Inscrire un terme

Retour
Actualités

Réanimation de justesse par l’enveloppe du fédéral

21 janvier 2019

Illustration Andrey Gosse

 

Par: Miléna Frachebois, journaliste

Alors que le projet d’une Université francophone en Ontario commençait à voir le jour, le gouvernement Ford décide de faire des coupures pour raisons budgétaires, et l’UOF (Université de l’Ontario français) en a été la victime. La population retient son souffle pour l’avenir de l’institution qui devait ouvrir ses portes en 2020.

Soutien renforcé par le fédéral

Le 15 janvier 2019 marquait officiellement l’arrêt du financement de la part du gouvernement provincial pour l’Université. Suite à cette décision, l’Ontario francophone se voyait privé d’un projet attendu depuis des décennies dans la province. À la veille de l’arrêt de subventions en provenance du provincial, le gouvernement fédéral reprend le flambeau et s’engage à financer le projet pour la durée d’un an. S’élevant à 1.9 million de dollars, l’enveloppe fédérale est la bienvenue, mais ne suffira pas à faire avancer le projet.

L’Université est maintenue mais selon Normand Labrie, recteur par intérim de l’UOF, le développement est fortement ralenti, beaucoup plus faible dû au manque de ressources. Bien que cela soit une bonne nouvelle pour l’Université, celle-ci va devoir faire face à d’autres épreuves : en effet, les montants initiaux planifiés étaient de 12 millions de dollars en une année pour être en mesure de pouvoir embaucher le personnel nécessaire. Alors que le chèque est réduit de plus de 10 millions de dollars, l’UOF est en processus de réévaluation de ses plans pour établir quelles sont ses priorités.

Dans la déclaration de l’opposition officielle concernant le financement de l’UOF la députée France Gélinas exprime sa joie de savoir que le fédéral subventionne une partie de l’UOF mais précise : « Cela ne signifie pas pour autant que l’avenir de l’UOF soit assuré. Ce financement aide simplement l’UOF à rester à flot une année supplémentaire, mais ne garantit pas la pérennité du projet à long terme ». L’administration de l’Université recherche activement d’autres possibilités de sources financières, en attendant la fin de la pause dans le financement au niveau provincial.

Moyen de représentation du Canada français

Selon Labrie, cette université « représente beaucoup pour les Franco-ontariens ». Pour lui, l’importance passe par dessus le retard causé par un manque de financement, comme le public a pu le constater dans la mobilisation de décembre. C’est « un enjeu plus important, plus sérieux », qui revendique un travail de longue haleine et « une revendication légitime qui remonte à plusieurs décennies ». Il décrit le projet de l’UOF comme un projet mobilisateur qui va dynamiser la vie communautaire francophone, intellectuelle et son développement, sans compter l’accès à l’emploi pour de nombreux francophones. Il qualifie donc l’Université de l’Ontario français d’« importante, cruciale et stratégique ». 

Le Regroupement étudiant franco-ontarien abonde en ce sens. Ses coprésidences Kelia Wane, Radi Shahrouri et Marie-Pierre Héroux précisent dans un communiqué émis le 14 janvier que la mise à pied de l’UOF « aurait créé un recul non seulement face à des années de travail et de planification pour la mise sur pied de l’Université, mais également à des années de lutte des Franco-ontarien.ne.s pour l’accès à une université gérée par et pour les francophones ». France Gélinas conclut simplement en ajoutant que « l’éducation en français est un droit de la communauté francophone de l’Ontario ».

Obstacle aux missions de l’UOF

Après les coupures, les deux missions que l’UOF s’était fixées sont de toute évidence devenues plus difficile à réaliser que prévu. La première mission est tout d’abord axée sur le niveau académique. La mise en suspens du financement de la part du provincial ralentit fortement l’implication dans le volet de la recherche académique ainsi que le développement des programmes d’études. Cela cause du retard dans la capacité de les offrir en 2020 à de futur.e.s étudiant.e.s.

La deuxième mission qu’a endossée l’Université est l’appui de la francophonie dans la province. La menace de la disparition potentielle de l’Université nuirait au développement des services francophones de l’Ontario. D’autres problèmes matériels et humains découlent des coupures : les locaux, la construction, l’embauche d’un personnel enseignant ainsi que d’un personnel de soutien n’en sont que quelques exemples.

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire