Par: Gabrielle Lemire – cheffe arts et culture
À l’occasion du Mois de l’histoire des Noirs, un grand gala a été organisé par la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO) dans la salle Huguette-Labelle du Pavillon Tabaret. Le gala ayant pris place en soirée le mardi 27 février a suscité une participation telle des étudiants que tous les billets ont été distribués. Des étudiants canadiens, immigrants et internationaux provenant de la majorité des pays de la diaspora se sont réunis au gala pour célébrer les multiples initiatives présentes sur le campus durant le dernier mois. La Rotonde vous fait un retour sur février, Mois de l’histoire des Noirs.
La salle Huguette-Labelle se fait belle
Bien que le gala ait été planifié pour 18h00, à 18h45, des dizaines d’étudiant.e.s échangeaient dans la rotonde du pavillon Tabaret. Pour la plupart en habits de soirée ou traditionnels africains, ceux-ci attendaient avec fébrilité l’ouverture des portes de la salle de bal où un décor feutré les attendait. Des drapeaux représentant divers pays étaient disposés à chaque place autour des tables rondes.
Des œuvres d’art de l’artiste Emmanuel Akintade, originaire du Nigeria, étaient disposées un peu partout dans la salle, ses peintures à l’huile représentant pour la plupart des femmes. « Mes peintures ne sont pas par rapport à être blanc ou noir, explique Akintade, quand je fais une peinture, je veux que les gens la voient et s’imaginent eux-mêmes, qu’ils y trouvent leur propre définition ». Pour ce dernier, qui habite à Montréal, le Mois de l’histoire des Noirs tient sa définition en deux mots : « liberté et fierté ». L’artiste proposait donc de célébrer en s’unissant pour connecter, toutes cultures confondues.
Enjeux des étudiants noirs sur les campus
Pour plusieurs une occasion de réseautage et de remémoration des accomplissements des Noirs dans l’histoire mondiale, le mois de février représente aussi une occasion de partage des traditions entre personnes noires. Selon Joshua Dadjo, étudiant de quatrième année en biochimie, « comme peuple marginalisé, [le peuple noir] n’a pas eu pour longtemps la chance de célébrer [sa] culture et même aujourd’hui, célébrer cette culture est vu comme quelque chose à considérer deux fois ». Dadjo affirme : « Nos étudiants font face chaque jour à des défis qui leurs sont uniques ». Tel que mentionné par la maître de cérémonie, Vanessa Dorimain, ces défis se rapprochent de ceux vécus par les étudiants autochtones des Premières nations, Métis et Inuits sur les campus universitaires.
Pour créer une discussion quant à ces enjeux, soit les défis que peuvent rencontrer les étudiants noirs, la FÉUO organisait le 28 février un panel de discussion sur la réalité des personnes noires en contexte universitaire. Y siégeaient la vice-présidente pour l’équité Leïla Moumouni–Tchouassi ainsi que des étudiant.e.s des Universités de Toronto, Trent, Ryerson et Carleton. Celle-ci a par ailleurs abordé le climat sur le campus de l’Université d’Ottawa: « Les gens racialisés et des Premières nations sont souvent mis de côté. Il devient difficile et vraiment fatigant de se battre continuellement pour créer des espaces les uns pour les autres », affirme-t-elle.
Pour Joshua Dadjo, qui est né au Canada et a vécu le système d’éducation, « si les professeurs n’ont pas de confiance en tes habiletés, ça devient un défi. Quand tu arrives dans un contexte universitaire et que le prof te juge déjà à cause de la couleur de ta peau, ils ont déjà un préjugé contre toi. C’est extrêmement important qu’on en parle » Lors du panel de discussion, le thème récurrent était celui du manque de ressources pour les étudiants racialisés, que ce soit des formations du corps professoral et des intervenants dans les divers services fournis par les universités.
28 jours de célébrations
Que ce soit au campus ou dans les environs, la communauté noire a rayonné tout au long du mois de février. À elle seule, la FÉUO a proposé une dizaine d’activités en partenariat avec le Service de vie communautaire. Pour souligner le talent des artistes noirs du campus, des soumissions d’œuvres à une exposition d’arts visuels étaient ouvertes jusqu’au 14 février dernier.
Le 14 février, une soirée d’humour avait lieu au Café Nostalgica où les comédiens Aba and Preach étaient mis en valeur.
Le 6 février, le Centre de ressources des femmes de l’Université organisait son premier atelier pour l’entretien des cheveux noirs où les différents trucs et astuces étaient partagés avec les participantes. Un deuxième atelier permettra entre autres aux participantes de fabriquer leurs propres produits naturels. Leïla Moumouni-Tchouassi indique vouloir un espace où les étudiantes s’identifiant en tant que femmes noires pourraient se réunir plus régulièrement. En découle donc des rencontres hebdomadaires entre femmes noires au Centre de ressources des femmes.
Le Centre universitaire Jock Turcot prêtera également son sous-sol à un Marché noir le 19 mars prochain où des produits traditionnels africains seront vendus. Le Marché sera ouvert à tous les membres de la communauté noire ainsi qu’à ses alliés.