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Référendum sur les Assemblées générales : Une possibilité de changement radical

25 novembre 2013

– Par David Beaudin Hyppia

Du 26 au 28 novembre aura lieu le référendum pour les Assemblées générales (AG) à l’Université d’Ottawa. Un changement important dans la démocratie étudiante pourrait s’y produire, créant alors une première dans la culture politique étudiante ontarienne. Le syndicat de l’Université d’Ottawa se dotera possiblement d’un organe politique, l’Assemblée générale, qui permettra à tous les étudiants de s’impliquer dans le syndicat étudiant.

Le référendum est un mode de scrutin qui permet de se prononcer sur une ou plusieurs questions en particulier  « Bien que le Conseil d’administration de la Fédération étudiante puisse par lui-même mettre en place les Assemblées générales, le référendum leur donne le mandat de mettre en place cette structure décisionnelle », indique le site de la campagne du OUI aux Assemblées générales. Contrairement au système de démocratie représentative présentement en place à l’Université d’Ottawa, le système des Assemblées générales se veut une démocratie directe. Ce référendum va permettre premièrement de créer les Assemblées générales et deuxièmement de donner le statut d’instance décisionnelle suprême aux AG (présentement, le Conseil d’administration joue ce rôle). Par cela, il est entendu que chaque étudiant, peu importe sa conviction politique, aura le droit de participer aux débats politiques étudiants en y présentant des motions, pouvant soit présenter un nouveau règlement, amender un règlement ou même en abolir. Nul besoin d’avoir une position dans la structure hierarchique de la FÉUO pour accéder aux AG.  Ces motions seront alors soumises aux Assemblées générales, qui jugeront les motions par l’entremise de débat. Il ne sera plus question de passer seulement par le Conseil d’administration pour des enjeux concernant tous les étudiants de l’Université.

La majorité des membres de l’ exécutif de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO), dont la présidente Anne-Marie Roy, qui avait mis dans sa plateforme électorale la création des AG.. Les AG, étant l’instance décisionnelle dans la majorité des universités québécoises, deviennent des espaces communautaires affirmant la solidarité étudiante. Avec un taux de participation particulièremnt faible (les dernières élections partielles présentant un taux de participation électoral de seulement 3,8 %), la population étudiante pourra enfin se sentir directement concernée, mais surtout, elle pourra agir comme acteur politique à titre égal que les militants et les représentants élus. « Les AG seront une occasion en or pour que les étudiants soient plus impliqués dans le processus décisionnel de la FÉUO, pour unir les voix étudiantes, pour prendre position sur les enjeux auxquels nous faisons face et pour agir collectivement pour apporter des changements positifs à notre campus. Je suis de l’avis que les AG seront favorables à l’engagement étudiant et bénéfique à notre communauté », a affirmé Anne-Marie Roy,.

Il ne semble pas y avoir de regroupement officiel qui s’affiche contre les Assemblées générales. Malgré les incidents des affiches arrachées et les multiples débats Facebook sur le sujet, le parti favorable est seul a faire une campagne officielle.. La pétition pour la création du référendum avait obtenu 1750 signatures, ce qui dépasse le taux de participation à l’élection partielle de la FÉUO.

Pour que les Assemblées générales deviennent réalité, un minimum de participation de 5 % (de la population étudiante) doit être atteint au référendum. Il y aura des boites de scrutin un peu partout sur le campus ; soit à l’entrée principale des pavillons Marion, Lamoureux, Fauteux, Colonel-By, Desmarais, des Arts et FSS. Certaines seront également placées au premier étage du Centre universitaire (UCU) ainsi qu’au sous-sol près du bureau de la FÉUO, au deuxième étage du pavillon Montpetit, dans le salon étudiant de Roger-Guidon et dans la cafétéria d’ÉITI. Un débat sera organisé par la FÉUO, au Centre Universitaire Jock-Turcot lundi 25 novembre à 19h pour se pencher sur la question et offrir aux étudiants la possibilité d’échanger sur le sujet.

Les partisans du Oui font campagne sans adversaire | « Les AG sont inévitables» 

En vue du référendum pour les AG qui frappe à nos portes, La Rotonde s’est entretenue avec le porte-parole de la campagne du Oui aux AG, Jean-Philippe Ouellet. Le membre de l’Association des étudiantes et étudiants marxistes de l’Université d’Ottawa (AÉÉMUO) a exposé les raisons qui ont amené cette initiative et les enjeux qui entourent le scrutin référendaire.

La Rotonde : Que pensez-vous du mouvement étudiant ontarien d’aujourd’hui? Pourquoi faut-il voter oui selon vous?

Jean-Philippe Ouellet : Je pense que c’est tout simplement une question d’aliénation. Quand on a commencé cette campagne-là, on se demandait pourquoi le mouvement étudiant ontarien est mort. Pourquoi quand tu traverses la rivière, ça milite dès qu’ils augmentent les frais? Mais en Ontario, il ne se passe rien. La direction étudiante est différente des deux côtés de la rivière. Ici, les étudiants sont totalement aliénés face à leur syndicat étudiant. On ne sait pas c’est quoi, on ne sait pas qu’ils ont de l’argent, on ne comprend pas leurs politiques, on se fait achaler une fois par année pendant les élections et c’est le seul temps qu’on les voit. Le syndicat étudiant nous appartient, je paye mes cotisations, le syndicat est censé représenter les 35 000 membres. Pourquoi je n’ai aucun mot à dire sur ce qui se produit là, et la seule façon que l’on peut avoir un mot à dire, c’est avec les assemblées générales? C’est de la vraie démocratie. Moi j’ai un vote, la présidente de la FÉUO a un vote, même ceux qui ne s’intéressent pas à ça auront un vote. Moi je ne crois pas à l’apathie, je crois que c’est un mot inventé pour justifier le système présent. L’apathie n’existe pas, c’est de l’aliénation.

LR : Quel serait le rôle du CA si les AG deviennent le corps décisionnel suprême de la FÉUO?

JPO : Si le référendum passe, le CA va bien évidemment continuer à exister. Il y aura seulement une instance supérieure à celui-ci. Le CA aura à s’occuper des petites choses, mais les AG s’occuperont des grands sujets. Les AG vont prendre un an, deux ans, à maturer, pour que tout le monde puisse comprendre son fonctionnement et sa culture. Les AG, c’est comme planter la graine de la démocratie étudiante. Il faut commencer à la base. Moi je ne déteste pas la FÉUO et le CA. Ces problèmes sont institutionnels et non pas idéologiques. Il faut s’organiser. Les mouvements spontanés et impulsifs ne font qu’aliéner encore plus les étudiants. Ça va prendre une décennie avant d’avoir un mouvement étudiant semblable au mouvement québécois.

LR : Certains critiques disaient que finalement, il n’y aurait que des militants qui se présenteront aux Assemblées et ils vont bloquer les débats par des conflits idéologiques? Qu’en pensez-vous?

JPO : Cet argument se contredit lui-même. C’est exactement ce qui se produit au CA, les 32 sièges sont soit kidnappés par des tendances de gauche ou par des tendances de droite. Chaque année c’est la même chose, on a nos démocrates et nos républicains. Ce que nous faisons avec les AG, ça peut seulement améliorer la situation dont ces personnes-là parlent. Ce sont déjà des militants qui nous gouvernent, puis il n’y a personne qui s’implique. Ce qui est important c’est que les personnes normales pourront se présenter, et si cela se produit, les militants deviendront marginaux! On propose un quorum de 350. On propose un système qui va littéralement empêcher cette critique-là. Ceux qui critiquent le mouvement avec cet argument garantissent cette injustice-là. Selon moi, cela n’a aucun sens, mais c’est un argument réactionnaire, ce n’est pas basé sur un fait. L’argument qui revient le plus souvent, c’est que les étudiants n’ont pas le temps ou même qu’ils ne sont pas assez intelligents pour se gouverner eux-mêmes. Certains disent même de laisser les étudiants être des étudiants. Mais les étudiants sont intelligents, ils ont des opinions, les étudiants ne sont pas seulement des étudiants, c’est un travailleur, c’est un individu, c’est plein de choses. Il ne faut pas avoir peur des masses. Si tu es pour la démocratie représentative, c’est que tu penses que les masses sont assez compétentes pour choisir leurs propres représentants, de là, elles devraient être assez compétentes pour faire leurs propres choix sur leurs politiques.

LR : Pensez-vous que le référendum sera favorable au mouvement du Oui? Avez-vous des opposants?

JPO : On a eu 1750 personnes qui ont signé la pétition, ce qui est plus de monde qui a voté pour les élections de la FÉUO. Je suis d’opinion que les AG sont inévitables. C’est intéressant parce qu’on n’a pas d’opposition. La FÉUO est favorable au mouvement du Oui. Il n’y a pas de campagne du Non, mais il y a une campagne de boycottage. Ce qui est intéressant, parce que ça change totalement la dynamique de comment une élection fonctionne. Ce qui est intéressant, c’est qu’ils sont les premiers à se plaindre que personne ne participe aux élections. Il n’y a pas de compétition. C’est ce qui est triste, que le débat devient un débat gauche/droite. On veut justement créer un système dans lequel cette dichotomie sera réduite. Si c’était une question de gauche ou de droite, on s’impliquerait dans les élections de la FÉUO, etc. Ce n’est pas une question de gauche ou de droite, c’est une question de démocratie!

LR : Avez-vous déjà planifié le fonctionnement des AG?

JPO : Le déroulement est encore en construction. On ne sait pas encore comment tout sera fait, pour la traduction, les motions, etc. C’est sûr que cela est compliqué, mais c’est ce qui est nécessaire. On va en discuter et mettre en œuvre cela tout ensemble. Ce ne sont que des problèmes techniques, on peut les régler.

LR : Avez-vous un dernier mot à dire pour convaincre les étudiants d’aller voter?

JPO : Le mouvement étudiant n’a jamais été dans un  aussi mauvais état. Les syndicats étudiants sont incroyablement bureaucratiques, une population étudiante qui est totalement aliénée de son syndicat étudiant et qui est forcée de payer chaque année des frais de scolarité aberrants. Il n’y a pas d’organe de résistance pour la population étudiante. La seule façon de les mobiliser c’est de les informer et de les impliquer. Les AG vont régler ces problèmes-là. Il faut oublier cette idée qu’il faut être gouvernés par une élite, parce que ce n’est pas vrai. On est tous étudiants, on est tous égaux, et le mouvement étudiant est pour nous. Il faut montrer aux gens qu’ils ont un pouvoir sur la vie qui les entoure.

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