Par: Gabrielle Lemire, Cheffe Arts et culture
Reney Ray livre ses émotions à fleur de peau avec ce troisième album éponyme aux sonorités country-folk. La Rotonde a eu la chance de s’entretenir avec l’auteure-compositeure-interprète à l’occasion de son passage à la quatrième scène du Centre national des Arts vendredi dernier.
La Rotonde : Comment est ce que tout a commencé, comment t’es-tu lancée en musique au début?
Reney Ray : Je ne me suis jamais vraiment lancée en musique. J’ai commencé à écrire parce que j’avais beaucoup de chagrin : mon père est décédé quand j’avais onze ans. J’ai commencé à écrire pour gérer mes émotions. Éventuellement ça s’est développé pour devenir de la musique, quand j’ai commencé à jouer de la guitare à 13 ans. Les textes se sont changés en chansons. Dans la vie, je prends vraiment le temps de vivre mes émotions. Je les refoule pas. Je vais m’asseoir et je vais écrire sur ce que je vais ressentir. Je vais souvent avoir des amis qui viennent me parler de leur vécu et ça m’inspire des textes par rapport à leur vécu. Je suis quelqu’un qui est vraiment empathique.
LR : Comment trouves-tu la réception du public francophone en Ontario par rapport à ta musique?
RR : Je trouve ça important de montrer aux gens qu’il y a beaucoup de gens en Ontario et ailleurs hors Québec qui parlent français. On le sait qu’il y a beaucoup de gens qui ne sont pas au courant qu’on existe. Je suis capable d’écrire dans les deux langues : une chance. C’est sûr qu’en français, j’ai plus de difficulté à écrire, parce que j’ai un slang anglophone que je corrige. Moi j’ai foi que les gens vont se dire : « C’est une fille de l’Ontario, qui se force à chanter en français, parce que c’est sa langue » et je pense que les gens vont juste apprécier. Je crois que les gens vont écouter les messages que je porte avant de critiquer si j’ai dit moé au lieu de moi. J’ai foi que les gens vont m’accepter pour qui je suis. Je ne fais pas de la musique pour plaire à tout le monde, sinon ça ne serait pas authentique.
LR : Après avoir été jusqu’en demi-finale du festival de la chanson de Granby, qu’as-tu à retenir de cette expérience?
RR : Ça m’a inspirée de rencontrer autant de jeunes en même temps, on est tous là parce qu’on a une passion commune. Peu importe le style, le genre dans lequel on est, je trouve que ça m’a juste rappelé qu’on a tous le même but. On se parle tous encore. Je trouve que Granby porte attention à former les artistes de manière respectable : le festival n’enlève pas le droit aux artistes d’être qui ils veulent être. On nous donne vraiment des outils exceptionnels là-bas, des outils de formation qui sont incomparables.
LR : L’authenticité est une valeur fondamentale dans ta musique, comment comptes-tu rester toi-même le reste de ta carrière?
RR : Moi je ne veux pas être sur le 7 Jours ou un autre magazine. Je n’ai jamais fait de la musique pour être populaire. Je le fais parce que je suis passionnée. Si ça arrive, ça arrive et si ça n’arrive pas, je suis déjà heureuse et c’est ça qui est important. J’écrivais de la musique, en partant, parce que je voulais être bien avec mes émotions. Je voulais me gérer, être heureuse comme humain. Je me suis rendue compte à quel point ça me faisait du bien et je me suis dit que ça allait faire du bien à d’autres gens aussi. Alors tout ce que je fais découle de ça, toujours dans l’optique de faire du bien aux gens.