Crédit photo : Marianne Duval
Par: Shérazade Faÿnel – Journaliste
Mondmann : Moon Missions Lunaires, spectacle signé par Evan Webber et Pierre Antoine Lafon Simard, était diffusé la semaine dernière à La Nouvelle-Scène Gilles Desjardins (NSGD). Du 6 au 10 mars, les ottaviens ont pu célébrer le Mois de la Francophonie en allant assister à la pièce dans le cadre des Rendez-vous de la Francophonie.
La pièce de théâtre Mondmann: Missions Lunaires est produite par le théâtre du Trillium. Selon Catherine Carle, membre de l’équipe de coordination nationale des Rendez-vous, la Nouvelle-Scène « participe à faire la promotion des arts vivants francophones ». Le choix de ce spectacle s’inscrit dans une volonté d’encourager « les théâtres, les centres communautaires et les organismes francophones qui participent à un certain dynamisme et encouragent les jeunes ».
Les contradictions du progrès
Wernher Von Braun est connu pour son invention de la roquette V2 et comme étant à l’origine de la mission Apollo. Sa collaboration avec le régime nazi a souvent été occultée, de même que son recrutement par les États-Unis dans le cadre de l’opération Paperclip. Cette dernière visait à infiltrer des scientifiques allemands autrefois intégrés au 3ème Reich afin de remporter la guerre contre l’URSS.
Ces faces sombres de la conquête spatiale sont relatées sur scène, tant à travers des interstices de vidéos d’archives que des dialogues romancés de personnages réels. Pierre Antoine Lafon Simard, metteur en scène et membre de la distribution, explique : « Tout est tissé de manière bipolaire, entre magie et horreur ». Et cela, de l’atmosphère sonore aux personnages qui sont « à mi-chemin entre créer de grandes choses et être des monstres ».
Un spectacle réflexif
L’artiste relate cette volonté de représenter le progrès comme une ligne continue vers l’avant, à travers des scènes se situant respectivement, avant, pendant et après la Seconde Guerre mondiale. Une question centrale : aux dépens de qui se fait le progrès ? « Le théâtre a pour mission de questionner le public », s’exclame Lafon Simard avant de préciser que « notre perception de l’Histoire est fictionnelle ».
Au début du spectacle, une imprimante édite la trame narrative lue par les acteurs successivement. Avant que les rideaux ne se referment, la conquête de la Lune, dont il a tant été question tout au long du récit, est mise en scène. Des vibrations sonores intenses se font entendre et des tourbillons de fumée envahissent les gradins. L’imprimante réapparaît et imprime « l’histoire que le public peut raconter une fois qu’il a été déposé sur la Lune », selon les dires du metteur en scène. Le progrès se fera-il, à nouveau, au détriment de grands sacrifices humains ?
Mondmann : Moon Missions Lunaires sera rediffusé à Montréal à l’Usine C, du 14 au 16 mars 2018.