Inscrire un terme

Retour
Arts et culture

Réclamer la liberté d’expression jusqu’à quel point?

20 janvier 2014

– Par Lysane Caouette –

Il y a de cela environ trois semaines que surgissait dans les médias le cas de Dieudonné, humoriste français ayant choqué un bon nombre de personnes par ses blagues haineuses à l’égard des Juifs. Au fil des semaines, les représentations de son spectacle controversé Le Mur, qui étaient prévues notamment à Nantes et à Tours, sont tombées les unes après les autres, interdites par la main forte de la justice. C’était véritablement une lutte médiatisée de part entière, où la presse opposait le polémiste comique contre le ministre de l’Intérieur Manuel Valls, s’objectant fermement à son discours humoristique qui « trouble l’ordre public ».

À ce jour, Dieudonné a abandonné son spectacle Le Mur, mais revient vers ses fans avec Asu Zuo, son nouveau spectacle, considéré comme « quasi identique » au premier, mais « avec les propos antisémites en moins ». Pendant que certains s’offusquent du plus haut point devant le phénomène Dieudonné, considérant que le spectacle n’adhérait aucunement aux valeurs de la République, d’autres qualifient ces interdictions comme étant une censure de la part de l’État.

Mais jusqu’à quel point pouvons-nous réclamer la liberté d’expression? Jusqu’à quel point une société peut permettre aux gens d’exprimer des propos qualifiés de controversés par la pensée publique? En France comme au Canada, la liberté d’expression et de pensée est accessible à tous, promouvant ainsi une société hétérogène, que ce soit en matière de convictions, de croyances, ou bien d’opinions. Offrir une tribune à un humoriste qui promeut la banalisation d’un rabaissement racial n’agit en aucun nom d’une quelconque liberté de pensée. C’est plutôt un détournement complet de la question de la liberté d’expression que de propager publiquement des propos haineux.

Un humoriste peut se mettre dans une position d’influence face au public qui l’apprécie bien. Il détient une certaine forme de pouvoir tacite, celui d’amener ses spectateurs à réfléchir, en relevant par exemple un sujet tabou de la société qui, au départ, débutait tout simplement par une blague. Un processus qui, dans un sens, peut être positif à l’égard d’une société ou qui, comme le démontre le cas de Dieudonné, peut s’avérer faire l’effet contraire.

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire