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Palmarès Francopresse : entrevue avec Martin Normand

Eya Ben Nejm
3 février 2023

Crédit visuel : Université d’Ottawa 

Entrevue réalisée par Eya Ben Nejm – Journaliste

Pour conclure l’année 2022, Francopresse publie son palmarès des personnalités influentes de la francophonie canadienne. Parmi ces dix personnes se trouve Martin Normand, directeur de la recherche stratégique et des relations internationales à l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC). Le chercheur s’intéresse aux enjeux des minorités linguistiques et à la place du français dans les études postsecondaires.

La Rotonde (LR) : Parlez-nous brièvement de votre parcours.

Martin Normand (MN) : Depuis février 2021, je suis directeur de la recherche stratégique des relations internationales à l’ACUFC. Avant ça, j’ai fait un baccalauréat et une maîtrise en science politique à l’Université d’Ottawa (U d’O). J’ai aussi un doctorat de l’Université de Montréal. J’étais stagiaire postdoctoral à l’École d’études politiques de l’U d’O. Mes recherches portent principalement sur la question des politiques linguistiques au Canada. Comment contribuent-elles à l’épanouissement des communautés francophones en situation minoritaire ? Comment les groupes se mobilisent-ils pour faire des demandes à l’égard de l’État pour mieux appuyer les politiques linguistiques ?

LR : Qu’est-ce que cela signifie pour vous d’être nommé comme l’une des personnalités francophones influentes du Canada ? 

MN : J’ai trouvé ça très touchant ! J’ai travaillé longtemps pour essayer de décrocher un poste universitaire. C’était ça que je voulais faire. J’ai eu la chance de tomber sur le poste à l’ACUFC, qui me permet d’utiliser les compétences que j’ai acquises au doctorat et durant mes stages postdoctoraux pour mettre ça au profil du milieu postsecondaire et des francophones minoritaires.

Mon parcours est reconnu par mes pairs et ma contribution est reconnue par ma communauté. Ça vient valider mon choix d’avoir rejoint une équipe aussi dynamique que celle de l’ACUFC, où l’on a des moyens pour agir. On travaille sur des enjeux qui sont centraux pour l’avenir des minorités francophones.

LR : Comment vos actions contribuent-elles à améliorer et à défendre les minorités linguistiques ?

MN : J’ai plusieurs chapeaux à l’ACUFC. Ça me mène à faire des contributions dans plusieurs secteurs. Il y a la question de la recherche en français au Canada. Dans les communautés, au sein des fonctions publiques provinciales et fédérales, il y a un besoin de mieux comprendre les communautés francophones.  À travers mon travail, j’essaye de faire reconnaître la valeur ajoutée d’appuyer la recherche en français, qui ne répond pas aux mêmes problèmes qu’en anglais au Canada.

Je travaille aussi sur le volet international. Dans les derniers mois, j’ai beaucoup travaillé sur la question du taux élevé de refus des permis d’études pour les étudiant.e.s internationaux.ales africain.e.s francophones. Les établissements membres de l’ACUFC doivent composer avec ce problème. On travaille avec des ministères fédéraux pour  comprendre la raison du taux si élevé de refus, et trouver des pistes pour améliorer le taux d’acceptation des demandes de permis d’études. Ce sont des gens qui peuvent être intéressés à rester au Canada et à s’installer dans les communautés francophones. Dans certains secteurs, ils vont pouvoir répondre aux pénuries de main-d’œuvre.

LR : Quels sont les enjeux et les intérêts des francophones au Canada ? 

MN : Les communautés sont très préoccupées par l’état du secteur postsecondaire. Devant un enjeu aussi mobilisateur, l’ACUFC joue le rôle de pivot. Nous permettons de faire le lien entre les organismes de la société civile, les établissements et le gouvernement fédéral, pour trouver des façons d’améliorer la situation du secteur postsecondaire. Étant donné notre relation privilégiée avec tous ces acteurs dans l’écosystème postsecondaire, on arrive à trouver des solutions systémiques aux problèmes qui émergent.

LR : Est-ce qu’il y a une diminution des programmes donnés en français au post secondaire ?

MN : On n’a pas encore le nombre exact des programmes offerts en français dans l’ensemble de nos établissements, parce que ça varie beaucoup d’une session à l’autre. Il peut y avoir des microprogrammes. On pense que de façon générale, le nombre de programmes se maintient. Mais ce n’est pas parce que le nombre se maintient qu’il répond nécessairement à tous les besoins qui sont manifestés par les communautés. Par exemple, dans l’ouest, il y a beaucoup moins de programmes en français qu’en Ontario. Il y a encore de grandes lacunes à combler.

LR : Comment promouvoir le français dans le système postsecondaire ? 

MN : Une des possibilités, c’est de faire comprendre le besoin d’avoir des employé.e.s qui maîtrisent la langue et qui peuvent travailler en français sur le marché du travail. De façon générale, les personnes formées contribuent à la société.  Au-delà de ça, il ne faut jamais oublier que le français est une grande langue internationale, parlée sur tous les continents. Il y a tout un facteur de mobilité sociale et internationale qui peut être pris en compte pour faire comprendre à la société canadienne la valeur des établissements postsecondaires qui offrent une formation en français. Leurs diplômé.e.s ont accès à de nouveaux marchés. Ils.elles peuvent travailler au Canada et susciter des liens avec de nouveaux marchés francophones pour les entreprises dans lesquelles ils et elles travaillent.

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