Inscrire un terme

Retour
Cours en ligne
Actualités

Remettre les cours en ligne sur la table des négociations

Chaymaa Dinouri
16 septembre 2023

Crédit visuel : Nartistic — Directrice artistique

Article rédigé par Chaymaa Dinouri — Journaliste

Alors que les frais de scolarité augmentent, certain.e.s étudiant.e.s estiment que la qualité de l’enseignement ne suit pas. L’enseignement a dû transitionner rapidement au modèle virtuel pendant la pandémie. Étant donné la disponibilité du matériel en ligne aujourd’hui, ceux.celles-ci se demandent pourquoi les professeur.e.s ne peuvent pas les accommoder et offrir des cours en mode hybride. 

« C’est simple, mais [l’Université] ne veut juste pas s’investir », déclare la représentante de la Faculté des arts au Syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa (SÉUO), Hannah Wiedrick. Elle a créé en 2022 une pétition dans le but de prouver à l’Université d’Ottawa (U d’O) que les étudiant.e.s avaient besoin d’alternatives aux cours en présentiel. Plus de 400 personnes ont signé, cela suite à une publication qui a été partagée sur les médias sociaux pour une courte durée de temps. 

Du vécu

Wiedrick confie qu’en raison de sa maladie chronique, les cours en ligne lui sont très pratiques. Elle raconte que l’année dernière, il y avait toujours plusieurs cas de COVID-19 dans les salles de classe, malgré les avertissements de l’Université de ne pas venir si les étudiant.e.s étaient infectés. Durant cette période, Wiedrick explique qu’elle ne pouvait donc pas assister aux cours et qu’elle était obligée de se rattraper. 

Comme Wiedrick, Clary Fox, étudiante de quatrième année en Développement international et mondialisation, est déçue de la situation. Fox souffre, elle aussi, d’une maladie auto-immune qui rend difficile le déplacement d’une salle à une autre pour ses cours

Wiedrick souligne qu’il existait auparavant des assistant.e.s de professeur.e responsable de ce qui relève de la technologie. Cette fonction n’existe plus, rapporte-t-elle, malgré le fait que ces employé.e.s aidaient les professeur.e.s qui avaient certaines difficultés avec la technologie à gérer les problèmes techniques. « On est capable à cette Université d’avoir des cours en mode hybride. Ils déclarent ne pas en avoir les moyens, mais ce n’est pas le cas », constate-t-elle, en remarquant la disponibilité de la technologie dans les salles de classe. 

Processus de soutien et d’accommodement

Le processus pour accéder aux accommodements est complexe, poursuit Fox. Selon elle, il faut nécessairement présenter un document officiel d’un.e médecin.e avec un diagnostic d’handicap ou de maladie qui nécessitent une adaptation. Elle témoigne du fait que plusieurs étudiant.e.s internationaux.les se sont vu refuser des accommodements puisque les documents issus de leurs pays d’origine n’étaient pas acceptés. Elle enchaîne que présentement, il est difficile de prendre un rendez-vous avec un.e médecin.e pour obtenir un document ou un diagnostic à temps.

Les deux interlocutrices témoignent des différents accommodements offerts par le Service d’appui au succès scolaire (SASS). Fox rapporte qu’après le retour en présentiel, elle a eu besoin de certains accommodements concernant ses examens. Elle nécessite, entre autres, de pouvoir taper ses réponses à l’ordinateur plutôt que de les écrire à la main. 

Elle raconte qu’un jour d’examen, elle s’est dirigée vers une salle d’informatique, où elle a eu à attendre 30 minutes avant de pouvoir commencer. Le SASS aurait ensuite « perdu ma carte étudiante, ainsi que ses réponses à l’examen ». Fox ajoute qu’elle a dû elle-même imprimer ses propres réponses. Selon elle, il est plus angoissant de vivre cette situation que de suivre le processus normal, en dépit du manque d’accommodements. 

L’offre et la demande

La représentante des étudiant.e.s de la Faculté des arts rappelle les avantages de la disponibilité des études en ligne : le modèle hybride permet aux étudiant.e.s malades ou dans l’incapacité d’assister au cours, de ne pas manquer de matière. Tout de même, Wiedrick déclare que ce sont les étudiant.e.s qui payent pour ce service, et ils.elles devraient y avoir accès sans condition. « L’Université ne s’intéresse pas à cette question » et agira seulement si elle se sent menacée, dénonce-t-elle. 

L’indisponibilité des cours en ligne est une situation injuste et qui manque d’inclusivité envers les personnes ayant un handicap, selon Wiedrick. « L’U d’O a déclaré être une université inclusive en offrant des accommodements,  mais ces dernières rendent le processus bien plus compliqué », certifie-t-elle. Il est décevant, selon elle, de voir le manque d’intérêt de l’U d’O par rapport à l’indisponibilité des cours en ligne. Comme l’affirme Fox, « les professeurs ont le droit de s’absenter, mais pas nous ? »

La représentante au SÉUO rapporte que l’U d’O reçoit suffisamment d’argent pour adapter ses cours aux besoins des étudiant.e.s. Au lieu de cela, l’Université coupe présentement les budgets attribués à certaines facultés, ce qui contribue aussi à la disparition d’opportunités d’emplois pour les étudiant.e.s, insiste-t-elle.

Les étudiant.e.s payent alors pour un service, sans pour autant que ce service soit adapté à eux, conclut-elle. Le mécontentement de certain.e.s membres de la communauté étudiante est amplifié par l’augmentation annuelle des frais de scolarité au cours des dernières années. Comme le nouveau semestre bat son plein, il faudra voir si des changements se profilent à l’horizon.

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire