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Question autochtone : une réponse commune est nécessaire

3 février 2014

Autochtone

 

 

 

 

 

 

 

– Par Ghassen Athmni –

La rencontre entre La Rotonde et Georges Sioui a été particulièrement fructueuse, deux articles et plusieurs réflexions fondamentales en ont résulté. La question des Nations autochtones est certes de plus en plus débattue et certaines avancées ont pu être accomplies, sauf qu’elle n’en demeure pas moins épineuse et qu’on en est pas forcément beaucoup plus proches des solutions escomptées.Plus d’un an après Idle No More, et vu que ces problématiques continuent de ne pas avoir assez d’attention de la part des médias dominants, du moins tant qu’aucune voiture de police ne brûle, il s’impose de ressasser les raisons pour lesquelles ces franges de la société s’indignent et s’estiment marginalisées.

Des conditions inappropriées

Sur un plan purement matériel et factuel, les populations autochtones continuent de subir une discrimination indiscutable. À titre d’exemple, Amnesty International estime dans un rapport datant de 2011 que le budget consacré aux services à l’enfance pour les communautés aborigènes est proportionnellement 22 fois inférieur à celui réservé à cet effet hors des réserves. Cette différence est d’autant plus grave si on prend en compte le fait que dans ces communautés, les besoins sont souvent bien plus importants. En avril 2012, la Cour fédérale a ordonné au Tribunal canadien des droits de la personne d’enquêter sur la question afin de déterminer si les enfants qui habitent en réserve sont discriminés à cause de ce sous-financement. Cette problématique est très loin d’être la seule à être soulevée. Il ne s’agit que d’un exemple, mais il est primordial de s’y intéresser et de le prioriser en raison de l’ampleur des conséquences potentielles sur ces communautés. D’autres maux bien profonds continuent de les ronger, un niveau d’éducation très en deçà de la moyenne, problèmes d’addictions en tout genre et en particulier le grand nombre d’assassinats et de disparitions chez les femmes, ce qui ne cesse de hanter les nations autochtones.

Ceux qui défendent l’impérativité de changements d’envergure au niveau de la politique autochtone de l’État canadien se heurtent bien souvent à des détracteurs impassibles qui reprochent aux Autochtones tous les malheurs qui les touchent. Ainsi, ils se font stigmatiser et marginaliser. Cette attitude qui n’est pas sans rappeler les infamies les plus dégoûtantes des courants racistes et fascistes constitue une affliction inadmissible au jour d’aujourd’hui, pourtant, c’est en toute liberté et sous couvert de liberté d’expression que ces propos sont tenus dans les médias et sur les réseaux sociaux.

Un élan à dynamiser

Avec la survenue des derniers mouvements de contestations, un certain élan semble s’être mis en place. Indépendamment de tout ce qui peut entraver le mouvement, que ce soient des raisons externes ou internes, il est essentiel de ne pas perdre cette impulsion. Comme le dit M. Sioui, il est important de remodeler le discours et à partir du moment que le résultat d’une telle lutte est l’instauration d’un meilleur commun, la participation des jeunes et des moins jeunes non autochtones peut s’avérer particulièrement prépondérante. Pour faire passer leur message, les Premières nations, les Métis et les Inuits ont besoin de cette interaction dans laquelle les nouvelles générations semblent à même de leur donner la réplique. À l’Université d’Ottawa, l’exemple de l’Association des étudiants en études autochtones et canadiennes (AÉÉAC) et de l’Association des étudiants autochtones (AÉA), qui coordonnent leur travail et vont jusqu’à organiser des assemblées générales conjointes, est à souligner. Les luttes dites autochtones n’intéressent plus que les Autochtones mais muent en des questions dont les répercussions inquiètent et occupent des individus et des groupes de toute origine ethnique ou géographique. C’est cette transversalité que La Rotonde avait louée lors de la crise d’Elsipogtog qui doit être étendue et approfondie en vue de prétendre à une résolution effective de ces problématiques.

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