
Impact économique de l’U d’O : « Une université, c’est une grosse business! »
Charlotte Côté
Entre 6,8 et 7,4 milliards de dollars. Voilà à combien a été estimé l’impact économique de l’Université d’Ottawa (U d’O), dans un rapport publié début janvier par le think tank Conference Board of Canada (CBC). Celui-ci dresse le portrait flatteur d’une université active dans l’économie et qui compte renforcer sa réputation au local comme à l’international.
Recherche, innovation et croissance : selon les nouveaux chiffres dévoilés dans un rapport de 128 pages, les investissements de l’U d’O représenteraient plus de 1,5 milliard de dollars du PIB annuel canadien. « Derrière ces chiffres se cachent tout simplement les dépenses de l’Université en chauffage, construction, services alimentaires, dans les salaires ou encore dans la recherche », explique Serge Nadeau, vice-recteur associé à la planification à l’U d’O.
L’université : « une grosse business »?
Selon M. Nadeau, la publication de ce rapport était essentielle pour permettre de souligner l’importance économique de l’U d’O dans la région. « Vous savez, les gens ont tendance à avoir une idée un peu préconçue des universités, mais une université, c’est une “grosse business” aussi », affirme-t-il.
Pour Mario Seccareccia, professeur au département de science économique, le rapport est avant tout un outil de marketing : « On a tendance à surévaluer les performances des institutions dans ce genre de document », élabore-t-il.
Pourtant, si le contrat pour cette étude a été accordé au CBC pour près de 100 000$, Veldon Coburn, chercheur principal au Centre pour les compétences et l’éducation au CBC, précise que le think tank n’a aucun lien ou intérêts directs avec l’U d’O, et que la recherche a été menée objectivement. Celle-ci a d’ailleurs été arbitrée par des tiers partis, familiers avec le milieu.
Le bilinguisme de l’U d’O : un pivot national peu subventionné
Beaucoup d’importance est mise sur le rôle « pivot » de l’institution comme la plus grande université bilingue au monde. Le budget annuel pour le bilinguisme de l’U d’O s’élèverait ainsi à 62 millions de dollars, dont 32 M$ subventionnés par les gouvernements fédéral et provincial.
D’où proviennent les 30 M$ restants? Même pour Nadeau, ce n’est pas clair : « Je ne suis pas sûr. Mais je suppose que cela signifie que si les subventions gouvernementales étaient plus importantes, on pourrait mieux subventionner les professeurs et faire baisser les frais de scolarité. »
Selon Coburn, il s’agit d’un des points clés sur lesquels l’institution pourrait s’améliorer : « l’U d’O pourrait aller chercher davantage de financement pour l’accès aux études bilingues et ainsi assurer une plus grande équité au niveau de l’accès aux études en français. »
L’impact social de l’U d’O quantifié?
En 2015, le « gain social » des investissements en recherche de l’U d’O aurait été de 958 M$. Selon Seccareccia, si ces impacts sont non-négligeables, ils restent extrêmement complexes à quantifier. « La transformation d’éléments peu tangibles, comme l’impact social que pourrait avoir une recherche, en valeur financière, est peu crédible », explique-t-il.
Coburn avoue que ce chiffre se base sur « des phénomènes sociaux peu tangibles ». Cependant, il ajoute : « En se basant sur la littérature du domaine, nous avons fait des estimations : sur sept ans, 30 à 60 % des développements de l’Université auront des retombées directes sur la société. »
Au final, beaux chiffres ou non, le rapport aura surtout eu un bel impact médiatique pour la réputation de l’Université. Et les auteurs s’en réjouissent, comme commente Coburn : « Beaucoup ne s’attendaient pas à voir que l’U d’O était un moteur d’influence économique si important dans la région. C’est quelque chose dont l’Université doit être fière, et si ce rapport permet d’attirer plus d’étudiants, c’est tout à leur honneur. »