Crédit visuel; Andrey Gosse – Directeur artistique
Par Noémie Calderon Tremblay – Journaliste
Noémie Avidar est une scénographe de formation qui complète présentement une maîtrise en pratique théâtrale. Artiste à l’esprit décloisonné, elle puise son inspiration dans plusieurs formes d’art telles que la peinture ou la poésie.
La Rotonde : Comment vous décririez-vous ?
Noémie Avidar : Je pense que je suis extrêmement indisciplinée. Je prends des risques, je suis à la découverte de quelque chose constamment.
La Rotonde : Quel est votre parcours artistique ?
Noémie Avidar : J’ai débuté le théâtre tout d’abord en tant que costumière et accessoiriste. Puis, j’ai commencé à me faire confier des contrats de conception de décor et de costume et j’ai été reçue à l’École nationale de théâtre du Canada en 2006 en scénographie. Quand j’ai gradué, j’ai fait plusieurs conceptions pour le théâtre, la danse et le cirque, entre autres pour la compagnie de Marie Chouinard, pour le Groupe de la Veillée, pour le Théâtre L’Instant et pour beaucoup de compagnies et de chorégraphes indépendants.
La Rotonde : Quel est votre projet de maîtrise ?
Noémie Avidar : C’est surtout une maîtrise axée sur la mise en scène. Mon projet, vu que j’ai un background de scénographe, c’est d’amener cette expérience-là dans la mise en scène puis de proposer une façon de travailler l’espace en relation avec son architecture ou son écosystème.
Parce que selon l’espace dans lequel on travaille, on agit différemment, on reçoit des influences différentes.
Ce qui m’intéresse beaucoup, c’est d’amener les notions d’écologie sur un plan plus philosophique et moins environnementaliste. Je ne veux pas nécessairement faire des décors avec des bouteilles recyclées. Je veux plutôt chercher l’interrelation dans le travail ; avec les corps vivants mais aussi les corps inertes comme l’espace et les objets. C’est un terrain de jeu qui n’est pas résolu et dans lequel j’aime beaucoup explorer.
La Rotonde : Qu’est-ce qui vous a amené à choisir une carrière en art ?
Noémie Avidar : Je ne pense pas que j’aurais pu faire autre chose. C’est un mode de vie qui me permet de réfléchir, de créer et de questionner. Ça c’était vraiment important pour moi. C’est aussi un parcours où je savais que j’allais être en relation avec beaucoup de monde et que la demande à laquelle j’allais répondre allait avant tout être la mienne ou celle des gens avec qui je travaille.
La Rotonde : Comment votre idée de l’art a-t-elle évolué ?
Noémie Avidar : Une formation en scénographie ou en art en général apprend à formuler une pensée, à la communiquer et amener ce qu’on a dans la tête à la réalité. Ça, c’est le plus gros défi des artistes en général. Par exemple, en scénographie, on a une idée d’espace, c’est dans notre tête. Il faut être capable d’en parler avec un metteur en scène. En art, c’est un peu la même chose, on rêve à quelque chose mais il faut trouver des manières de le concrétiser.
La Rotonde : Selon vous, quel serait l’un des plus grands défis d’une carrière en art ?
Noémie Avidar : La communication et l’écoute de ce qui est devant nous.
La Rotonde : Quelles sont quelques-unes des thématiques que vous explorez ?
Noémie Avidar : L’espace, la notion de l’écologie et l’interrelation. L’humour est aussi très important. Pas de l’humour stand-up, mais amener de quoi qui n’est pas apocalyptique. Ça peut être bon dans l’époque qu’on vit…puis là, en ce moment, c’est d’entrer en relation avec des textes, ce que je n’avais jamais fait avant.
La Rotonde : Est-ce que vous écrivez ?
Noémie Avidar : Pour le moment, je prends des textes existants, mais à mon avis je vais finir par écrire. Parce que lorsqu’on navigue dans des idées d’écologie, c’est très difficile de trouver des textes qui n’imposent pas une façon de faire, un personnage, un espace ou une narration. Je suis à la recherche de ces textes-là mais ils sont difficiles à trouver. Je crois qu’il va y avoir de nouvelles dramaturgies qui vont se créer. Évidemment, moi je viens du domaine des arts visuels, de l’image et de l’espace. Donc, lorsque je suis entrée en mise en scène, on m’a demandé de diriger des corps et de partir d’un texte, c’était un défi complètement nouveau. J’essaye dans mon travail d’être en relation avec le texte choisi et de ne pas imposer ma façon de penser.
La Rotonde : Un conseil à donner à la jeune « vous » qui pense à une carrière en art ?
Noémie Avidar : Que ça se peut, que ça se vit et que c’est cool. C’est le fun!
Le Rotonde : Une oeuvre qui vous a marquée ?
Noémie Avidar : Pierre Alechinsky, c’est un peintre belge. Il fait parti d’un mouvement qui s’appelle Cobra. C’est un peintre qui m’inspire beaucoup pour son humour et son côté noir en même temps. J’ai vu son travail pour la première fois lors d’une exposition à Bruxelle autour de Cobra. Je me suis retrouvée au musée, il y avait de la poésie, des images et de la photo. C’était de la BD, mais en même temps c’était de la peinture et c’était joyeux; la joie de créer, sans être stupide. Il y avait cet aspect de communauté entre artistes de différents médiums.