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Promouvoir la pensée critique chez les jeunes francophones avec la Coupe Éthique 2025

Crédit visuel : Athéna Akylis Jetté-Ottavi — Cheffe du pupitre Arts et culture

Entrevue réalisée par Mireille Bukasa — Cheffe du pupitre Actualités

Ce samedi 22 mars, l’Université d’Ottawa (U d’O) participera pour la première fois à l’édition francophone de la Coupe Éthique Canada 2025. Organisée par le Département de philosophie, cette compétition vise à encourager les débats sur des questions éthiques, tout en valorisant la pensée critique et la rigueur intellectuelle. Mitia Rioux-Beaulne, directeur du département et organisateur de l’événement, s’entretient avec La Rotonde pour détailler le déroulement de l’activité et en expliquer les enjeux.

La Rotonde (LR) : Comment définiriez-vous la Coupe Éthique, et comment se déroule la compétition ?

Mitia Rioux-Beaulne (MR) : La Coupe Éthique est une compétition de débats qui se déroule à deux niveaux : le niveau secondaire (de la 9e à la 12e année) et le niveau universitaire (premier cycle). Chaque équipe, composée de trois à sept joueur.se.s, doit s’entraîner selon les catégories. Au total, dix enjeux éthiques sont proposés, couvrant des sujets tels que : peut-on envisager une paix perpétuelle ? Ou encore, est-il possible d’imaginer une génération sans tabac

L’objectif de la compétition est que chaque équipe prenne position sur un sujet et défende sa position face à l’équipe adverse, qui devra ensuite soumettre des critiques et des réflexions sur le point de vue défendu. Enfin, un jury composé de trois spécialistes en philosophie sera présent pour poser des questions aux équipes, qui devront relever le défi de répondre à ces interrogations.

LR : Parlez-nous de l’équipe de l’U d’O. A-t-elle été préparée à affronter les défis de cette compétition ? Qui va-t-elle affronter ? 

MR : L’équipe de l’U d’O va débattre avec celle de l’Université de Saint-Boniface, de Winnipeg. L’équipe que nous avons formée est constituée de sept étudiant.e.s du Département de philosophie : nous avons pensé, pour cette première édition, qu’il.elle.s seraient naturellement intéressé.e.s par cette initiative. 

David Robichaud, un autre professeur spécialisé en éthique, prend en charge l’entraînement des étudiant.e.s. L’équipe a commencé à travailler sur les cas qui lui ont été présentés et se prépare activement en vue de sa rencontre avec l’équipe adverse.

LR : Quelle est la procédure pour participer à cette compétition ? Qui peut y prendre part ?

MR : Cette année, étant donné que c’est la première édition, nous avons adopté une approche un peu informelle. J’ai envoyé des courriels à toutes les personnes intéressées, en leur proposant de rejoindre une équipe pour représenter notre département.

À l’avenir, l’objectif sera de structurer davantage le processus. Nous savons bien que, selon le nombre d’intéressé.e.s, une seule école pourrait avoir plusieurs équipes. Ainsi, l’année prochaine, lorsque nous commencerons la préparation du concours, nous lancerons des appels à participation ouverts à tou.te.s. Ceci va permettre aux participant.e.s de former des équipes en fonction de leurs intérêts, car l’objectif de la Coupe Éthique n’est pas de rester cantonné à la philosophie.

LRParlant de philosophie, quelle est son importance au quotidien ? 

MR : Dans le contexte actuel de bouleversements mondiaux et des débats publics auxquels nous assistons, il est important de développer une pensée critique. La philosophie a principalement pour objectif de former des citoyen.ne.s capables de réfléchir de manière rationnelle sur des enjeux moraux, politiques et juridiques, tout en respectant les autres et en valorisant la diversité des opinions. Contrairement aux débats traditionnels, cette compétition vise à offrir une rétroaction constructive et à promouvoir des stratégies de débat éthiques, basées sur le respect et l’échange des perspectives. 

De même, il faut souligner que les questions éthiques sont fondamentales dans le monde d’aujourd’hui. Nous vivons dans une société confrontée à de nombreux défis éthiques, qu’il s’agisse des enjeux environnementaux, des questions liées aux soins de santé, ou encore celles de la diversité et de l’inclusion. Ces problématiques ont toutes un ancrage éthique, et les cas que nous demandons aux étudiant.e.s de travailler reflètent bien cette réalité. De fait, ces cas sont conçus pour les amener à réfléchir en tant que citoyen.ne.s sur des enjeux qui nous concernent tou.te.s.

LR : En quoi cette compétition impacte-t-elle la vie des étudiant.e.s à l’université ou à l’école secondaire ?

MR : D’une part, elle favorise le développement d’un sentiment d’appartenance à une communauté francophone. D’autre part, les jeunes qui s’intéressent à des sujets intellectuels seront soutenu.e.s. Dans nos institutions, on remarque que les élèves qui s’intéressent au sport, par exemple, sont immédiatement intégré.e.s dans des équipes comme celle de hockey. Cependant, ceux et celles qui, au secondaire, se passionnent pour des questions intellectuelles ou la littérature, par exemple, sont souvent marginalisé.e.s. 

Cette compétition leur montre que, peu importe leur niveau d’étude, ils.elles ont aussi une place et un rôle à jouer dans une société confrontée à des défis éthiques. Elle leur permet de voir qu’il existe une communauté qui valorise leurs intérêts, les encourage à développer leur confiance en leurs passions et, éventuellement, à en faire une carrière ou une profession.

LR : L’intelligence artificielle (IA) soulève aujourd’hui des questions d’éthique très importantes au sein de la communauté étudiante. Comment envisagez-vous cet enjeu ?

MR : Lorsqu’une société fait face à un bouleversement technologique majeur, comme l’arrivée du livre en 1480 ou de la télévision dans les années 60, cela provoque un choc qui remet en question nos pratiques traditionnelles. Cependant, les sociétés finissent toujours par s’adapter, et cela s’applique également au monde universitaire. 

Face à l’impact de l’IA, j’ai vu nombreux de mes collègues revenir aux méthodes traditionnelles d’évaluation, comme les examens sur table. En revanche, les jeunes professeurs.e.s s’adaptent rapidement, intégrant l’IA dans leurs cours et demandant aux étudiant.e.s de l’utiliser tout en expliquant leur démarche. Il est important de montrer aux étudiant.e.s les limites de l’IA. En présentant et en critiquant les réponses générées par l’IA dans mes cours, je montre aux étudiant.e.s que, même en tant que spécialiste, certaines réponses de l’IA sont insatisfaisantes. Cela les amène à prendre conscience de ses limites et de son manque de fiabilité.

LR : La compétition approche à grands pas. Sera-t-elle accessible au grand public ? L’équipe organisatrice est-elle prête ?

MR : Je suis en train de finaliser la liste des juges et j’ai quelques bénévoles qui seront présent.e.s pendant la journée, mais il m’en faut encore davantage. 

L’événement est ouvert au grand public, et la communauté universitaire est invitée à venir encourager les équipes. La compétition commencera vers midi, avec l’arrivée des équipes au Pavillon Simard, au rez-de-chaussée. Les résultats seront annoncés le même jour, suivis de la remise des trophées. J’ai fait réaliser de grands trophées dorés en métal véritable, ainsi que des médailles, que nous remettrons aux gagnant.e.s. Nous prévoyons aussi de la pizza pour tout le monde !

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