Par Nonibeau Gagnon-Thibeault, Journaliste
L’organisation Un-Tied SFUO a mis en ligne une pétition et co-organise une manifestation exigeant la destitution immédiate de Rizki Rachiq et Axel Gaga, respectivement président et V.-P. aux opérations de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO), ainsi que le renvoi de la directrice exécutive Vanessa Dorimain, suite aux allégations de fraude.
Étant insatisfait du refus du conseil d’administration de la FÉUO d’adopter les motions appelant à la suspension temporaire de Rizki Rachiq et Vanessa Dorimain, le groupe de pression Un-Tied SFUO estime que « ça met en lumière l’incapacité de nos représentants de prendre des mesures protectrices pour sécuriser les intérêts des étudiants ».
« Ce que nous voulons voir, c’est la fin de la corruption dans notre fédération étudiante », explique Zachary Robichaud, porte-parole francophone de Un-Tied SFUO. Le groupe estime que les représentants élus à la FÉUO n’écoutent pas les étudiants et votent contre leurs intérêts. Le fondateur de Un-Tied SFUO, Moe Abu Rouss, porte en exemple la hausse salariale de l’exécutif au début de 2017, qui avait été refusée par les étudiant.e.s en Assemblée générale, mais qui a tout de même été adoptée au conseil d’administration (CA).
Des questions référendaires
Un-Tied SFUO, créé au courant de l’été, répond au vote du C.A. en lançant une pétition générale en ligne qui exige « la destitution des deux membres de l’exécutif ainsi que le renvoi de l’employée faisant face aux allégations » afin de mettre de la pression sur la Fédération étudiante. À date de publication, la pétition compte plus de 650 signatures.
L’organisation ajoute à cela trois pétitions sur papier, une pour chaque personne visée par les allégations, qui demandent la tenue de questions référendaires sur la destitution de ces personnes. Le groupe de pression a besoin de 1 800 signatures d’étudiant.e.s de l’Université d’Ottawa (U d’O) sur ces pétitions afin de tenir le référendum.
Une union de clubs
Une manifestation, co-organisée par le club NPD uOttawa, appelant à la destitution des trois personnes touchées par les allégations de fraude aura lieu le 6 septembre prochain vers midi, devant les bureaux de la FÉUO. « On veut conscientiser les étudiants sur le campus par rapport aux problèmes qui se passent et la nécessité de faire des actions collectives suite aux fraudes alléguées », explique le porte-parole de la manifestation, Francesco MacAllister-Caruso.
Selon lui, les pétitions feront une pression suffisante pour influencer le C.A. « Si le C.A., à ce point-là, refuse encore d’écouter les étudiants, il va y avoir plus de mobilisation sur la FÉUO », affirme avec confiance MacAllister-Caruso.
La manifestation a notamment le support des clubs du NPD uOttawa, des Conservateurs du campus uOttawa, des Jeunes libéraux de uOttawa et des Verts du campus uOttawa. Un consensus rare parmi les 4 formations politiques canadiennes, mais qui ne surprend pas MacAllister-Caruso : « Unir tous les groupes politiques fut facile, peu importe leur idéologie, ce sont aussi des clubs insatisfaits et les politiques de la Fédération les affectent aussi », explique-t-il.
Le bénévole du parti Solutions et ancien V.-P. aux communications de la FÉUO rapporte également que certains clubs étudiants supportent la manifestation, mais ne le font pas officiellement par peur de représailles de la part de la FÉUO. « Ils ne veulent pas que la Fédération s’en prennent à eux », regrette-il.
La réaction de l’Université applaudie
Selon MacAllister-Caruso, la pétition générale en ligne permettrait de démontrer le support des étudiant.e.s pour la suspension de transfert des cotisations à la FÉUO de la part de l’U d’O, annoncée le 10 août dernier.
L’Université avait alors demandé le déclenchement d’une vérification juricomptable. L’U d’O a expliqué que « des mesures seront mises en place afin d’assurer la continuité des opérations financières de la FÉUO jusqu’à la conclusion de la vérification et jusqu’à ce que l’Université soit assurée que de saines pratiques financières et des mesures de contrôle adéquates sont en place ».
C’est une mesure hautement appréciée par le porte-parole francophone de Un-Tied SFUO, Robichaud. « Nous sommes vraiment fiers de l’Université pour cela. Nous comprenons que c’est tout ce que l’U d’O peut faire, et nous sommes reconnaissants qu’ils ont pris ce pas pour protéger les étudiants », remercie-t-il.
Pour sa part, l’administration de l’U d’O ne compte pas aller plus loin. « Il revient à la population étudiante de débattre des questions de gouvernance et de gestion interne de leur fédération. L’Université n’entend pas s’immiscer dans ce débat », assure Patrick Charrette, directeur des communications institutionnelles de l’U d’O.
Le président et responsable des communications de la FÉUO, Rizki Rachiq, n’a pas répondu aux nombreux courriels de La Rotonde.