Par Clémence Labasse
La Rotonde s’est entretenue avec la présidente de l’Association des professeurs de l’Université d’Ottawa (APUO) Jennifer Deckker pour en apprendre un peu plus sur un syndicat dont les actions sont parfois méconnues du reste de la communauté universitaire.
La Rotonde : Qu’est-ce que l’APUO?
Jennifer Deckker : L’APUO est le syndicat des professeurs à temps plein de l’Université d’Ottawa (U d’O). Nous comptons environ 1300 membres, dont nous protégeons les intérêts. Nous travaillons aussi de concert avec les autres syndicats sur le campus pour faire une communauté plus juste pour tout le monde.
LR : Quels sont les enjeux sur lesquels vous travaillez, avec les autres syndicats?
JD : Des enjeux qui affectent beaucoup de monde sur le campus sont par exemple les services de garde pour enfants, ou encore les régimes de retraite. Nous travaillons aussi pour combattre la commercialisation du campus, c’est-à-dire tous ces business qu’on peut voir un peu partout sur le campus. Nous trouvons troublant qu’il y ait autant d’entreprises sur le campus.
La promotion de l’équité sur le campus est très importante pour nous. Bien entendu, nous travaillons sur les affaires académiques, notamment la standardisation de l’éducation. La sécurité et le bien-être de nos membres sont aussi très importants.
Nous avons aussi un comité qui s’occupe d’analyser les finances de l’U d’O. C’est la seule voix qui peut remettre en question la version officielle du service des finance, et découvrir les mensonges. C’est grâce à leur travail que nous savons que l’Université a un surplus budgétaire de 500 millions de dollars en banque qu’ils ne dépensent pas sur l’éducation.
LR : Cet été, vous avez exprimé des soupçons quant à la hausse salariale de 43,06 % de la vice-rectrice à la recherche de l’Université, Mona Nemer. Pouvez-vous m’en dire un peu plus sur cette affaire?
JD : Nous avons d’abord écrit une lettre ouverte de la part de tous les syndicats au Comité exécutif du Bureau des Gouverneurs pour dénoncer cette hausse salariale injustifiée. L’Université nous a répondu, mais c’était très insatisfaisant. Ils disent ne pas être au courant de cette augmentation. […]
Du coup, lundi dernier, le 22 septembre, nous avons envoyé une lettre à notre ministère en Ontario pour qu’une enquête soit ouverte sur la hausse salariale du doyen Jacques Bradwejn et de la vice-rectrice [ndlr : ceux-ci possèdent respectivement le 1er et 3ème salaire les plus élevés de l’U d’O]. Depuis 2012, il existe une loi qui ne permet pas de hausses salariales ni de bénéfices pour les administrateurs des universités. Ces hausses sont illégales !
LR : Finalement, que pensez-vous de la campagne marketing « Défiez les Conventions », sur laquelle La Rotonde a fait un dossier la semaine dernière?
JD : [Rires] Je ne dirai qu’une chose, nous avons une blague à l’APUO, c’est « Défier les conventions collectives ». Non, généralement nous ne sommes pas très impressionnés par le montant d’argent que l’Université dépense dans la publicité à la place de l’éducation. C’est très décevant.
*Dans une version préliminaire de l’article, il était inscrit dans la question de la journaliste que Mona Nemer est vice-rectrice aux études. Madame Nemer est en fait vice-rectrice à la recherche.