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Arts et culture

{Ré}conciliation : Perler pour parler

23 janvier 2017

Arts et culture

Par  Myriam Bourdeau-Potvin

Sam Thomas, artiste autochtone se spécialisant dans l’art traditionnel des perles iroquoises, a fait don de sa première porte travaillée en atelier de groupe dans le cadre du projet {Ré}conciliation au Conseil des arts du Canada. L’œuvre, qui a avant tout contribué au processus de réconciliation entre les communautés autochtones et les autorités officielles du clergé, a maintenant rejoint la banque d’art accessible au public canadien.

Un passé de génocide culturel

Pendant 165 ans, le but maintenant avoué des pensionnats autochtones était d’assimiler les Amérindiens du continent. « La politique derrière ces écoles dirigées par l’Église et subventionnées par le gouvernement était d’assassiner l’Amérindien dans l’enfant », explique Thomas. « L’effet des pensionnats autochtones va continuer de se faire sentir sur plusieurs générations et des engagements à long terme sont nécessaires. »

Le dernier pensionnat a fermé ses portes pas plus tôt qu’en 1996, en Saskatchewan. Plusieurs bâtiments qui accueillaient autrefois toutes les horreurs faites aux autochtones ont maintenant été détruits ou abandonnés. « Dans le cadre de son projet, [Thomas] a récolté les portes d’anciennes écoles résidentielles à travers le pays et a engagé un processus public pendant lequel lui et un groupe de personnes âgées, de survivants et de population générale discutaient pour entamer la réconciliation à travers l’art de perler », explique Steven Loft, coordonnateur de l’Office des Arts autochtones du Conseil des arts du Canada. Trouver les portes avant de les travailler a finalement été un défi : des 140 pensionnats ayant existé au Canada, il n’en restait que dix encore debout au début du projet de Thomas.

Faire de la limonade avec des perles

Une tradition iroquoise renait à travers le travail de Thomas, qui partage avec la communauté le savoir qu’il a appris auprès de sa mère pendant plus de 35 ans. En tout, c’est 42 ateliers qu’il donne dans huit communautés en Ontario et en Saskatchewan. « Avec le travail des billes, on essaie d’essuyer les larmes de nos yeux, de dégager nos oreilles pour mieux entendre, de dégager notre gorge pour pouvoir parler », insiste Thomas. « On utilise les billes pour se guérir et aller de l’avant, dans nos vies personnelles. J’ai eu l’idée qu’il devait y avoir un moyen d’utiliser les billes comme un mécanisme de guérison pour aller de l’avant sur une échelle plus grande, pour que les communautés aussi puissent se guérir. »

Dji Son’h duk (fraises)

Le résultat du travail minutieux et méditatif des perles sur la première porte peut maintenant être observé dans la Galerie du Conseil des arts du Canada. Elle est parsemée de fruits en vigne : « Sur ces panneaux, il y a 140 fraises pour représenter les 140 pensionnats à travers le Canada. C’est un symbole de guérison, de détoxification, de renouveau et d’avancement. Les petites fleurs blanches sont le symbole d’une continuation et d’une nouvelle croissance, pour aider l’esprit des gens à s’élever. » Ainsi, tous peuvent être témoins de l’effort de réconciliation des deux communautés depuis trop longtemps désunies.

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