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Par Shérazade Faÿnel – Journaliste
Organisée par l’Association des femmes de droit de l’Université d’Ottawa, la soirée annuelle qui célèbre la diversité au sein de la Faculté de droit a eu lieu au 3ème étage du pavillon Fauteux, le mercredi 14 mars. Une cinquantaine de personnes étaient réunies pour assister aux discours successifs d’intervenantes et aux performances musicales de professeurs qui les ont succédés.
Ida Mahmoudi, une des organisatrices de l’événement, explique qu’ « il s’agit d’une réponse politique à la propagande anti-LGBT et au vandalisme de nos églises et de nos mosquées qui a eu lieu dans la région, l’année dernière, à peu près à la même période ».
Elle précise avoir pris la décision d’inviter étudiant.e.s et professeurs dans un but unitaire, pour célébrer « la diversité culturelle et intellectuelle » du milieu juridique. La jeune femme ajoute : « Nous avons invité des intervenants pour qu’ils parlent de leur expérience professionnelle en rapport avec le sujet ».
Des étudiantes interrogées se disent ravies d’avoir la possibilité d’assister à un tel événement. L’une d’entre elles rapporte qu’en tant que personne non-blanche, il lui paraît important de promouvoir la diversité dans la profession juridique. Une autre mentionne que « le climat importe beaucoup dans ce genre de profession » avant d’ajouter que « les avocats doivent être capables de défendre leurs clients au regard des oppressions qu’ils subissent ».
Justice pour toutes et tous
Intervenante principale de l’événement, Nathalie Des Rosiers, avocate et ministre ontarienne des Richesses naturelles et des Forêts, a débuté son discours en rappelant que l’U d’O est sur un territoire Algonquin et que les voix les plus silencées doivent être entendues.
Selon l’élue, il est primordial de favoriser la diversité au niveau intellectuel. « On a besoin de nouvelles idées pour refléter la profession juridique », affirme-t-elle, avant de conclure que « si la profession n’est pas diversifiée, elle ne défendra pas correctement sa mission, c’est-à-dire, apporter la justice pour tout le monde ».
Par la suite, Geneviève Boulay, étudiante en droit, a évoqué des statistiques inquiétantes. Sur 40 000 avocat.e.s en Ontario en 2014, seulement 1,5 % sont autochtones, 18% issu.e.s de la diversité et 81% sont blanc.he.s.
« Être invité à danser »
Katherine Cooligan, professionnelle dans le domaine du management, milieu peu féminisé, métaphorise : « L’inclusion et la diversité vont de pair. La diversité, c’est d’être invité à une fête et l’inclusion, c’est d’y être invité à danser ».
Elle a ainsi exprimé sa volonté que chacun.ne puisse revendiquer son identité, et ce, dans le monde professionnel. Boulay complète : « Il faut chercher la justice pour nous-mêmes, celle que l’on veut voir appliquée pour les autres ».
La profession juridique peut permettre d’apporter sa pierre à l’édifice de la diversité. Catherine Coulter nous le prouve bien. « Si je suis bénévole à l’OCRA (Ottawa Centre Refugee Action), ce n’est pas parce que je suis juriste. En revanche, mes qualifications juridiques m’aident dans mes réalisations », précise-t-elle.
Après une heure de discours intenses donnés à un public attentif, des performances musicales de la part de professeurs en droit ont laissé place à une atmosphère paisible. Maya, étudiante en deuxième année, fait notamment référence aux chansons performées par les juristes : « C’est unique de voir un événement comme celui-ci ». L’un des performeurs avoue ne pas jouer de guitare en public d’habitude, mais prendre plaisir à le faire pour contribuer à « célébrer la diversité ».