
Radio universitaire CHUO : Bilan de l’année radiophonique avec Erin Flynn
– Par Clémence Labasse –
Au sous-sol du bâtiment Morisset se terre une organisation subtile, à l’âme liée à l’Université d’Ottawa (U d’O) depuis une quarantaine d’années déjà. Cachée des yeux du monde, la station de radio du campus de l’U d’O, CHUO FM, opère sobrement, tous les jours sans interruption, et ce, sans que la majorité des étudiants en aient parfois connaissance.
C’est sa musique qui résonne au sein du salon étudiant du Centre universitaire. L’une des seules radios bilingues du Canada, CHUO FM est une station indépendante rassemblant une équipe de 149 volontaires qui travaillent sans relâche pour offrir chaque jour une radio de qualité.
La Rotonde est allée à la rencontre d’Erin Flynn, directrice de la station depuis maintenant une dizaine d’années, passionnée par la radio et la vie vibrante de la communauté.
La Rotonde : Comment résumer votre station en quelques mots?
Erin Flynn : Si je devais décrire la CHUO en quelques mots, je dirais : station de radio communautaire, indépendante, musicalement stimulante, grassroots.
LR : Quels ont été les événements marquants pour la station cette année?
EF : L’un de nos gros succès est au Troquet, « La Chasse », un show qui met l’accent sur la musique d’artistes émergents francophones canadiens locaux en podcast live toutes les deux semaines, durant l’automne. L’idée était de faire gagner la station en visibilité, particuliè- rement au sein de cette région, […] et de donner l’occasion de jeter un œil sur ce à quoi cela ressemble de faire de la radio, en dehors du studio. Ce avec quoi nous avons sûrement le plus de mal depuis toujours doit être la visibilité sur le campus et au sein de la communauté. Nous voudrions avoir un nom, une marque plus reconnue, et nous avons développé des stratégies dans ce sens. Nous sommes diffusés continuellement dans le salon étudiant au UCU, où nous avons aussi un panneau d’informations. Nous avons essayé beaucoup de choses, comme un partenariat avec l’association des résidences, ou mettre de la publicité dans les kits de la Semaine 101 ou faire des concours. Si vous avez d’autres idées, vraiment nous sommes preneurs (rires).
LR : Au début de l’année, votre émission de variété punk rock City Slang a été sélectionnée par Radio-Canada dans leur liste des meilleurs programmes de radio au Canada. Quelles ont été vos impressions?
EF : Nous en sommes vraiment fiers! Nous avons vraiment du bon contenu, nous faisons une radio incroyable et nous y travaillons très fort. C’est vraiment important que les émissions que nous diffusons reflètent tout notre travail. Nous essayons de promouvoir le professionnalisme radiophonique de façon accessible, donc avoir ce genre de reconnaissance, c’est exaltant!
LR : Qu’est-ce qui fait un très bon programme?
EF : Le contenu est primordial pour nous. Nous cherchons toujours quelque chose qui est nouveau, différent, et qui propose de nouvelles façons de parler de sujets ou de musique. Il faut donc que ce soit bien pensé, avec un plan. Nous demandons à ce qu’il y ait un script autant que possible. La planification c’est l’élé- ment clé d’un bon show. Ajoutez à ça, sur le plan sonore, une chanson thème, des jingles. Bien entendu, il faut aussi pour nous être très liés à la communauté, que ce soit les étudiants ou plus général.
LR : Pourquoi pensez-vous que c’est important de mettre en avant les talents locaux et de leur donner des opportunités?
EF : L’art et la culture sont primordiaux pour enrichir la vie des individus et des communautés. Il faut qu’ils soient en mesure d’obtenir des informations sur les artistes locaux et d’avoir accès aux événements qui se passent près de chez eux. Pour la CHUO, je pense que cela fait partie de notre mandat en tant que station de radio. Nous pouvons offrir quelque chose que des stations plus commerciales n’ont pas. Nous sommes accessibles, les artistes viennent et ne sont pas confrontés à tout un tas de barrières avant d’être diffusés sur les ondes. Si nous n’étions pas là pour proposer ce genre de services, il y aurait un manque.
LR : Quelle est l’importance du bilinguisme pour la CHUO et comment mettez-vous en valeur le contenu français?
EF : Nous diffusons 35 % en français, 35 % en anglais, et 10 % dans d’autres langues. C’est important pour nous parce que c’est une réflexion directe de notre communauté, et puis c’est une opportunité unique. Il existe de nombreux services anglophones, francophones, mais je ne vois pas beaucoup de services bilingues de la façon dont nous le faisons. Nous sommes la seule et unique station bilingue au Canada. Ça a ses difficultés bien sûr. Nous devons traduire tout notre matériel promotionnel, ça prend du temps, mais ça vaut le coup. Au début, nous sentions que ça pouvait être un challenge pour les auditeurs qui pourraient se dire « Oh je ne comprends pas ça, je ne vais pas l’écouter », mais c’est pour ça que nous avons mis en place les plages Radio Active, pour ne pas séparer les deux langues. Si j’aime le hip hop, je m’en fous si c’est en français ou en anglais. Nous avons choisi d’éviter la ségrégation des programmes, ça reflète mieux notre communauté et les valeurs de la station.
LR : À quoi pouvons-nous nous attendre pour les saisons à venir?
EF : Beaucoup de choses excitantes! Nous allons lancer notre semaine de collecte de fonds en avril, pour un projet sur lequel nous travaillons, qui va avoir un gros impact pour aborder quelques problèmes auxquels nous faisons face, comme se faire une marque, plus interagir avec les étudiants : c’est la re-conception totale de notre site internet – qui date déjà de 2005 -, ce qui va permettre de mettre plus l’accent sur l’écoute de notre radio en ligne. Nous voulons le rendre très visuel et accessible. La liste des playlists sera disponible ainsi que beaucoup beaucoup plus de podcasts. Il y a un autre gros projet mais je ne vais pas vous dire ce que c’est. C’est du solide.