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Arts et culture

Portrait d’un artiste étudiant : Mathieu Roy

8 septembre 2019

Crédit visuel: Andrey Carmo

Par Miléna Frachebois – Journaliste

Faire le choix auda­cieux de se lancer dans une carrière artis­tique sans regar­der en arrière. C’est ce que Mathieu Roy, un étudiant en arts, partage avec La Rotonde

La Rotonde: Pouvez-vous vous présen­ter briè­ve­ment? 

Mathieu Roy: Mon nom est Mathieu Roy, j’ai 25 ans. J’ai commencé mes études en sciences. J’ai été étudiant en compor­te­ment animal pour 3 ans. Ensuite j’ai fait la tran­si­tion du monde des sciences jusqu’au monde de la musique. J’ai fait un bac en arts et je me suis spécia­lisé en théâtre et en éduca­tion. Tout récem­ment, suite à une petite « pous­sée » des profes­seurs, j’ai décidé de faire le saut et d’al­ler en perfor­mance vocale. J’ai fait ça pour les derniers 2 ans.

Je suis en début de forma­tion de perfor­mance clas­sique, mais je fais aussi de la comé­die musi­cale.

J’ai toujours été passionné de la musique, j’ai chanté, j’ai joué le piano. Mais je n’avais jamais vu la possi­bi­lité de faire une carrière en musique. Ce qui m’a fait chan­ger d’avis, c’est le fait d’avoir travaillé dans un orga­nisme. Travailler de 9 à 5 dans un labo­ra­toire n’était pas fait pour moi.

La Rotonde: Qu’ai­me­riez-vous faire après votre bacca­lau­réat ? 

Mathieu Roy: Si tout va bien, j’ai­me­rais faire plus de programmes musi­caux, donc j’es­saie d’al­ler en perfor­mance. Je fais le plus de concerts possibles pour me présen­ter le plus souvent. Si ça marche bien, j’ai­me­rais travailler en gestion des arts, plus comme direc­teur artis­tique.

La Rotonde: Que diriez-vous à un étudiant qui serait tenté de pour­suivre ses études en arts ? Des conseils pour qu’il réus­sisse et qu’il s’épa­nouisse ? 

Mathieu Roy: La première chose est de ne pas se compa­rer aux autres. Tout le monde a son propre trajet. Il faut accep­ter où tu es dans ton trajet et de venir à terme avec ça. Il ne faut pas avoir peur de faire des choses qui ne sont pas direc­te­ment reliées à sa carrière. On ne sait jamais ce que la vie peut nous appor­ter. Il faut travailler fort et se prou­ver avant d’avoir les oppor­tu­ni­tés qui se présentent à nous. Il faut être inno­va­teur pour se créer ses propres oppor­tu­ni­tés.

La Rotonde: Est-il facile de se construire une carrière après avoir fait un bac en musique?

Mathieu Roy: C’est diffi­cile de se faire une carrière si on ne prend pas le temps d’ap­prendre la busi­ness; c’est-à-dire comment gérer les gens, comment gérer un orchestre, comment faire de la program­ma­tion musi­cale et du marke­ting. C’est des choses que j’ai dû apprendre. Si tu fais juste ton école et tu ne vas pas cher­cher d’autres oppor­tu­ni­tés, ça ne fonc­tion­nera pas. C’est l’or­chestre qui m’a permis de prendre des risques, d’es­sayer des diffé­rentes choses. Je n’au­rais pas eu cette oppor­tu­nité-là seule­ment en faisant mon éduca­tion. Il faut prendre des risques calcu­lés.

La Rotonde: Quels sont les défis auxquels vous avez fait face en rapport à la musique? 

Mathieu Roy: Travailler dans le monde de la musique signi­fie parfois aussi travailler dans un domaine un peu connexe. En ce moment, je suis en train de faire du marke­ting pour le théâtre français. Pour­tant, je n’ai jamais fait de théâtre en français. Mais j’ai eu l’op­por­tu­nité donc j’ai pris la chance. Il faut être poly­va­lent et ne pas juste faire son art.

Il est d’au­tant plus diffi­cile de produire de l’art à Ottawa parce que c’est très diffi­cile d’em­me­ner des gens dans une salle de concert. C’est une ville remplie de culture : il y a 175 chorales amatrices à Ottawa, et chacune fait 2–3 concerts, il y a telle­ment d’art à donner. Mais il y a juste un public et il n’est pas néces­sai­re­ment récep­tif.

Quand les gens viennent, c’est une soirée spéciale pour eux, ils y vont une fois par année. Mais ça devrait être le contraire. On veut que les gens viennent souvent, on veut que ça soit la norme. C’est diffi­cile d’abattre ce stigma-là, parce que cela fait des années.

La Rotonde: Quels ont été les défis que vous avez rencon­tré en admi­nis­tra­tion des arts? 

Mathieu Roy: Deux problèmes se posent. Déjà finan­ciè­re­ment, trou­ver du finan­ce­ment c’est presque impos­sible. Une orga­ni­sa­tion artis­tique sans trouble finan­cier n’existe pas. C’est toujours la recherche de bourses, subven­tions, dona­teurs; ce n’est pas facile. Il faut créer une commu­nauté, avoir des liens. La deuxième chose, c’est vrai­ment commen­cer un orga­nisme, car pour cela il faut des béné­voles. À un moment donné, les béné­voles se fatiguent et il est diffi­cile de trou­ver la relève, de trou­ver des gens qui sont capables de donner de leur temps. La réalité des choses, c’est qu’on ne peut pas payer les gens. Il faut aussi être capable de trou­ver une équipe dyna­mique qui est capable d’al­ler au-delà des choses.

La Rotonde: Quelle vision ont géné­ra­le­ment les gens autour de vous au sujet de votre passion/voie profes­sion­nelle?

Mathieu Roy: Dans ma famille, personne ne fait de la musique mais ils me soutiennent tout de même.

La Rotonde: Parlez-moi de vos réus­sites. Comment vous est venue l’idée de fonder l’or­chestre « Ottawa Pops orches­tra »? 

Mathieu Roy: Je suis direc­teur artis­tique de l’or­chestre pop d’Ot­tawa. Cela prend ses racines de l’Uni­ver­sité. Sept ans passés cela a été formé en tant que club univer­si­taire, je voulais un espace où on pouvait jouer avec des amis. Fina­le­ment, personne n’était dispo­nible donc ça a été ouvert à toute l’uni­ver­sité. Ça commencé par 5–6 personnes jusqu’à 25 par la fin de l’an­née. Là, on a décidé de former un petit groupe ensemble et on a fait un concert. Il fallait le faire évoluer à partir de ce point-là.

Main­te­nant, on s’est séparé de l’uni­ver­sité en avril 2017 juste parce qu’on a vu l’op­por­tu­nité de vrai­ment se fonder comme une orga­ni­sa­tion à but non lucra­tif et d’ou­vrir nos hori­zons. Ce qui distingue cet orchestre, c’est le fait que ce soit majo­ri­tai­re­ment pour les jeunes par les jeunes. Cepen­dant, c’est ouvert à tous. Le niveau est assez haut donc on audi­tionne les gens chaque année, on est en proces­sus de crois­sance. On essaie de tirer les liens dans la commu­nauté clas­sique et popu­laire dans la région d’Ot­tawa parce qu’il y a vrai­ment une grosse divi­sion entre les deux mondes. Ce qu’on essaie de faire, c’est promou­voir la musique orches­trale à un public géné­ral et viser les gens qui ne sont pas néces­sai­re­ment impliqué dans les arts.

80% de notre public regarde un orchestre pour la toute première fois.

La Rotonde: Avez-vous d’autres projets par la suite ? 

Mathieu Roy: En ce moment on travaille avec plusieurs autres musi­ciens et artistes de la région. On essaie d’or­ga­ni­ser un concert à but cari­ta­tif pour la protec­tion de la forêt et contre la défo­res­ta­tion. On veut rassem­bler la commu­nauté artis­tique; on a plusieurs chan­teurs en colla­bo­ra­tion avec l’or­chestre. On aime­rait mettre cela en place début octobre. On veut lever des fonds et faire une diffé­rence.

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