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Remplacer un curriculum « périmé » par un controversé

1 octobre 2018

Illustration : Andrey Gosse 

 

Par Maeve Burbridge, journaliste

L’administration Ford a pris la décision de remplacer le curriculum d’éducation sexuelle élaboré en 2015 par le gouvernement libéral par le curriculum datant de 1998 de façon provisoire, à la suite de plaintes de la part de parents et groupes majoritairement à valeurs conservatrices.

Le curriculum d’éducation sexuelle utilisé depuis 2015, mis en vigueur par le gouvernement libéral de Wynne, aborde les thèmes qui touchent actuellement la jeunesse tels l’identité du genre, le sextage et la cyberintimidation. Elle considère également des concepts clés comme le consentement et l’orientation sexuelle. Ces concepts ne se trouvent pas dans le curriculum de 1998, adopté de manière provisoire par le gouvernement Ford.

Curriculum de Ford

L’abolition du curriculum libéral datant de 2015 figurait parmi les promesses électorales de Ford, puisque plusieurs de ses supporteurs ont fait part d’inquiétudes par rapport au curriculum de 2015. Des groupes à idéologie plutôt conservatrice, supporteurs de Ford, tels Parents as First Educators et Parents Against Kathleen Wynne trouvent que le curriculum de 2015 enseigne aux enfants des informations issus d’une idéologie libérale avec laquelle ils ne sont pas d’accord. Par exemple, ces groupes ne croient pas que l’identité du genre est un réel enjeu. Selon leurs croyances, le genre est fixe et assigné à la naissance.

Le curriculum de 1998 a été mis en vigueur de manière temporaire pendant que l’administration Ford effectue des consultations auprès de parents dans le but d’élaborer un curriculum que ceux-ci vont approuver.

Opposition véhémente

Les conseils scolaires et professeurs d’éducation sexuelle d’Ottawa ne sont pas d’accord avec ce changement de curriculum, qui reflète des valeurs très conservatrices et qui datent d’il y a vingt ans. La Ontario English Catholic Teachers Association affirment que ses membres sont « extrêmement déçus » de l’adoption de ce curriculum périmé.

Par opposition aux supporteurs de Ford, plusieurs sont d’avis que ce changement de curriculum n’est pas une décision qui favorise le bien-être des élèves. Par exemple, des groupes plutôt de gauche trouvent que le changement de curriculum reflète des tendances homophobes au sein de l’administration Ford, toute mention de l’orientation sexuelle et de l’identité du genre ayant été retirée. C’est-à-dire que l’éducation sexuelle se fera en prenant pour acquis que tous les élèves sont hétérosexuels et cisgenre. 

Selon Sharlene Hunter du Ottawa-Carleton District School Board (OCDSB), le conseil publique anglophone continuera d’enseigner une politique qui encourage la diversité sexuelle et du genre et l’acceptation de la communauté LGBT, même si l’orientation sexuelle et l’identité du genre ne figurent plus dans le curriculum. « Nos salles de classe et écoles continueront à supporter l’égalité et la diversité, et à fournir un environnement d’apprentissage sécuritaire et bienveillant pour tous les élèves ainsi que la faculté », affirme-t-elle. Le conseil continuera également à supporter des clubs étudiants et organisations ayant pour but l’inclusivité de la communauté LGBT.

Projet pertinent ?

 Selon Liz Stuart, de L’Ontario English Catholic Teachers Association,  « avant 2015, les dernières mises à jour du curriculum datent de 1998. C’était une époque avant les téléphones intelligents, les réseaux sociaux et la compréhension et l’acceptation de différentes orientations sexuelles et identités du genre. De cette façon, le curriculum de 2015 a apporté des mises à jour indispensables pour répondre aux changements dans la société ». Mathieu Vachon, du Conseil des écoles publiques de l’est de l’Ontario (CEPEO) souhaite également que le curriculum qui paraîtra à la suite des consultations soit en mesure de « refléter bien les réalités de 2018 par rapport aux éléments auxquels nos élèves sont exposés au niveau du consentement et de l’identité », par opposition au curriculum provisoire.

Les conseils scolaires et professeurs d’éducation sexuelle ne comptent tout de même pas retourner au vieux curriculum si docilement. L’OCDSB a rédigé une lettre destinée au ministère de l’Éducation faisant part de leurs inquiétudes par rapport aux lacunes du curriculum de 1998. Yves Leroux, professeur d’éducation physique et d’éducation sexuelle à l’école secondaire publique De la Salle affirme même qu’il continuera à enseigner le curriculum de 2015 en dépit du changement imposé.

Selon Mathieu Vachon, les écoles du CEPEO ont mis en place des services pour répondre aux besoins des élèves si le curriculum n’est pas en mesure de le faire. Vachon encourage également les parents et la communauté à faire valoir leurs idées par rapport au changement de curriculum auprès du ministère de l’Éducation pour que les enfants « soient bien préparés aux réalités d’aujourd’hui ». 

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