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Arts et culture

Portrait étudiant : Elsa Lanoue-Mcewen

27 octobre 2019

Crédit visuel : Andrey Gosse – directeur artistique 

Par Miléna Frachebois – Journaliste 

À l’occasion de notre série de portrait étudiant, La Rotonde vous présente Elsa Lanoue-Mcewen, une étudiante de l’Université d’Ottawa (U d’O) et artiste visuelle, explorant à la fois le 2D et le 3D.

La Rotonde : Pouvez-vous vous présenter brièvement ? Quel type d’art produisez-vous ? 

Elsa Lanoue-Mcewen : Je m’appelle Elsa Lanoue-Mcewen, j’ai 20 ans et j’étudie en arts visuels. Je suis allée dans le programme pour découvrir d’autres types d’arts visuels, je veux sortir du 2D pour aller vers le 3D, que ce soit du numérique ou de la sculpture. 

La Rotonde : À quel âge avez-vous compris que l’art visuel était plus qu’un passe-temps ?

Elsa Lanoue-Mcewen : Je fais de l’art depuis que je peux tenir un crayon. Lorsque j’étais à la garderie, l’éducatrice a montré un de mes dessins à ma mère pour lui dire que j’avais du talent. J’ai compris que c’était vraiment plus qu’un passe-temps en 11ème année. À mon école, je faisais partie du programme spécialisé en art […]. En 12ème année, la question du futur est arrivée, j’ai commencé à réfléchir mais je n’étais pas certaine : au début je ne voulais pas aller en arts visuels puis j’ai réalisé que le cours d’art était le seul que j’aimais. Je faisais de l’art à l’extérieur mais c’est vraiment à l’école que j’ai découvert cette passion. Je faisais de la peinture chez moi, j’avais mon petit studio. J’ai commencé avec le dessin, puis l’aquarelle, l’acrylique et l’huile. 

La Rotonde :  Quelles sensations ressentez-vous lorsque vous produisez de l’art visuel ? Diriez-vous que cela a changé votre vie d’une certaine manière ?

Elsa Lanoue-Mcewen : Quand je fais de l’art, j’ai deux types de moments. Des fois je fais de l’art plus conceptuel, ma tête tourne, ça remplit ma tête. Puis j’ai des moments plus zens où je me laisse aller et je fais le vide. C’est une méthode de méditation. Je dirais que l’impact de l’art dans ma vie dépend de la période où je me situe. L’art peut devenir un exutoire et libérer mes sentiments négatifs et positifs. Ça m’aide à contrôler mes émotions et me sentir mieux dans ma tête, ça me donne le sentiment d’être vue, reconnue, une sensation de satisfaction personnelle. J’ai gagné confiance en moi de manière générale grâce à l’art. 

La Rotonde : Pourquoi avez-vous décidé d’allier votre passion avec votre chemin professionnel ? Pensez-vous que cela est viable sur le long terme ? 

Elsa Lanoue-Mcewen : Viable ? Tout dépend de ce que je veux en faire avec, je suis encore trop jeune. J’ai pris une chance avec ça, j’aurais pu aller dans un domaine avec des garanties, surtout économiques. Je ne sais pas ce que l’avenir réserve. J’ai fait ça sur un coup de tête. J’ai eu un moment existentiel : sécurité ou passion ? Puis je me suis dis que je pourrais marier les deux. Mon instinct m’a dit de faire ça. C’est pour ça que je suis là. 

La Rotonde : Avez-vous déjà participé à des projets artistiques ? Des projets sont-ils à venir ? 

Elsa Lanoue-Mcewen : J’ai toujours eu envie de faire une murale mais il faut que je trouve un mur et du temps. Je le ferai sûrement cet été. J’ai de nombreux projets, notamment apprendre à faire des photos à développement argentine car à l’Université, ici, on ne peut en faire qu’en noir et blanc. J’aimerais exposer à l’école aussi.

Un autre type d’art que j’aimerais faire c’est de la performance artistique. L’art contemporain est très aléatoire et divers, ça ouvre les portes à beaucoup d’expressions artistiques. J’ai déjà peint mon corps chez moi, mais cette fois-ci je voudrais aller vers quelque chose que je n’ai pas fait chez moi, comme une intervention urbaine, avec des mouvements, des technologies. J’ai eu l’idée de m’installer sur un matelas devant le parlement pendant 24h, mais finalement je trouvais ça un peu trop révolutionnaire. De l’art politique ça m’intéresse moins car je ne veux pas exprimer de la colère mais quelque chose de paisible. 

La Rotonde : Comment définiriez vous un bon artiste ? 

Elsa Lanoue-Mcewen : Je ne crois pas que ça se définit. Un bon artiste est quelqu’un qui s’appelle un artiste. C’est trop subjectif pour pouvoir y répondre. Tout le monde a quelque chose à transmettre de particulier. Le bon artiste se retrouve seulement dans l’oeil de celui qui regarde. C’est pour cela que le spectateur fait peur, parce que le jugement est automatique chez lui. Par exemple, si je fais de la peinture, je ne suis pas à côté de ma murale. Il n’y a pas d’empathie donc les gens peuvent dire ce qu’ils veulent quand ils voient l’oeuvre. En même temps c’est rassurant, car je fais pas face aux critiques et c’est plutôt solitaire comme art. On s’exprime derrière son art et c’est ça que j’aime. Cependant, j’aimerais sortir de ce cocon confortable, et être l’art, en faisant de la performance artistique par exemple. 

La Rotonde : Avez-vous des artistes qui vous inspirent ? Des modèles ? 

Elsa Lanoue-Mcewen : C’est un peu cliché mais ma mère m’inspire beaucoup. Elle m’a encouragé énormément. Durant toute mon enfance c’était la seule qui me disait que c’était possible d’étudier en arts visuels, sans me dénigrer ni me décourager, sans me dire que j’allais être pauvre et sans emploi. Elle a toujours gardé presque tous mes dessins et j’avais même une galerie de mes peintures à la maison. Elle est aussi une artiste mais elle n’a pas choisi d’en faire carrière. Ça reste une passion. À son époque c’était tabou et elle n’était pas prête à faire le saut. 

Quand j’étais petite, on peignait ensemble dans notre maison de campagne, dans le jardin, avec un chevalet. Je me sentais comme une mini-artiste. Ça a nourri mon amour pour l’art. 

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