– Par Aïcha Baria –
Depuis quelques années, l’Université d’Ottawa (U d’O) promeut les échanges interculturels. Le lancement de la 20e édition du programme de parrainage pour le semestre d’hiver, par le bureau international, en est l’exemple typique. Retour sur un dispositif peu connu des étudiants canadiens et pourtant populaire auprès des étudiants internationaux.
S’il y a une question qui trotte dans la tête d’Ashley Gunter depuis quelques semaines, c’est bien : « Qui parraineriez-vous cette année? ». Coordinatrice du programme de parrainage auprès du bureau international de l’Université d’Ottawa, elle ouvre la 20e édition du programme pour le semestre d’hiver, dont la date limite d’inscription est le 30 novembre. Le concept de ce dispositif est basé sur la mise en relation d’un étudiant étranger avec un étudiant résidant et pour qui l’échange culturel permettrait de le rassurer et de l’intégrer. Mais cela « donne aussi l’opportunité aux étudiants canadiens de s’ouvrir à d’autres cultures, de ne pas rester confinés dans leur petite bulle du quotidien », explique Sophie Wauquier, conseillère aux étudiants étrangers. « Rien que la session dernière, ils étaient 300 “locaux”, c’est-à-dire étudiants de l’U d’O,à s’inscrire au programme, pour 400 étudiants internationaux », ajoute MmeGunter. En dix ans, les participants sont passés d’une cinquantaine à 700 étudiants. Une explosion qui s’explique grâce à l’utilisation des nouveaux médias. « Notre groupe Facebook compte 4373 membres, c’est dire l’importance de cet outil pour la diffusion des événements du bureau international et du programme de parrainage », précise Mme Wauquier.
Le bureau doit faire face à un enjeu important, soit celui de recruter un nombre conséquent d’étudiants « locaux » qui ne sont pas au courant du programme par rapport aux étudiants internationaux. Le bureau se base surtout sur une liste de courriels d’étudiants canadiens qui ont eux-mêmes fait un échange international et qui comprennent donc plus les difficultés et les enjeux auxquels font face les étudiants étrangers. Promouvoir la diversité culturelle auprès d’étudiants qui sont déjà sensibilisés à la question, c’est bien. Mais la promouvoir auprès d’un étudiant moyen qui n’a jamais bougé de sa ville, c’est mieux.
Lucie Sagot-Duvauroux explique les démarches d’un parrainé : « En gros, on complète un formulaire avec les centres d’intérets et on se retrouve jumelé à quelqu’un selon ces points communs. Mais le contact direct vient de nous-mêmes par courriel avec la personne qui nous a été affiliée. Pour ma part, ça a marché. Je partage beaucoup de valeurs avec ma buddy, et on s’est investie chacune de notre coté pour renforcer notre amitié ». Marie-Claude, sa marraine, enchaîne : « Je pensais venir en aide à quelqu’un et au final, j’ai découvert une personnalité qui me stimule et qui m’oblige à sortir de mon train-train. Elle me fait découvrir la ville d’un regard neuf et on se voit pratiquement deux fois par semaine avec nos parties de badminton ».
Le cas d’Arthur Robert est moins rose, car son buddy a pris du temps pour lui répondre. « Cela faisait déjà un mois que j’étais à Ottawa, j’avais mes repères et cela m’a démotivé à garder contact ». Nerlyn Marcellus explique que cette démotivation peut venir tout autant des étudiants étrangers que des étudiants de l’U d’O. « Personnellement, je m’entends très bien avec ma buddy, mais je connais une amie dont le parrain s’investissait peu. On ne peut pas prévoir à l’avance la motivation des gens, et l’aménagement de l’emploi du temps ; il faut dire que le rythme d’un étudiant étranger n’est pas le même que celui d’un Canadien. Les attentes aussi. Mais vraiment, je recommande ce programme! ».
Les « jadore, j’adhère » se substituent à la véritable question de l’efficacité du programme de parrainage. Le bilan est mitigé. Ce qui est irréfutable, c’est l’intention noble du dispositif dans le développemement de l’échange culturel au sein de l’Université et le tremplin qu’il connait. Selon Mme Sagot-Duvauroux, ce qui serait bien, « c’est de forcer la rencontre en début de session avec la mise en place d’une fête d’accueil. On pourrait aussi nous transmettre une feuille avec les activités gratuites qu’on pourrait faire par nous-mêmes avec son buddy sur le campus ».
«C’est ensemble qu’on réussira à créer un climat de plus en plus favorable à l’échange culturel. Ce sont d’ailleurs deux Danois en échange qui ont eu l’idée du tournoi international de soccer de l’Université. La rencontre des cultures est une richesse, et il ne tient qu’à nous de saisir cette opportunité », conclut la conseillère des étudiants internationaux. Allez-vous aussi saisir cette occasion?
Pour s’inscrire au programme : http://www.international.uottawa.ca/fr/sortant/echanges/parrainage.html