
Première historique pour l’Ontario français : Le rêve d’une Université franco-ontarienne va-t-il devenir réalité?
Par Clémence Labasse
Première historique pour la communauté franco-ontarienne. Jeudi 19 novembre, le projet de loi 104 présenté par la députée NPD France Gélinas sur la création d’une université de langue française en Ontario a été, après de brefs débats, adopté en deuxième lecture. Ainsi, pour la première fois depuis des années de revendication, le projet sort des fantasmes de la communauté pour se rendre aux mains du Comité parlementaire transitoire, qui le peaufinera, et, peut-être, fera du rêve une réalité.
Lucas Egan était sur scène lors de la conférence de presse précédant les débats, ce jour-là. Étudiant en sciences politiques et administration publique à l’Université d’Ottawa (U d’O) et originaire de Ajax, il est depuis longtemps l’un des plus grands défenseurs du projet. Il avait cependant des doutes quant au passage de la loi. « J’avoue que j’ai dû crier un peu quand le projet est passé. Je suis agréablement surpris! », s’est-il exclamé.
Prudence cependant. Si, après l’adoption du projet de loi en deuxième lecture, de nombreux organismes Franco-Ontariens, comme l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (L’Assemblée), le Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO) et la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO) ont communiqué leur joie et leur soulagement, la partie n’est pas gagnée pour autant.
« Il y a encore beaucoup de travail à faire », a commenté la députée France Gélinas. « Je demande au gouvernement de surveiller ce projet de loi pour qu’il continue d’avancer. »
Dans un communiqué, la coprésidente du RÉFO, Geneviève Borris, renchérit : « Malgré les succès de la journée d’hier, nous attendons que le gouvernement aille encore plus loin qu’un appui de principe et partage, d’ici le début de l’hiver, ses échéanciers pour la nomination d’un conseil des gouverneurs de transition, qui pourra mettre sur pied cette université d’ici 2018. »
L’Université d’Ottawa, l’université des Franco-Ontariens?
C’est en tout cas ce qu’affirmait le recteur de l’U d’O, Allan Rock, dans une lettre ouverte publiée dans Le Droit le 21 octobre 2014. Il y exprime notamment qu’il vaut mieux soutenir « un endroit où la formation en français rime avec excellence, plutôt que de songer à créer un nouvel établissement qui pourrait mettre longtemps à atteindre les normes de qualité que notre université a si bien su établir. »
Appelée à réagir sur l’évènement de jeudi, l’Université a commenté : « Notre position demeure la même, les francophones de tout l’Ontario ont déjà leur université : c’est l’Université d’Ottawa. »
Dernièrement, il semble pourtant que l’U d’O ne renvoie pas cette image d’amour aux Franco-Ontariens. Dans un éditorial du Droit intitulé « Le paradoxe », Pierre Jury revient sur le manque de considération que constitue la nomination de Calin Rovinescu, le PDG Air Canada, compagnie connue pour ses maintes frasques dans le domaine du respect des langues officielles, envers les francophones de la plus grande université bilingue au monde.
Pour l’archiviste en chef de l’U d’O Michel Prévost, il est avant tout primordial de préserver le bilinguisme à l’U d’O, un des piliers de la francophonie en Ontario. « Il est important que la population francophone de l’Université d’Ottawa ne descende pas en dessous du tiers. Avec seulement un tiers, on peut continuer à être bilingue, à avoir une vitalité bilingue sur le campus, mais sans ça, cela devient ardu », explique-t-il.
Il rappelle également que l’Université d’Ottawa vient tout juste de se faire désigner partiellement en vertu de la loi des Services en français. Ce statut juridique doit selon lui être étendu au programme de second cycle. Prévost rappelle : « Les étudiants Franco-Ontariens qui ne reçoivent pas les services adéquats chez nous peuvent le signaler à l’Agente principale des politiques linguistiques, pour mieux faire progresser le français chez nous! »
Colloque du 400e de la présence francophone en Ontario : Un anniversaire mémorable pour une communauté riche en histoire
(PHOTO) Par Boni Guy-Roland Kadio Les 20 et 21 novembre, dix-huit conférenciers parmi les chercheurs et les personnalités les plus reconnus de l’Ontario français étaient de passage au centre Richelieu-Vanier. Avec pour objectif de souligner l’excellence de la culture franco-ontarienne au fil du temps, les conférenciers se sont relayés pendant deux jours sur des thèmes allant de l’histoire politique au monde des affaires, en passant par les médias. Pour en lire d’avantages, rendez-vous sur https://www.larotonde.ca/ |