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Arts et culture

Portrait de métier : être tatoueur.euse

10 novembre 2020

Crédit visuel : Nisrine Nail – Direc­­trice artis­­tique ;  Dominique Barbeau – Contribution ; Nicolas ThériaultFrank Pimenta – Facebook

Par Thelma Grun­­disch – Jour­­na­­liste

Ayant longtemps fait référence à la prison, aux gangs ou aux bad boys, le milieu du tatouage est aujourd’hui en plein essor. Rencontre avec Nicolas Thériault, Dominique Barbeau et Frank Pimenta, trois tatoueur.euse.s de l’Outaouais, qui dressent le portrait de leur métier. 

Métier multifonctions

Être tatoueur.euse ne se résume pas à appliquer un dessin sur le corps de quelqu’un ; d’après Barbeau, il s’agit d’une profession aux multiples facettes, qui demande beaucoup de polyvalence. « C’est 50 % de travail de production, 25 % de service à la clientèle et 25 % d’administration et de marketing », concède-t-il.

Au-delà de la partie artistique, les tatoueur.euse.s sont généralement des travailleur.euse.s indépendant.e.s qui doivent se charger de la partie administrative de leur activité, comme l’accueil des client.es, le secrétariat et la publicité sur les réseaux sociaux. Cela peut rapidement devenir pénible pour des artistes qui ne comptent plus les heures de travail, explique Pimenta. Mais selon lui, c’est aussi ça le service à la clientèle.

À travers des conseils et un accompagnement personnalisé pour chacun.e, les trois artistes s’accordent pour dire qu’une grande complicité avec les client.e.s se forme au fur et à mesure du processus de création. Thériault explique que c’est un art particulier, fortement lié aux sentiments. Il ajoute que son rôle est même de parfois « jouer au psychologue », pour des personnes qui se font tatouer le nom d’un.e proche décédé.e par exemple.

Métier éprouvant

Puisqu’il n’existe pas d’école pour apprendre le tatouage au Canada, l’apprentissage se fait généralement par observation d’un.e travailleur.euse expérimenté.e. Pimenta explique qu’il a commencé par trois mois d’observation dans un studio de tatouage, où il a appris les manipulations, les règles d’hygiène, et les spécificités des machines, notamment en les assemblant.

Les trois intervenant.e.s expliquent que ce métier n’est pas inné et demande beaucoup d’entraînement ; c’est particulièrement  le cas pour apprendre à maîtriser les machines et les différentes techniques. Selon eux.elles, c’est en pratiquant, d’abord avec des petites pièces et sous supervision, que l’on peut progresser et apprendre à s’adapter aux différentes variables.  

Ils.elles s’entendent sur le fait que la plus grosse difficulté du métier est le médium sur lequel les artistes travaillent : la peau humaine. Barbeau souligne que chaque peau est unique en forme, en texture et en couleur. C’est un énorme travail d’adaptation pour comprendre le corps, la lumière, les courbes et ne pas couper le muscle. Pour Pimenta, le défi est donc de travailler sur un support instable et changeant, tout en restant constant.e et assuré dans ses traits. 

Industrie en mouvance

Connoté négativement pendant trop longtemps, Thériault se réjouit que le tatouage devienne de plus en plus commun aujourd’hui, car il considère le tatouage comme « un moyen de s’affirmer à travers un dessin, et une chance pour quelqu’un d’être unique, et même de se sentir mieux ». 

Les tatoueur.euse.s constatent que l’offre et la demande de tatouages ont connu une hausse phénoménale ces dernières années, qui a mené à la popularisation de ce moyen d’expression. Thériault souligne qu’il s’agit d’une mode, puisque presque tout le monde est tatoué à l’heure actuelle. Quelques salons ont même fini par bannir des motifs jugés trop populaires, comme le signe de l’infini, ou l’envolée d’oiseaux par exemple.

Si les gens se font davantage tatouer, de plus en plus de jeunes cherchent aussi à se lancer dans le métier, mais il est difficile de trouver un salon où s’exercer en tant qu’apprenti.e, insiste Barbeau. Elle conseille alors aux intéressé.e.s de se faire tatouer par des artistes qui sont inspirant.e.s et experimenté.e.s pour commencer, afin de vraiment comprendre leur style de vie et les enjeux de la profession, puis de se constituter un bon portfolio de dessins.

Les débutant.e.s devront faire preuve d’endurance et de motivation pour se faire une place dans le monde en pleine évolution qu’est celui du tatouage. 

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