Photo Emilie Azevedo
Éditorial
Par Mathieu Tovar-Poitras – Rédacteur en chef
Décidément l’encre continuera de couler au sujet de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO). D’abord les allégations de mauvaise gestion financière, maintenant des accusations de milieu de travail toxique et de pratiques d’embauche douteuses. Il reste encore beaucoup de travail pour que la FÉUO regagne la confiance de la population étudiante.
Avant de chercher à conquérir le cœur de ses membres, la Fédération étudiante devrait commencer par s’assurer qu’à l’interne les choses se passent bien. Comme le dit Oscar Wilde : « S’aimer soi-même avant d’aimer les autres est l’assurance d’une longue histoire d’amour ». Si à l’intérieur même de la FÉUO certains employés ne sentent pas à l’aise, comment peut-on raisonnablement s’attendre à ce que le corps étudiant au premier cycle accorde leur confiance en l’institution ?
Nier l’existence des problèmes ne les fait pas disparaitre. Une maturité institutionnelle à laquelle on s’attendrait chez une institution ayant 60 ans d’existence serait de reconnaitre l’existence de telles situations pour les confronter de plein fouet. Cela impliquerait aussi une analyse introspective de ces mécanismes afin de les évaluer à la lumière des allégations. Même si on ne sait pas si ces problèmes sont véridiques, on va au moins chercher à savoir s’ils sont fondés – ou peuvent l’être.
Il est beaucoup question de la Fédération qui cherche à retrouver la confiance des étudiants. Comment va-t-on s’y prendre ? On a d’abord mis l’emphase sur la transparence au niveau des communications ainsi que le développement des dossiers liés aux allégations. On dit ouvertement qu’on a maintenant réalisé que c’est une composante essentielle dans le mandat de ce genre d’institution. Chapeau quand même – honnêtement – d’admettre que des erreurs ont été commises, mais que l’on va désormais être redevable à ce que nos membres réclament.
Un pari qui en vaut la peine
Mais pourquoi le faire que pour les aspects bénéficiant les relations publiques ? On se dit plus transparent ? Parfait, mais cela implique aussi d’être moins opaque au niveau des problèmes internes de la Fédération ainsi que des critiques soulevées à l’interne. La culture de l’omerta au sein même de la FÉUO a déjà fait assez de victimes au cours des dernières années. Si l’organisation se dit désormais aussi transparente qu’elle ne le laisse paraître, elle n’hésiterait pas non plus à admettre des défauts qui lui sont reprochés.
Bien entendu, des allégations d’environnement de travail toxique n’aideraient en rien une institution dans un état de précarité similaire à celui de la FÉUO en ce moment. Toutefois, au coeur d’un moment où elle est si critiquée et remise en question pour ne pas avoir reconnu ses problèmes, elle gagnerait des points à le faire présentement.
Certes le jeu est risqué, en particulier à la veille d’un référendum sur son existence. Mais quand l’on vise une transparence plus évidente, quand on adopte un discours qui prône nos actions au lieu de nos paroles, il faut éventuellement que l’on agence le tout ensemble.
Un futur nébuleux
L’Université d’Ottawa ayant annoncé qu’elle irait de l’avant avec la résiliation de son entente avec la FÉUO malgré le rapport de la vérification judiciaire ; le futur est en partie certain. À partir du 24 décembre, la FÉUO ne sera plus reconnue par l’Université comme étant l’unique organisation représentant les étudiants au premier cycle. Un référendum aura lieu, qui déterminera la survie, ou non, de la FÉUO.
Dans cette chronologie, les événements sont assez prévisibles. Toutefois, les détails entrant ces grandes lignes sont sujets à interrogation, en particulier les répercussions à l’interne de la FÉUO. Les services, les commerces, mais surtout les emplois au sein de cette organisation sont tous en situation précaire.
L’administration cherche à être rassurante, mais on doute de sa continuation : comment peut-on alors être entièrement rassuré par ses propos ? Le groupe souhaitant remplacer la FÉUO indique qu’il vise à conserver la structure déjà existante, mais on ne sait pas si c’est une promesse réaliste. Comment être entièrement rassuré par ses propos ?
Les deux options, qui semble être celles qui seront sur votre bulletin au référendum, ont toutes les deux une quantité importante de facteurs intangibles. Pour l’instant, ces deux groupes se veulent rassurants, mais soulèvent une quantité importante de questions, d’inquiétudes et de débats. C’est bien qu’ils se veulent tous les deux réceptifs et interactifs avec le public.
Elles ne doivent par contre pas oublier que les employés de la Fédération méritent aussi des réponses nettes et précises à leurs inquiétudes. Pour eux et elles, c’est une question de sécurité d’emploi ayant d’importantes incidences sur toutes les composantes de leur vie.