
Rapport du Commissaire aux services en français : Une aide financière plus importante
– Par Samuel Lafontaine –
Me. François Boileau a dressé le portrait de l’abolition de la Bourse pour étudier en français. Dans son rapport intitulé « L’importance de bien faire ses devoirs », le Commissaire aux services en français de l’Ontario présente une conclusion ambivalente, déplorant la disparition du trait francophone rattaché à la précédente bourse, tout en admettant que davantage d’étudiants sont maintenant couverts par le nouveau régime d’aide financière.
Créée pour l’année scolaire 1975-1976, la Bourse pour étudier en français a été abolie au printemps 2012, lorsque le gouvernement provincial a décidé de créer un programme de réduction de 30 % des frais de scolarité pour les étudiants admissibles au Régime d’aide financière aux étudiants de l’Ontario (RAFÉO). Cette réduction de 30 % des frais de scolarité pour les étudiants issus de familles à revenus moyens était une promesse des libéraux lors de l’élection générale de 2011.
Avec l’ancienne Bourse, les étudiants admissibles recevaient un montant unique de 1500 $ pour l’ensemble de leur formation postsecondaire. Le nouveau programme de réduction des frais offre quant à lui aux étudiants admissibles un montant annuel de 770 $ pour les étudiants au collégial et de 1680 $ pour les étudiants universitaires, sur une période pouvant aller jusqu’à quatre ans ou six ans dans le cas des étudiants ayant un handicap.
Cependant, les personnes admissibles ne sont pas les mêmes dans les deux cas. Dans le cas de l’ancienne Bourse pour étudier en français, l’attribution se faisait grâce aux notes obtenues par un étudiant désirant poursuivre des études postsecondaires en français, alors que le nouveau programme de réduction des frais de scolarité s’adresse aux étudiants issus de familles à revenus moyens et ayant besoin d’une aide financière gouvernementale, peu importe la langue dans laquelle ils désirent poursuivre leurs études.
Ces changements dans les critères d’admission se répercutent dans le nombre de gens admissibles. En 2011-2012, la Bourse pour étudier en français a été attribuée à 779 étudiants seulement alors que pour le nouveau programme de réduction des frais, le Commissaire cite une estimation chiffrant à 2700 francophones étudiant à temps plein, le nombre de bénéficiaires.
Dans son rapport, « le Commissariat se réjouit que davantage de francophones et de francophiles puissent dorénavant obtenir un appui du gouvernement », mais souligne que « jusqu’à présent, l’aide financière qui leur est accordée par le RAFÉO ne tient aucunement compte de leur choix de poursuivre une éducation postsecondaire en français ou en anglais », comme c’était le cas avec la Bourse pour étudier en français. Pour le Commissaire et son équipe, c’est bien là le problème. Il n’existe plus aujourd’hui d’incitation financière visant spécifiquement à encourager les jeunes francophones à poursuivre des études supérieures dans leur langue. « Avant son abolition, la Bourse pour étudier en français envoyait un signal clair que les études postsecondaires en français représentaient un choix encouragé par le gouvernement de l’Ontario », toujours selon le rapport.
De plus, le Commissaire Boileau déplore le peu de données disponibles pour évaluer l’impact de cette modification sur les francophones et écrit que « le ministère a admis qu’il n’a pas conduit d’étude formelle afin de déterminer si les buts et les objectifs initiaux de la Bourse pour étudier en français avaient été atteints avant de l’abolir ».
Mais l’abolition de la Bourse pour étudier en français n’est pas le seul sujet abordé dans « L’importance de bien faire ses devoirs », car un peu plus d’un an après avoir aboli la Bourse, le gouvernement de l’Ontario a annoncé, le 13 mai 2013 à l’Université d’Ottawa, un changement au programme de Subventions ontariennes aux étudiantes et étudiants des régions éloignées. Ce changement vise à aider financièrement les francophones devant se déplacer à plus de 80 kilomètres de leur résidence principale pour poursuivre leurs études en français.
Pour illustrer cette modification, disons que Paul est un étudiant francophone admissible au RAFÉO. Paul vit avec ses parents à quelques minutes de marche de l’Université Laurentienne. Paul décide cependant de poursuivre ses études à l’Université d’Ottawa car son programme n’est pas offert dans sa région. Avec les modifications apportées au programme de Subventions ontariennes aux étudiantes et étudiants des régions éloignées, Paul est maintenant admissible à un montant annuel de 300 $ pour son transport. Ce montant est renouvelable chaque année pendant quatre ans et s’ajoute à la réduction des frais de scolarité de 30 % déjà mentionnée.
En conclusion de son rapport, le Commissaire revient sur l’importance d’offrir des programmes d’études postsecondaires en français dans la province afin de justifier l’offre d’incitatifs financiers. En cela, il renvoie à l’un de ses précédents rapports portant le titre « Pas d’avenir sans accès ».