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Profilage social : Le mal caché de la rue

– Par Sinda Garziz –

L’École de service social de l’Université d’Ottawa, en collaboration avec la Faculté des sciences sociales, a organisé mardi dernier une conférence sur le profilage social, exposé comme étant le mal caché de la rue. Trois intervenants ont animé cette conférence, présentant différents témoignages de personnes ayant subi diverses formes de profilage social répressif à Ottawa, Gatineau et Montréal.

Katharine Larose-Hébert, professeure à l’École de service social, a commencé par donner une définition du profilage en général, qui se traduit en « toute action prise par une ou des personnes qui sont dans une situation d’autorité à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes pour des raisons de sûreté, sécurité ou protection du public et qui repose sur des facteurs d’appartenance réels ou présumés. Ces appartenances peuvent être la race, la couleur, l’origine ethnique nationale, la religion, l’appartenance à un parti politique comme les mouvements de contestation, la condition socio-économique ou un problème de santé. Ces personnes ciblées n’ont pas nécessairement commis un acte criminel, donc leur arrestation se fait sans motif réel ou même sans soupçon raisonnable et les expose à un traitement différent des autres citoyens », a-t-elle affirmé.

Mme Larose-Hébert a continué en expliquant que le profilage est chose de plus en plus courante de nos jours avec les différentes restrictions juridiques qui interprètent la sécurité publique d’une manière parfois excessive. Elle soutient que les services policiers ont de plus en plus de pouvoirs, pouvant notamment donner des contraventions pour des gestes aussi banals que de marcher sur la route, même dans les cas où aucune voiture ne s’y trouve ou lorsque les trottoirs sont glacés en hiver. Ces lois ont pour cause la sécurité routière et celle des piétons, certes, mais ce sont majoritairement des individus aux apparences moins conformes aux normes sociales, ayant par exemple une apparence punk ou hippie, qui sont ciblés, a expliqué la professeure.

Daniel St-Jean, directeur de l’organisation Droit-Accès de l’Outaouais, a pris le relais pour parler des sans-abris et du traitement qu’ils reçoivent de la part des policiers. Ils sont fréquemment arrêtés  pour une simple vérification de leurs pièces d’identité, pour ensuite se faire demander de quitter les lieux sous prétexte qu’ils sont sur une propriété privée. M. St-Jean a aussi mentionné  qu’il est de plus en plus courant de voir dans les villes des pancartes ou encore des clôtures interdisant l’accès aux parcs durant la nuit. « Il y a plus de patrouilleuses de police la nuit autour de ces parcs pour s’assurer que ces pancartes soient respectées. Mais ces parcs sont aussi considérés comme un abri pour les itinérants, car ils n’ont nulle part où aller et au lieu de trainer sur une propriété privée, ils préfèrent rester sur une propriété publique, qui leur appartient aussi. Les policiers ne sont pas de cet avis et ils reçoivent des ordres assez stricts d’arrêter ou de chasser ces personnes, sans tolérance », a-t-il affirmé.

Différentes organisations, telles que la Soupe populaire de Hull, Droit-Accès de l’Outaouais et le Gîte Ami de Gatineau, travaillent aujourd’hui pour assister ces personnes qui se trouvent victimes de profilage social en leur fournissant un support juridique. Ils organisent des ateliers pour valoriser et expliquer les droits d’une personne qui se fait arrêter sans motif. Cet effort vise à sensibiliser et à mettre à terme le profilage social.

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