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Arts et culture

Pièce de théâtre Enron : Du succès à la faillite

24 février 2014

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– Par Shabnam Bahramifarid –

La pièce de théâtre Enron de la dramaturge anglaise Lucy Prebble, mise en scène par Ron Jenkins, sera présentée au Centre national des Arts jusqu’au 1er mars prochain.

Enron raconte le succès monétaire incroyable et la faillite désastreuse de la compagnie américaine Enron et de son président–directeur général Jeffrey Skilling (joué par Dmitry Chepovetsky, né en Ukraine, mais élevé dès son jeune âge à Regina). L’histoire s’ouvre sur la promotion de Skilling et sur une série de fêtes extravagantes pour célébrer l’occasion. Avec lui, il ne semble y avoir de crainte : la compagnie et les investissements des employés sont entre bonnes mains. Ou plutôt, c’est ce que Skilling veut que les gens croient, surtout lorsqu’il se rend compte que la compagnie ne reçoit aucun profit, malgré la valeur montante de ses actions. Après qu’un de ses employés lui présente une stratégie risquée, celle de créer de plus petites compagnies pour cacher les pertes de l’entreprise, cette dernière se met en plus grand danger financier. Par une grande série d’événements désastreux, Enron devient la plus grande faillite d’entreprise dans l’histoire américaine.

Vu la complexité des manœuvres qui ont entrainées la chute de l’entreprise, le spectacle est plus centré sur les actions des personnages. Leur personnalité, les relations qu’ils entretiennent les uns avec les autres et leur vie personnelle sont subtilement présentés aux spectateurs. La musique est aussi essentielle au spectacle pour exposer certains thèmes : l’avidité et le pouvoir de l’argent sur le monde. Danses exagérées, hystérie chez plusieurs personnages, le tout est une sorte de peinture directe et évidente de la bulle dans laquelle vivaient les employés d’Enron. Skilling et son entourage professionnel célèbrent de manière extravagante leur succès, faisant appel à une musique populaire et forte. Or, dès que les pertes se multiplient, cette même musique devient sombre et pesante. Éventuellement, toute trace de célébration s’efface. Les couleurs changent aussi : le rouge, le bleu et le vert brillants et vibrants se dissipent en un noir et un blanc représentatifs de la chute d’Enron.

La qualité du jeu des acteurs devient plus évidente lorsqu’on se rend compte de la simplicité de la scène. Pendant la majorité du spectacle, il n’y a quasiment rien sauf quelques chaises, des boîtes, et une grande table. C’est aux acteurs et à leurs mouvements que revient la tâche de créer le cadre scénique, ce qu’ils font avec une aisance étonnante, passant d’une fête d’employés à un bureau de travail, jusqu’à une scène de rue. Chepovetsky le fait de la même manière avec Skilling, montrant l’évolution si humaine d’un homme qui a rêvé de changer le monde, mais qui a fini par se perdre dans ses ambitions.

En outre, la pièce utilise des masques de créatures et d’animaux pour représenter certains aspects métaphoriques. Par exemple, dès le moment où la chute d’Enron approche, des « dinosaures » apparaissent et terrorisent Skilling, symbolisant les failles d’Enron. Skilling est aussi hanté par l’image de sa fille qu’il a négligée pour construire sa carrière. C’est un portrait extrêmement humain de la faillite de l’entreprise que présente la pièce Enron.

Entre drame, ironie et humour noir, Enron offre une interprétation époustouflante d’une histoire qui a bouleversé le monde des affaires au début du nouveau millénaire.

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