés cette semaine dans votre journal, je suis arrivé à la conclusion d’un flagrant manque d’équité dans la couverture des différentes facettes du conflit israélo-palestinien.
Je vous écris donc pour contrebalancer un point de vue trop souvent généralisé dans certaines franges de la société canadienne-française. Société qui, transposant sa condition de minorité opprimée, a sans cesse le besoin de compatir avec les peuples assujettis de par le vaste monde. Contrairement à plusieurs perceptions, le conflit opposant les Israéliens aux Palestiniens n’est pas un conflit du méchant juif usurpateur contre le gentil arabe oppressé, mais bien un conflit opposant deux belligérants. La seule différence est une question de moyens qu’a l’un de nuire à l’autre. La preuve étant que le Hamas, qui est le représentant démocratique (56 %) du peuple, de par l’organe du Conseil législatif palestinien, en appelle à la destruction de l’État d’Israël comme le démontrent les articles 11 et 12 de sa charte. Donc, ce qu’on reproche à Israël en fin de compte, ce n’est pas d’être le méchant au mauvais dessein, mais bien d’être le plus puissant des deux, et par là je dois malheureusement exprimer mon désaccord avec mes compatriotes prompts à se porter en défenseur des minorités opprimées. Le fait d’être le plus fort ne fait pas de lui l’ignoble, et si les Palestiniens en avaient les moyens les torts seraient certainement inversés comme le démontre l’Histoire. La situation de domination d’Israël n’est pas une agression, mais une réponse à une agression. Le premier groupe de défense israélien (Haganah) fut créé en réaction à une attaque de la population juive de la vieille ville de Jérusalem par une foule arabe. L’esprit pacifique qui prévalait au début chez les juifs palestiniens a subi sensiblement une modification au gré des attaques pour prôner finalement des représailles contre les populations appuyant les attaquants. Un exemple fut le massacre d’Hébron (1929) où la communauté juive d’Hébron fut prise d’assaut par des civils et des membres des forces de l’ordre arabes palestiniens.
Dans le plan de partage de la Palestine de l’Assemblée générale de l’ONU (1947), qui prévoyait la création de deux États distincts, seule la communauté juive de Palestine accepta les conclusions, contrairement aux communautés arabes qui rejetèrent le plan. Le rejet, de la part des Palestiniens et de certains pays arabes, de la reconnaissance du droit à un État juif d’exister, mena à la guerre civile 1947-1948 et finalement à l’entrée de forces étrangères transjordaniennes, égyptiennes et libanaises. Le reste fait partie de l’Histoire. On peut finalement conclure paradoxalement que la non-volonté de reconnaître le droit à un État israélien d’exister fut la cause pour les Palestiniens de l’absence de pays pour eux.
De plus, on oublie que les persécutions juives ne se résument pas seulement à la Shoah et qu’il est facile de se déresponsabiliser des malheurs du peuple juif quand on occulte tous les autres.
Que ce soit la chrétienté avec l’expression « peuple déicide » ou les nombreux actes historiques abjects, ils ont subi des préjudices innombrables. On n’a qu’à penser à Philippe-Auguste qui les spolia et les expulsa de chez eux. Philippe Lebel, lui, les fit arrêter, fit saisir leurs biens pour les contraindre à l’exil. Je ne parle même pas des persécutions, des pogroms en Russie et des massacres en tout genre. Les musulmans ne sont pas en reste, eux qui commencèrent, aussi précocement dans leur histoire, avec le massacre des Banu Qurayza (VIIe siècle). Il y a de nombreux autres exemples comme le massacre de Fès dit le Pogrom de Fès, 17 – 19 avril 1912, au Maroc. Ou encore, un Sadam Hussein qui interdit aux juifs la vente de leurs propriétés, les assujettit à une carte d’identité particulière et finit par les faire fuir avec ses exemples de pendaisons sur la place publique. L’Histoire recèle de centaines d’autres événements illustrant des persécutions qui sont loin d’être uniques.
S’il y a apartheid, ce serait un apartheid pour des raisons de sécurité. Imaginez que, même en période de trêve, des missiles continuent de tomber sur vous. Il est paradoxal de condamner Israël lorsqu’il « brise une trêve » pour répondre à des tirs de missile sur son territoire. On voit rarement, les gens condamnant généralement les attaques d’Israël, condamner les tirs de missiles explosant et faisant fi de toute trêve sur le territoire israélien. Tous les peuples sont responsables de la paix, mais il y a des peuples plus responsables que d’autres.
Philippe Davignon, citoyen