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Papothé, ou le féminisme intersectionel : Earl Grey au goût d’émancipation

29 février 2016

Par Yasmine Mehdi

Mardi 23 février, 18 h 30. Une après l’autre, des femmes font leur entrée au FSS4004, se saluent chaleureusement et se rassemblent autour d’une petite table sur laquelle se trouvent sachets de thé et bouilloire. Une tasse de thé et un lieu d’échanges pour les femmes de couleur francophones : voilà l’idée proposée par Papothé. La Rotonde s’est lancée à la découverte de ce nouveau groupe féministe.

C’est en 2013 que Marie-Eveline Belinga et Valérie Masumbuko, deux doctorantes à l’Institut des études féministes et de genre de l’Université d’Ottawa, se rendent compte de l’absence d’un lieu pour les femmes racialisées sur le campus.

« Les étudiantes racialisées rencontrent des problèmes spécifiques comme le manque de représentation au sein du corps professoral, [les] curricula qui ne correspondent pas à leurs intérêts ou la violence sexuelle. Nous voulions leur offrir un espace sécuritaire pour pouvoir discuter », a expliqué Belinga.

Belinga et Masumbuko ont présenté leur projet au Centre de ressources des femmes il y a quelques mois. Inquiètes de voir celui-ci refusé à cause de son caractère unisexe, les doctorantes ont été surprises par l’enthousiasme du Centre. « Morissa Ellis [qui a été élue vice-présidente aux affaires d’équité] nous a accueillies à bras ouverts, et nous aimerions en profiter pour la remercier », a souri Masumbuko.

Pour l’instant, le groupe de discussion n’offre que des ateliers, mais son objectif ultime est l’obtention d’une chaire de recherche. « Nous voulons développer un savoir en français en formant des chercheures qui vont écrire en français », a déclaré Masumbuko.

Pour Mariana Merhej, étudiante en sciences sociales qui en était à son premier atelier, Papothé est plus qu’un milieu universitaire : « On a échangé des choses personnelles que je n’aurais dites à personne d’autre. Je me suis sentie comprise et en sécurité, c’est comme une famille », a confié l’étudiante émue.

Vanessa Dorimain, vice-présidente aux affaires d’équité, s’est également réjouie de cette initiative. Elle a commenté : « C’est une victoire immense qui renforce la représentation des femmes francophones de couleur, qui ont accès à moins de ressources que la communauté anglophone. »

Le succès de cet espace sécuritaire relance le débat quant à la pertinence d’un Centre pour les étudiants racialisés, projet que les étudiants ont rejeté à 56 % lors d’un référendum en 2014. La question se pose, surtout lorsque Papothé a démontré que très peu de moyens, en l’occurrence quelques sachets d’Earl Grey, ont suffi pour transformer des inconnues en une communauté soudée.

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